06/11/2017 – 06h45 Rennes (Breizh-info.com) – Situation inconfortable pour Nathalie Appéré (PS), maire de Rennes. Au second tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron fait un carton dans sa ville : 69 632 voix (88,39%), contre seulement 9 143 suffrages (11,61%) pour Marine Le Pen. L’autre métropole bretonne, Nantes, connaît la même situation : 109 642 voix (86,52%) pour Emmanuel Macron et 17 081 suffrages (13,48%) pour Marine Le Pen.
Nul besoin de lancer une enquête sociologique approfondie pour comprendre la signification de pareils scores ; dans ces deux métropoles, les classes supérieures et moyennes (bourgeoisie de gauche et de droite) apparaissent surreprésentées, tandis que les classes populaires sont devenues minoritaires. Sans oublier le renfort apporté par les populations d’origine étrangère, particulièrement nombreuses à Nantes et à Rennes, au candidat du système qui, évidemment, s’empressera de faire de la « lutte contre toutes les discriminations » l’un de ses chevaux de bataille.
Un mois plus tard, les marcheurs (Mustapha Laabib, Laurence Maillart-Méhaignerie, François André et Florian Bachelier) raflent les quatre circonscriptions rennaises. On comprend que Nathalie Appéré soit « sonnée » et manifeste quelques inquiétudes pour les élections municipales de 2020.
En attendant, elle ambitionne de « reconstruire la vieille maison » (sic). Vaste programme ! « Totalement en décalage » avec la « pratique du pouvoir » utilisée par le « Président », madame Appéré se veut « en opposition ». Mais attention ! Pas n’importe quelle opposition ; une opposition qui reste dans la bienséance, c’est-à-dire « une opposition qui propose, qui construit » (Libération, 23 octobre 2017). A droite, on appelle celles et ceux qui pratiquent ce sport les « constructifs » !
Bien entendu, pendant le règne de François Hollande, elle a souffert. D’abord avec « les reniements qui ont pesé très lourd, comme l’abandon du droit de vote aux étrangers aux élections locales ». Ensuite avec la déchéance de nationalité : « Après trois mois de débats très durs, j’ai finalement voté l’article sur la déchéance… Le soir, je suis rentré chez moi et j’ai pleuré. »
Son positionnement actuel : « Je suis socialiste ». Un vrai socialiste commencerait par préconiser la nationalisation des banques, des assurances et des entreprises stratégiques. Rien de cela avec Nathalie Appéré, son « socialisme » est du genre « soft », soucieux de ne pas déplaire au Grand Capital ; « la fidélité aux engagements, la loyauté, le respect de la parole donnée… » suffisent à son bonheur.
Un grand motif de satisfaction pour madame Appéré : « Rennes gagne 1500 habitants chaque année, soit 400 enfants de plus dans nos écoles » » (Libération, 23 octobre 2017). Bien entendu, elle oublie de préciser quel est le pourcentage d’étrangers, d’immigrés et de migrants dans ces 1500.
Agiter la question identitaire serait une façon « d’y perdre notre ouverture d’esprit » ! Car le maire de Rennes est opposé à la réunification de la Bretagne « parce que cette revendication s’appuie sur une approche culturelle et identitaire qui me gêne. Je ne crois pas qu’il faille fonder une réforme administrative sur des faits historiques » (L’Express, 8 octobre 2014).
« On rénove le logiciel, on change la façon de militer, les discours, les visages », poursuit-elle (Libération, 23 octobre 2017). En ce qui concerne le changement de « visages », qu’elle se rassure, Florian Bachelier, leader des marcheurs rennais, a bien l’intention de s’y coller sérieusement à l’occasion des élections municipales de 2020.
Bernard Morvan
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Une réponse à “Nathalie Appéré (PS), une « socialiste » qui pleure”
Expliquer l’importance du vote Macron et la faiblesse du vote Le Pen par la proportion respective des « classes supérieures » et des « classes populaires », c’est rester fidèle à une sociologie politique marxisante beaucoup trop simpliste et dépassée ! En réalité, Macron a obtenu des scores élevés un peu partout en Bretagne et pas seulement à Rennes et Nantes. Au niveau national, les villes ont souvent voté pour lui plus que les campagnes… mais pas à Lyon, Marseille, Lille, Nice ou Montpellier, excusez du peu ! C’est donc que d’autres phénomènes sont à l’oeuvre. On peut notamment se demander si le vote Macron n’est pas l’avatar le plus récent d’un vieux courant conformiste qui fait que la Bretagne (et tout le massif armoricain en réalité) vote avec un temps de retard pour le courant majoritaire en France quelques années plus tôt : le MRP, le gaullisme, le socialisme de l’union de la gauche puis le socialisme techno…