10/11/2017 – 08h00 Édimbourg (Breizh-Info.com) – Tous les spécialistes de l’intelligence humaine vous le diront : le QI est un excellent indicateur des capacités cognitives d’un individu. Augmenter le QI a donc été un objectif de nombreux chercheurs et gouvernements. Jusqu’ici, aucun gain durable de QI n’avait été observé. Mais une nouvelle étude – pas encore publiée dans une revue scientifique – veut prouver que les gains de QI par l’éducation peuvent être durables. Décryptage.
Une nouvelle étude estime que l’éducation augmente durablement le QI
Stuart J. Ritchie, de l’université Édimbourg et Elliot M. Tucker-Drob, de l’université du Texas sont deux chercheurs spécialisés dans l’intelligence humaine. Le 7 novembre dernier, ils ont révélé une méta-analyse (analyse et synthèse de plusieurs études) au titre évocateur : « A quel point l’éducation améliore-t-elle l’intelligence ? »
Réunissant 28 études différentes, portant sur près de 616 000 individus, les deux chercheurs ont cherché à comprendre l’impact d’une année d’éducation sur le QI d’un individu. Et les chercheurs semblent formels : « Nous avons découvert des preuves très claires quant au lien entre durée de l’éducation et résultats des tests de QI. » Et quel serait l’effet d’une année supplémentaire d’éducation sur un individu ? « Approximativement 1 à 5 points de QI supplémentaires » selon eux.
Des limites sérieuses
Mais cette étude recèle plusieurs faiblesses qui pourraient bien lui être fatales. En effet, de nombreuses études non-publiées dans des revues à comité de lecture ont été utilisées par les deux chercheurs.
En outre, il faut noter que cette étude est également parue avant d’être publiée dans une revue spécialisée.
Les auteurs, eux-mêmes, n’hésitent pas à exposer longuement les faiblesses de certaines études utilisées.
Enfin, de très nombreux contre-exemples semblent démontrer que l’amélioration durable du QI est une lubie. Le site Analyse Economique répertorie ainsi les multiples échecs de toutes les tentatives en ce sens. Passé un certain temps après la fin de la stimulation de QI, le gain cognitif se dissipe presque totalement. Ce constat est aussi celui des auteurs de The Bell Curve qui reviennent eux aussi sur toutes les tentatives manquées.
Connaissant bien ces études, les auteurs essayent d’expliquer cette incongruité à leur manière : « Pourquoi les effets [de l’augmentation de la durée de l’éducation] sont toujours apparents par la suite alors que les effets d’interventions éducatives ciblées durant l’enfance ont tendance à s’évanouir à l’âge adulte ? Une possibilité intrigante est que, au contraire des interventions ciblées, l’augmentation de la durée des études a une influence durable sur une variété de processus sociaux en découlant, permettant de maintenir les bénéfices cognitifs initiaux. »
Cette étude, aussi intéressante que frustrante – pourquoi avoir utilisé des données attaquables et quid de l’effet de plusieurs années d’éducation ? – sera certainement bientôt disséquée par les spécialistes de l’intelligence humaine. Nous ne manquerons pas d’y revenir.
Pour aller plus loin, sur l’intelligence humaine :
Sciences. 536 gènes liés à l’intelligence découverts, une percée majeure
Les enfants réfugiés sud-soudanais auraient un QI extrêmement faible
Taille du cerveau et intelligence seraient fortement liées
Sciences. Quarante gènes de l’intelligence découverts
Baisse du QI moyen en France : l’influence de l’immigration ?
[20 an après] The Bell Curve : Le QI moyen diffère entre les groupes ethniques
Danemark. Les conscrits extra-européens ont un QI inférieur à celui des conscrits européens
Emil Kirkegaard : « Le quotient intellectuel mondial est à peu près de 85 » [Entretien]
Crédit photo : Allan Ajifo [CC BY 2.0]
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2 réponses à “Le QI peut-il être augmenté par l’éducation ? Une étude relance le débat”
La question de Ritchie et Tucker-Drob se présente tout différemment si on la pose dans l’autre sens : à quel point un QI plus élevé conduit-il à étudier plus longuement ? Les deux jeunes auteurs en sont conscients et prétendent dans leur discussion avoir écarté cette hypothèse en croisant trois types d’analyses. Il faudra voir si leurs confrères considèrent cette revendication comme valable. Par nature, les méta-analyses ont souvent tendance à mélanger les pommes et les oranges et à forcer un peu le tableau pour parvenir à valider leurs hypothèses. C’est le cas de celle-ci, qui révèle plutôt une grande dispersion des résultats et cherche à en tirer une « moyenne ».
Il me semble que lorsqu’on parle « d’éducation » pour un individu il faut tenir compte du départ de celle-ci (dès la naissance … puis sur le développement du cerveau …) par la mère et le père et le « milieu social » de tous groupements humains …
A ce sujet on pourra lire avec intérêt le petit livre récent de Wafa Sultan, psychiatre américaine d’origine syrienne, : « L’islam, fabrique de déséquilibrés ».