21/11/2017 – 09h00 Berlin (Breizh-info.com) –Depuis les élections législatives de septembre, la chancelière allemande Angela Merkel n’arrive pas à former un gouvernement. Et cela après deux mois de négociations. Après 12 ans de succès à former des coalitions plus ou moins contre-nature, la chancelière semble aujourd’hui à un tournant de sa carrière politique.
En septembre, sa victoire, trop courte, aux élections législatives la contraignait une nouvelle fois à se chercher des alliés. Ses partenaires sociaux-démocrates du SPD n’ont cette fois-ci pas accepté sa « Groosse Coalition »… pour le plus grand bonheur de ses alliés conservteurs de la CSU, la version bavaroise de la CDU, marqué plus à droite.
Faute de coalition avec le centre gauche… Merkel est donc allée chercher du côté des libéraux. Une formation pas assez importante en effectifs et qui la contraint à chercher un autre allié… et pour cela la chancelière a tenté de séduire les écologistes. Problème : il n’y a aucune cohérence à faire cohabiter les libéraux allemands et les écologistes. S’ils sont tous deux européistes, les uns sont favorables à une forte baisse d’impôts et sont sceptiques face à la politique d’accueil des clandestins quand les autres sont pour un accueil sans limites et des mesures radicales en matière d’écologie. Face à ces contradictions les libéraux ont préféré quitter les négociations.
La constitution allemande ne donne pas d’ultimatum à Angela Merkel pour former son gouvernement mais poursuivre encore un ou deux mois sans majorité pourrait être fatale à la madame rigueur de l’Union Européenne. Réputé rigide en négociation, la chancelière a toujours réussi à s’en sortir jusqu’à présent mais aujourd’hui elle semble payer sa politique d’asile des années 2015 et 2016 et sa marche forcée vers le regroupement familial. En septembre Angela Merkel était arrivée en tête aux élections législatives avec le pire score d’une majorité en Allemagne depuis 1949 et organiser un nouveau scrutin début 2018 pourrait s’avérer très dangereux.
A la faveur de la Constitution allemande, la chancelière devrait être réélue grâce à une majorité relative. Une élection qui permettrait en théorie au président Franck-Walter Steinmeier de provoquer un nouveau scrutin législatif. Mais le président fédéral sait qu’un tel scrutin serait essentiellement favorable aux nationalistes libéraux de l’AFD et devrait donc s’abstenir de convoquer les électeurs.
Le cas d’un scrutin début 2018 n’assurerait en outre aucunement à Merkel d’être une nouvelle fois portée à la tête de la CDU. Critiquée en interne, essentiellement par la branche bavaroise du mouvement pour sa politique migratoire, la chancelière pourrait tout bonnement devoir mettre fin à sa carrière politique.
Les élections fédérales de septembre ont vu émerger de nouvelles forces avec les nationalistes libéraux de l’AFD et les partis traditionnels ont perdu du terrain. Et si la question migratoire inquiète, d’autres débats reviennent régulièrement comme les politiques de soutien des ex régions de RDA, 30 ans après la réunification du pays.
Pour l’instant Merkel reste en place. Elle gère les affaires courantes et va devoir mettre un peu plus d’eau dans son vin pour tenter de séduire à nouveau les sociaux-démocrates. Seule solution pour la chancelière : revoir sa ligne politique ce qui reviendrait à miser un peu plus au centre gauche pour séduire les sociaux-démocrates avec qui elle gouverne depuis 2013.
Et pour cela elle dispose d’une arme : menacer le SPD d’organiser de nouvelles élections, des élections qui risquent d’affaiblir un peu plus le centre gauche et de faire monter les nationalistes de l’AFD. Il ne reste donc plus que le chantage à l’extrême droite à la chancelière pour préserver sa place…
Crédit photo wikimedia commons (cc)
Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.