De Mélenchon à Ardisson : Raquel Garrido ou le spectacle en politique

Elle est apparue sur la scène médiatique au début de cette année 2017. Alors que Jean-Luc Mélenchon montait progressivement dans les sondages précédant l’élection présidentielle du mois d’avril. Raquel Garrido, à l’instar de son compagnon Alexis Corbière ou de Danièle Obono, faisait partie des lieutenants du patron de la France insoumise. Quelques mois et une défaite électorale plus tard, Garrido prend la tangente. Et quitte la politique pour la télévision.

Feu de paille politique

Née au Chili, Raquel Garrido, avocate de profession, aura donc connu une carrière politique particulièrement brève. Du moins, celle connue du grand public. Car la femme d’Alexis Corbière fut une militante de longue date.

Cartée au Parti socialiste de 1993 à 2008, elle dirigera l’association Pour la République sociale. De plus, elle est co-fonde aussi le Parti de gauche en 2008 avant de le quitter en 2015. Elle affrontera une première fois les suffrages en 2012 lors des élections législatives. Elle est alors candidate pour le Front de gauche, formation de l’époque de Jean-Luc Mélenchon.

Par ailleurs, inscrite au barreau de Paris depuis 2011, Raquel Garrido plaidera pour Jean-Luc Mélenchon dans plusieurs affaires. Elle prendra également la défense de sa fille, Maryline Mélenchon.

Mais c’est bien en cette année 2017, tandis qu’elle est porte-parole de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise, qu’elle devient une personnalité médiatique. Un théâtre auquel elle prend goût. Au point de se retrouver embauchée comme chroniqueuse sur la chaîne de télévision C8. Qui est la propriété du très anticapitaliste breton Vincent Bolloré.

Chant des sirènes médiatiques

C’est ainsi qu’au mois de septembre dernier Raquel Garrido intègre l’émission de Thierry Ardisson, Les Terriens du dimanche. Ce qui fait grincer des dents au sein de la France insoumise.

Face aux persiflages de tous bords sur cette nouvelle vie peu en accord avec des « convictions de gauche », l’avocate décide de quitter son poste de porte-parole du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Et quitte même le mouvement lui-même. Peut-être une intuition sur l’avenir incertain des formations politiques classiques ?

Toujours est-il que la boucle s’est définitivement bouclée le 12 novembre dernier. Dans un entretien au Journal du dimanche, Raquel Garrido a annoncé mettre un terme à sa carrière politique. Une décision qu’elle justifie par la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de comptabiliser ses passages à l’antenne comme du temps de parole pour la France insoumise. Information rapidement nuancée par l’institution.

Garrido, l’avocate en HLM

Une affaire de cotisations sociales et professionnelles impayées avait déjà fait naître la suspicion sur la probité de la chroniqueuse. Mais c’est le logement social appartenant à la ville de Paris et qu’elle occupe avec Alexis Corbière et leurs trois enfants qui a fait déborder le vase.

La révélation a lieu au mois d’octobre, et éloigne encore un peu plus Raquel Garrido des rangs de la France insoumise. Le couple s’engage alors à quitter les lieux sans donner de justification claire sur leur obtention de cet appartement classé HLM.

Quitter le navire à temps

Son retrait de la vie politique a donc des conséquences immédiates : l’avocate mélenchonienne sera absente de la convention de la France insoumise qui se tient à la fin de ce mois de novembre. Et ne présentera pas sa candidature aux élections européennes de 2019. Voilà qui ne devrait pas contribuer à remonter le moral de Jean-Luc Mélenchon, en proie au pessimisme depuis l’échec des mobilisations contre les réformes Macron de la rentrée.

Mais le départ de Raquel Garrido, aussi anecdotique soit-il, est surtout un marqueur. Un marqueur de notre temps qui montre que la télévision et les sirènes médiatiques sont davantage séduisantes et rémunératrices qu’un engagement politique à long terme. Même le « métier » de député ne fait plus rêver quand les plateaux, les projecteurs et les buzz à bon compte vous tendent les bras.

À croire que les critiques répétées de son ancien patron Jean-Luc Mélenchon contre la télévision et la machine médiatique n’étaient audibles que jusqu’à un certain point. Et, même si pour le tribun de LFI, « tout est politique », l’argent et la vanité sont capables de transcender les clivages. La preuve en est faite par Raquel Garrido.

Crédit photo : Flickr
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