17/10/2017 – 07h00 Paris (Breizh-Info.com) Une enquête IFOP commandée par la fondation Jean Jaurès, proche du PS et la fondation Friedrich-Ebert Stiftung vient de paraître au sujet des migrants et de la crise migratoire.
Depuis plusieurs années, l’IFOP posait tous les deux ans les mêmes questions à un panel représentatif sur le sujet, de façon à pouvoir mesurer l’évolution de l’opinion. Cependant cette année les deux fondations ont fait rajouter des questions pour dégager des pistes permettant l’intégration desdits migrants. Le panel compte 1002 personnes en France et les questions ont été posées en ligne du 3 au 4 octobre 2017.
Si en 2015 26% des personnes interrogées pensaient que les migrants – qui faisaient alors la Une de tous les médias – allaient continuer à arriver pendant « un an ou deux » et 38% sur trois ans et plus, en septembre 2017 ils sont 56% à penser qu’ils vont continuer à arriver pendant une durée supérieure à 4 ans et 11% pendant trois ou quatre ans. 60% des français interrogés pensent qu’ils feront leur vie durablement en France, une proportion qui n’a guère varié depuis 2015(61%).
Si en Syrie près de 600.000 déplacés ou réfugiés dans les pays voisins (Turquie, Liban, Jordanie) ont pu rentrer chez eux alors que l’armée gouvernementale libérait la plus grande partie du territoire, en France, le refus par l’Etat d’exécuter les décisions d’éloignement et la volonté étatique délibérée de créer de plus en plus de places dans les structures d’accueil pour les migrants ancrent l’immigration de masse en France.
L’intégration des migrants n’est pas acquise pour la majorité des français interrogés
Or, cette intégration des migrants est plus que compromise. Au sujet des immigrés anciens, ceux qui vivent maintenant dans des quartiers sensibles ou se sont disséminés sur l’ensemble du territoire, sept interrogés sur dix (71%) estiment qu’ils se sont mal intégrés, et seuls 3% trouvent qu’ils se sont tout à fait intégrés. La proportion n’a pas changé en 2017 par rapport à 2015. Concernant les migrants qui arrivent, 50% du panel considère qu’ils ne font pas d’efforts pour s’intégrer à la société française et seuls 22% ont une opinion inverse.
Par ailleurs 55% du panel considère que « accueillir des migrants supplémentaires n’est pas possible », 43% que les migrants sont prioritaires en matière d’aides, logements ou utilisation des services publics – sur cette dernière affirmation, 59% des membres du panel qui sont travailleurs indépendants sont d’accord, contre 26% des cadres.
Parmi les pistes d’intégration avancées, 44% des interrogés jugent urgente la mise en place de dispositifs efficaces d’apprentissage pour les Français, 42% à des dispositifs pour qu’ils se familiarisent à notre culture, et seuls 23% à la reconnaissance du diplôme d’origine. Cette question révèle les fractures françaises : 48% des ouvriers interrogés et 46% des artisans craignent que les immigrés ne leur prennent leur travail, et un tiers du panel (32%) pense que les français ont plus de mal à trouver du travail à cause des migrants. En France, le halo du chômage, ce sont 6.366.700 personnes inscrites dans les catégories A à E, et hors des élites claquemurées dans leurs métropoles, plus personne ne peut être assuré de ne pas devenir chômeur un jour.
Droitisation et fractures françaises bien visibles
Les fractures françaises ressortent aussi clairement parmi ceux qui pensent qu’accueillir des migrants n’est plus possible. Au sein du panel, 67% des travailleurs indépendants le pensent, ainsi que 61% des employés et 69% des ouvriers… mais seulement 49% des salariés du secteur public et 36% des cadres et ingénieurs. Il y a de fortes disparités régionales : 61% des interrogés du sud-est le pensent, mais seulement 52% de ceux qui vivent au nord-ouest de la France. Et communales : 61% des interrogés qui habitent des communes rurales le pensent, contre… 48% dans les gros villages et les villes moyennes, de 2 à 20.000 habitants. La proportion remonte dans les agglomérations inférieures à 100.000 habitants (58%) et supérieures (57%), pour s’effondrer dans l’agglomération parisienne (49%).
La droitisation de la société se confirme – même s’il ne faut pas oublier que c’est une fondation proche du PS qui a commandé l’étude. Si seuls 31% des interrogés Insoumis, 30% au PS et 21% chez EELV sont défavorables à l’accueil de migrants supplémentaires, ils sont 44% parmi les sympathisants de LREM dans le panel, 58% à l’UDI, 73% chez les Républicains – le juppéiste Maël de Calan a du souci à se faire – 85% au FN et 91% chez Debout la France. On retrouve cette droitisation pour l’appréciation de la priorité des migrants pour les aides, logements et services publics : 54% des membres du panel proches des Républicains, 67% au FN et 80% chez Debout la France sont d’accord avec cette affirmation contre 34% chez LREM, 28% au PS, 22% au Modem et chez les Verts.
Seuls 38% des interrogés sont d’accord avec le fait que c’est « le devoir de la France d’accueillir les migrants qui fuient la guerre et la misère », un argument-massue de l’acceptation totale de l’immigration économique asséné régulièrement par la gauche et le système médiatique. Panique à gauche : cette proportion est presque égale à ceux qui ne sont pas d’accord (35%). Les disparités sociales s’y retrouvent encore : 47% des travailleurs indépendants du panel ne sont pas d’accord, comme 40% d’employés et 48% d’ouvriers (contre 20% qui sont d’accord), tandis que 53% des cadres et 42% des retraités eux sont d’accord avec ce « devoir » douteux.
Pour le coup, le clivage droite-gauche est bien visible, et cette fois LREM est à gauche : 61% des Insoumis, des Verts et des sympathisants Modem du panel, 68% des socialistes et 56% des « marcheurs » sont d’accord avec ce « devoir », contre seulement 36% au sein de l’UDI, 26% chez les Républicains, 11% chez Debout la France et 8% au FN.
Idem et encore, on retrouve les disparités sociales lors de l’appréciation de la difficulté croissante de trouver du travail à cause des migrants : 46% des travailleurs indépendants du panel, 48% des ouvriers, 37% des indépendants et 40% des habitants des communes rurales croient qu’il leur est plus difficile de trouver du travail à cause des migrants, tandis que seuls 30% des retraités, 23% des habitants de l’Ile-de-France et 17% des cadres les rejoignent dans cette idée.
Les arguments pro-migrants ne prennent pas dans l’opinion
Un autre argument-massue de l’immigration-invasion est mal en point : celui selon lequel les migrants font le travail que les français ne veulent pas faire en étant moins payés. Seuls 27% des interrogés sont d’accord, et là encore les divisions sociales et spatiales se retrouvent. Dans le panel, 47% des travailleurs indépendants, 48% des ouvriers, 44% des salariés du secteur privé et 40% des habitants des communes rurales ne sont pas d’accord avec cela. Un quart du panel (25%) seulement est d’accord avec l’idée de trier les migrants, en priorisant ceux qui ont de meilleurs diplômes et une meilleure éducation. Dans les deux cas, les à priori politiques et sociaux jouent : ceux qui sont opposés à la migration et ceux qui sont pour l’ouverture inconditionnelle des vannes se rejoignent dans l’opposition aux deux affirmations.
La gauche islamophile peut continuer à trembler. Malgré le matraquage médiatique constant, ce ne sont pas les arguments des difficultés économiques et des « ghettos urbains » qui expliquent, pour les interrogés, pourquoi les migrants ne s’intègrent pas. Mais leur « refus de s’intégrer à la société française » (46%) ainsi que leurs « fortes différences culturelles et leur pratique de la religion », pour ne pas dire l’islam (45%). Le « racisme et le manque d’ouverture de certains français » n’est une raison suffisante que pour 15% du panel (mais 34% des étudiants, la propagande dans les facs marche encore partiellement et 36% des Insoumis), le manque de moyens publics pour l’intégration… pour 3% seulement. Ce refus de s’intégrer à la société française est pointé par 59% de membres du panel qui sont travailleurs indépendants, 56% des ouvriers, 49% des indépendants et 48% des provinciaux.
Les migrants plutôt reliés à l’insécurité, à l’islam et aux problèmes
L’enquête s’intéresse aussi aux associations d’idées que provoque le mot « migrants ». Au sein du panel, 40% le relient à l’insécurité, la délinquance, 35% à la notion de problème, 22% à l’islam, 20 % au terrorisme, 15% au chômage, 12% au viol… mais seuls 9% à l’enrichissement culturel, 7% à l’opportunité économique, 4% à la chance… soit autant qu’aux maladies.
Le détail permet de constater que ce sont les cadres et assimilés qui ont les associations d’idées les plus positives par rapport aux migrants, ainsi que les sympathisants de gauche… sauf pour l’opportunité économique qui cartonne au sein des sympathisants UDI (droite libérale et progressiste) avec 18% d’associations.
Un aperçu intéressant de l’opinion des allemands, anglais et polonais sur les migrants
Cette étude compte aussi un volet européen, avec 803 personnes interrogées en Allemagne – un panel relativement faible alors que l’Allemagne est, avec 82.7 millions, plus peuplée que la France, 802 au Royaume-Uni et 816 en Pologne. Si 63% des Allemands interrogés sont favorables à la répartition des migrants en UE, 65% des Britanniques et 69 % des Polonais y sont carrément opposés – contre 58% des Français.
Cependant les réponses favorables s’érodent en Allemagne (69% en juillet 2015 contre 63% aujourd’hui) et augmentent en France (32% en juin 2015 contre 42% aujourd’hui). On y dénote aussi des disparités régionales, mieux quantifiables d’ailleurs – puisque 42% des Bavarois du panel et 44% des habitants de la Saxe et de la Thuringe sont opposés à cette répartition. Et politiques : elle recueille l’assentiment de 85% des partisans des Verts (Grüne), 80% des social-démocrates (SPD) et 75% des chrétiens-démocrates (CDU), mais l’opposition de 82% des partisans de l’AfD (droite nationale).
En Angleterre, où cette opposition à la répartition des migrants en UE est générale, les habitants de Londres (45%) y sont nettement plus favorables que ceux des Midlands et de l’est de l’Angleterre (30%) ; les partisans du Labour (travaillistes) et des verts sont les seuls à y être majoritairement favorables (53%). Comme en Allemagne, le facteur religieux ne joue pas de rôle déterminant.
En Pologne, l’opposition à la répartition des migrants cartonne au sein de la jeunesse (80% des 18 à 24 ans, 73% des 25 à 34 ans du panel), chez les femmes (71%), les habitants du sud-est du pays (72%) et du nord-ouest (73%), les sympathisants du PiS (90%, droite nationale catholique qui gouverne le pays) et du mouvement Kukiz15 (84%, très populaire au sein de la jeunesse et à droite encore du PiS). Le facteur religieux a un grand rôle : 73% des catholiques, pratiquants ou non, s’opposent à cette répartition tandis que la proportion tombe à 54% pour les athées et 49% pour les pratiquants d’autres religions.
D’autres constats sont intéressants. Ainsi, une proportion assez élevée d’interrogés dans chacun des quatre pays estime qu’il y a des terroristes parmi les migrants (79% en France, 87% en Allemagne, 90% au Royaume-Uni, 84% en Pologne) et que l’ouverture trop grande aux migrants créera un appel d’air (73% en France, 69% en Allemagne, 82% au Royaume-Uni, 78% en Pologne). Mais tandis que les Français, les Anglais et les Polonais sont une majorité à penser qu’accueillir de nouveaux migrants n’est pas possible, ils ne sont que 49% des Allemands à le croire. Et 75% d’entre eux estiment que c’est un devoir que d’accueillir ceux qui fuient la guerre et la misère, 59% pensent que leur pays a les moyens financiers de le faire et 46% le voient comme une opportunité économique. En France, Pologne et Grande-Bretagne, ces opinions sont nettement minoritaires.
Enfin, les Français du panel sont probablement les plus persuadés que les migrants vont continuer à arriver en masse longtemps. Ils sont 67% à penser qu’ils vont affluer sur trois ans et plus, contre 16% pour un ou deux ans. Les Anglais ne sont que 51% à le penser, contre 60% des Allemands et 63% des Polonais. Un quart des Allemands interrogés pensent toujours que les migrants continueront à venir massivement uniquement pendant un ou deux ans, un tiers (36%) qu’ils vont vivre dans leur pays quelques années puis retourner chez eux.
Louis Moulin
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4 réponses à “Migrants : pour la majorité des français la crise migratoire est durable”
C’est toujours intéressant de voir comment sont re-interprété les sondages…
Je n’ai fait que survoler, mais vous dites à un moment :
« Seuls 38% des interrogés sont d’accord avec le fait que c’est « le devoir de la France d’accueillir les migrants qui fuient la guerre et la misère »
Vous vous basez sur ce qui est écrit page 71, visiblement…
Mais page 32, à la même question, il est indiqué que 56% des Français considèrent que « c’est le devoir de notre pays que d’accueillir des migrants qui fuient la guerre et la misère ».
Page 32 est posé la question de « l’adhésion à cette opinion », sans laisser de choix « neutre », et page 71 c’est la même question mais cette fois sur l' »adhésion à cette affirmation », cette fois en laissant la possibilité d’un choix neutre.
Comme quoi, ces sondages ne servent pas à grand chose, surtout quand ils sont utilisés à des fins idéologiques… mais ce serait intéressant dans le fond de comprendre les raisons de ces 2 types de questionnements…
Le terme de « migrant » recouvre beaucoup de situations individuelles différentes. Chaque sondé met derrière ce titre ce qu’il croit comprendre … : du vrai « réfugié » … au combattant mahométan venu pour islamiser la France … . La conduite à tenir est fonction des caractéristiques et de la vraie motivation de chaque « migrant ». Un essai de caractérisation a été proposé : http://ripostelaique.com/pourquoi-migrants-et-pas-envahisseurs-musulmans.html .
Et quand plusieurs femmes par homme et multitude d’enfants débarqueront en « faveur »du regroupement familial, comment allons-nous survivre dans NOTRE pays ?
Les dirigeants n’ont pas eu besoin d’attendre les migrants pour cela; pour ce qui est de la polygamie dans le Val d’Oise, sachez qu’elle est déjà bien implantée et que les agents de la caf ont pour mot d’ordre de fermer les yeux. Précisons d’autre part, quoiqu’en lien direct de cause à effet avec ce fléau, que dans le même Val d’Oise, département le plus peuplé de France, la première cause de
mortalité infantile est une maladie d’origine subsaharienne ,la drépanocitose) . Etonnant non ?