23/11/2017 – 07h10 Rennes (Breizh-info.com) – Ancien strauss-kahnien reconverti dans le macronisme, Florian Bachelier (LREM), député de Rennes Saint-Jacques, est devenu un personnage important de la vie politique nationale depuis qu’il a été élu premier questeur de l’Assemblée nationale – c’est-à-dire intendant du Palais-Bourbon, chargé de gérer le budget (500 millions d’euros) les 130 000 mètres carrés du patrimoine immobilier, le restaurant mais par-dessus tout le régime de retraite et de sécurité sociale du personnel de la maison ainsi que celui des députés. Un job considéré comme pépère.
Mais voici que notre homme s’est mis dans la tête de lancer un train d’économies : « Nous devons d’abord en finir avec des dépenses injustifiables aux yeux des Français (…) Pour redevenir audible, l’Assemblée nationale doit commencer par devenir exemplaire, sur les plans individuel et collectif. » (Journal du dimanche, 5 novembre 2017).
De sévères économies sont prévues dans le programme de Bachelier. Ainsi il reprend à son propre compte une disposition déjà votée dans la loi de moralisation de la vie publique : les 5840 euros mensuels d’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) accordés aux députés ne seront plus versés de droit mais remboursés sur factures (Le Canard enchaîné, 8 novembre 2017). Avec cette IRFM, les députés sont censés, par exemple, payer le loyer de leur permanence et les frais générés par son fonctionnement, ainsi que leur activité dans la circonscription. Autant dire que le député qui travaille peu ou qui pratiquait le cumul des mandats (le maire, le président d’intercommunalité, de département et de région n’avait pas besoin d’un secrétariat extérieur lorsqu’il mettait sa casquette de parlementaire) pouvait mettre l’essentiel de cette enveloppe, qui échappe à l’impôt, dans sa poche. Un complément de revenu, en quelque sorte, alors que l’indemnité de fonction est de 7 185,60 euros bruts. Sans oublier le crédit collaborateur qui atteint 9 561 euros bruts/mois et qui permet de salarier jusqu’à cinq assistants.
En s’attaquant à ce privilège, Bachelier met évidemment le feu au poudre. Un député socialiste, Luc Carvonnas, a donc écrit à François de Rugy, député de Nantes- Orvault et président de l’Assemblée nationale, pour se plaindre du dénommé Bachelier. Il est en effet facile de mettre en évidence les petits privilèges dont bénéficie le premier questeur : « Pour te démontrer que nous pouvons aller toujours plus loin en matière d’économies, je trouve incroyable que le premier questeur ne demande pas, pour le coup, la suppression de ses propres avantages, à savoir chaque mois : 5 000 euros d’indemnités [frais de représentation] de plus que ses collègues députés, voiture avec chauffeur et appartement privé mis à disposition. » (L’Obs, 9 novembre 2017).
Carvonnas aurait pu poser une autre question qui concerne directement Bachelier. Puisque ce dernier propose la réduction d’un tiers du nombre des parlementaires, a-t-il l’intention de monter dans la charrette des sacrifiés lors du prochain renouvellement ? Question d’autant plus pertinente que le premier questeur pourra aisément se recaser professionnellement. Par exemple en réintégrant le cabinet d’avocat « Avoxa associés » (5 allée Ermengarde d’Anjou à Rennes) spécialisé dans le droit des sociétés et dont il est un membre éminent.
B. Morvan
Crédit photo : Ex13/Wikimedia (cc)
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