07/11/2017 – 06h00 Berlin (Breizh-info.com) – C’est un chiffre qui fait grincer des dents dans le pays d’Angela Merkel. Le montant des prestations sociales versées en Allemagne aux demandeurs d’asile au titre de l’année 2016 s’élève à 9,23 milliards d’euros.
Il faut souligner au passage que les coûts à partir de 2015, année des premières arrivées massives de migrants, n’ont pas été comptabilisés avant 2016. Un « oubli » qui ne manquerait pas d’entraîner une révision à la hausse de ces 9,23 milliards d’euros s’ils étaient pris en compte : selon les différentes sources, ce sont entre 1 et 1,5 millions de demandeurs d’asiles qui sont arrivés en Allemagne en 2015.
Réactions dans la classe politique
Le montant résulte d’une enquête menée par l’Office fédéral de la statistique sur la loi sur les prestations pour les demandeurs d’asile. Face à la polémique suscitée par ces chiffres que le quotidien allemand Bild a révélé le 31 octobre, les réactions politiques se sont succédées ces derniers jours.
Du côté des partis hostiles à l’immigration, on réclame des mesures plus sévères contre les demandeurs d’asile déboutés qui retardent ou empêchent délibérément leur expulsion. Une première étape vers la réduction des coûts.
Quant au ministre de l’Intérieur Markus Ulbig (CDU), il a déclaré au journal Bild : « Je considère le versement automatique d’argent de poche aux personnes obligées de quitter le pays comme une fausse incitation ! ».
Puis le ministre a poursuivi sur la nécessité pour les réfugiés de prouver leur impossibilité de quitter l’Allemagne : « Ceux qui ne quittent pas notre pays doivent activement démontrer pourquoi ils ne peuvent pas le faire. Les autorités décideront alors de la poursuite du versement des prestations sociales. »
Dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le ministre de l’intégration de la région, Joachim Stamp (Parti libéral-démocrate), a déclaré qu’un cadre réglementaire plus strict serait demandé. Mais il a également affirmé que son parti (FDP) veut créer « de meilleures perspectives pour que des personnes bien intégrées puissent rester dans le pays ».
Prestations en natures et restrictions ?
Tandis qu’Angela Merkel est toujours perçue dans son pays comme une promotrice de l’accueil des migrants, d’autres membres de son parti se montrent plus prudents. C’est notamment le cas de Lorenz Caffier, le ministre de l’Intérieur du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Ce dernier a fait remarquer qu’il est déjà possible de réduire les prestations sociales en cas de mauvaise conduite de la part des demandeurs d’asile déboutés.
De son côté, Joachim Herrmann, ministre bavarois de l’Intérieur, s’est prononcé en faveur de règles plus strictes. Il a exigé que les demandeurs d’asile concernés ne reçoivent que des prestations en nature. Il est par ailleurs membre de la CSU (Union chrétienne-sociale en Bavière).
Après l’épisode des élections législatives au mois de septembre dernier qui a vu l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) entrer au Bundestag, la question migratoire est prise très au sérieux. Au point de voir les anciens promoteurs de l’accueil sans restriction des migrants effectuer des virages à droite. Pour ne pas dire des pirouettes.
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