Stade Rennais. Allo François Pinault, ça fait 20 ans qu’on attend Bilbao ! [Tribune libre]

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Le Stade Rennais fait un début de saison catastrophique, tout le monde en convient. Mais pour les supporteurs rennais, cela fait plusieurs décennies que les déceptions s’accumulent, sans que rien ne se passe au sein de la direction du club.

Coupes perdues, désillusions en championnat, éliminations prématurées en Coupe d’Europe, le Stade Rennais, c’est clairement un club qu’on se fait c… à supporter depuis toutes ces années. Pour y croire malgré tout, à chaque début de saison, pour espérer un changement.

Depuis quelques jours, après la défaite à Guingamp (avec un arbitrage scandaleux) c’est la ruée ; il faut trouver un coupable. Sus à Ruello, Sus à Gourcuff ! On va changer de président, d’entraineur, et puis on va en prendre des nouveaux, et puis….rien ne changera. Pourquoi ? Parce que le problème, c’est la famille Pinault, qui gère le club depuis 1998.

C’est l’histoire d’un homme qui avait promis de faire de son équipe le fleuron du football breton. Qui avait promis de lui donner une identité, une âme. Il annonçait dans le journal « foot de l’Ouest » à l’époque vouloir faire du SRFC une sorte d’Athlétic Bilbao, c’est à dire une équipe de Bretagne de football, composé de joueurs bretons, concernés par leur équipe, par leurs supporteurs, par le peuple qui s’unissait derrière.

Aujourd’hui, vingt années ont passé, et on attend toujours. Les recrutements sont partagés entre l’Afrique, la banlieue parisienne, l’Europe. Cela fait des années que cette équipe ne ressemble pas à grand chose. Les joueurs bretons et fiers de revendiquer cette identité se comptent sur les doigts d’une main, et parfois même lors de certains matchs ne se comptent pas du tout.

Heureusement que les supporteurs les plus ultras du Roazhon Park sont là pour rappeler que le SRFC est un des clubs phares de la Bretagne ; et ce ne sont pas les campagnes de communication du club, une galette saucisse par là et un Gwen ha du par ci, qui feront oublier que sur le terrain, il n y a pas d’âme, c’est un train fantôme ! On en vient presque à regretter l’ère des André, Denis, Delamontagne, Carteron et consorts. Des joueurs qui ne valaient pas un Ronaldo, mais qui se battaient comme des morts de faim pour un maillot et une identité.

Comment voulez vous donner une âme à une équipe que l’on compose avec des mercenaires, ou avec des jeunes que l’on recrute en banlieue, qu’on amène dans un excellent centre de formation, et qui s’en vont aussitôt leur carrière lancée ? Combien de gamins aimeraient avoir leur chance, eux qui jouent et qui brillent sur les terrains de Ploubalay (on pense à William Stanger à l’époque), de St-Malo, de La Gacilly ou de la campagne vitréenne ?

Mais non, il est plus facile pour des recruteurs de persister à aller voir hors de Bretagne. A chercher du physique plutôt que de l’intelligence de jeu. Et pour les dirigeants à valider les choix qui, années après années, se révèlent être des échecs.

Certains annoncent que la famille Pinault – une des plus grandes fortunes de France – se tournerait désormais vers des investisseurs chinois pour reprendre le club ! La honte ! Quel symbole ! Des milliardaires bretons qui seraient obligés d’aller mendier aux Chinois pour pallier leur échec. Jusqu’à la nausée qu’on vous dit !

Quoi qu’il en soit, quoi qu’il arrive, le Stade Rennais FC ne sera jamais un grand club, si ses dirigeants refusent de lui donner une identité réelle sur le terrain.

C’est encore une fois d’une identité et d’un projet collectif régional dont ce club a besoin, pas de millions ou de milliards qui, s’ils permettront sans doute de fabriquer une équipe de mercenaires sur mesure comme le PSG, ne réconcilieront plus jamais les supporteurs historiques avec un club qui a perdu son âme.

Julien Dir

Crédit photo : DR
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