La Bretagne attise les convoitises pour la richesse de son sous-sol. Depuis quelques années, plusieurs permis de prospection ont été déposés par des sociétés privées afin d’extraire des matières premières. C’est notamment le cas dans la petite commune de Lopérec, village du Finistère situé au cœur des Monts d’Arrée.
Un sous-sol qui vaut de l’or
Si Lopérec intéresse les prospecteurs, c’est en raison d’un gisement d’or dans son sous-sol.
Ainsi, SGZ France et SUDMINE, deux sociétés minières, avaient fait une demande de PERM (Permis Exclusif de Recherches de Mines) à la fin de l’année dernière. Une consultation publique via internet avait, du 5 au 23 décembre 2016, sollicité l’avis de la population sur cette réclamation de permis. Cette demande intitulée « Permis Lopérec 2 » concernait l’exploration d’un périmètre de 3,5 km² sur les territoires des communes de Pleyben et Lopérec.
L’or et des substances proches motivaient donc les appétits des investisseurs. Ces derniers annonçaient par ailleurs un engagement financier de 358 000 euros sur 3 ans.
En réaction, une association d’opposants au projet dénommée Diwall ! Mines s’était rapidement constituée dans les premiers jours de 2017. Présidée par Robert Moreau, son but est donc d’empêcher SGZ France et SUDMINE de commencer leurs prospections. Les deux sociétés ont notamment déposé leur PERM avant même d’avoir l’autorisation d’exploitation.
Silence radio des municipalités
Un peu moins d’un an après la consultation publique, très peu d’informations circulent sur l’évolution de la situation concernant le dossier des PERM. Dans une communication interne de l’association Diwall ! Mines, son président Robert Moreau fait le point.
Au niveau politique, les communes de Lopérec et Brasparts maintiennent leur avis défavorable au projet. Chez les voisins de Pleyben, Pont de Buis et Saint-Ségal, c’est le silence radio. Depuis le début d’année 2017, les conseils municipaux de ces trois communes n’auraient même jamais évoqué le sujet du « Permis Lopérec 2 ». Un mutisme confirmé par les agents d’accueil des mairies de Pleyben et Pont de Buis qui n’auraient même jamais entendu parler des futures recherches sur leur communes.
Richard Ferrand ambigu
Robert Moreau rapporte également son entretien avec Richard Ferrand, le député LREM de la circonscription. Qui aurait tenu un discours pour le moins alambiqué. Richard Ferrand aurait, d’une part, assuré au président de Diwall Mines ! que le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot pourrait détenir la solution. En effet, l’ancien présentateur d’Ushuaïa, sous la pression des diverses associations d’opposants aux projets miniers, voudrait rédiger un futur code minier. Ceci afin de permettre une plus grande concertation du public et des associations.
Mais, bémol pour les opposants, il ne s’agit là que d’un vœu de Nicolas Hulot seul, et non une mesure en passe d’être appliquée. Ce qui laisse à SUDMINE et SGZ France le temps de jouer la montre.
Quant à son point de vue en tant que député local, Richard Ferrand a fait part d’une certaine réticence au projet tout en faisant comprendre à Robert Moreau que les ressources françaises devaient être utilisées à bon escient. Une absence de clarté décisionnelle qui semble en cours dans la famille politique d’Emmanuel Macron.
Le Parc d’Armorique potentiellement favorable
Dans son compte-rendu, Robert Moreau raconte également sa visite au siège du Parc naturel régional D’Armorique, organisme qui veille sur une vaste zone protégée au cœur du Finistère. Et qui est concerné directement par ces projets miniers. C’est au bout de sa quatrième visite que le président de Diwall ! Mines a pu enfin être reçu. Il s’est alors entretenu avec trois personnes majeures du Parc : la présidente Françoise Péron, le directeur du patrimoine naturel Jérémie Bourdoulous et le directeur général des services Jean-Jacques Barreau.
Il faut rappeler que le Parc naturel régional d’Armorique avait, dès 2015, donné un avis favorable pour le projet SUDMINE, non sans avoir émis des réserves.
De cette rencontre, Robert Moreau retient surtout la volonté des responsables du parc naturel de surveiller de près le dossier. Un dossier qui doit se conformer aux différentes normes environnementales existantes et dont le Parc d’Armorique est l’un des garants.
Préfecture et Conseil général : l’indifférence
Poursuivant son récit, le président de Diwall ! Mines évoque son entrevue à la préfecture du Finistère avec le responsable des installations classées. Celui-ci lui a simplement proposé de consulter sur place les deux dossiers de demande de PERM, d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur chacun. Autant dire que le sujet est complexe.
De façon plus générale, la préfecture ne prend pas réellement position sur le dossier, appliquant simplement son rôle de représentante de l’État dans le Finistère.
Du côté du Conseil départemental, Robert Moreau n’a reçu aucune réponse malgré ses nombreux mails et visites sur place, à Quimper. La commission de l’environnement, l’organisme dédié du département, ne semble pas s’intéresser au sujet.
C’est donc le flou total dans le camp des opposants. Ils espèrent que les choses évolueront favorablement avant la première assemblée générale de Diwall ! Mines qui se tiendra en janvier 2018.
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