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Dimanche 1er octobre 2017, une équipe de Resistència était présente à Girona. Nous avons pu assister, et participer aux événements. Et donc apprécier la situation à sa juste valeur à la différence de nombreuses personnes, qui, par prétexte idéologique déversent leur haine pour le peuple catalan, qu’il soit ou pas favorable à l’indépendance, et le combat d’émancipation nationale en général, mais pas que.
Je ne reviendrai pas sur les derniers événements dans cet article, largement commentés, filmés et photographiés. Je vous propose de consulter ma dernière vidéo à propos de notre expérience sur cette journée. Je ne reviendrai pas, ou peu, sur les raisons de cette escalade « séparatiste », j’ai déjà suffisamment consacré de temps à rédiger des droits de réponses à l’encontre de quelques plumitifs peu fiables et surtout de mauvaise foi.
La mauvaise foi, parlons-en justement, c’est la motivation première de cet article.
Un simple tour sur les médias français, conventionnels, fachosphériques ou de la gauchiasse me suffit pour prendre la mesure de la méconnaissance (et si ce n’était que ça !), mais surtout du mépris pour le peuple catalan.
Les complotistes
Commençons par les onanistes professionnels, addicts des claviers et adeptes de littératures à sensations. Pour ces complotistes, le projet séparatiste catalan serait l’œuvre du projet mondialiste. Un Georges Soros serait, parait-il, derrière le financement de tout ce remue-ménage, car il aurait investi dans quelques affaires (CQFD). Les Catalans seraient également téléguidés depuis Washington, car, preuve ultime, certaines de leurs banderoles revendicatives seraient écrites en anglais. Les inspecteurs Dupond et Dupont n’auraient pas fait mieux. La Catalogne serait le fer de lance du projet de l’Union européenne pour détruire les nations, ici l’Espagne. Sauf que l’U.E n’est pas motivée par l’idée de recevoir dans l’union un nouvel État dans de telles conditions. Nous devons y voir au contraire une formidable opportunité d’enrayer cette Union Européenne qui empêche de faire vivre véritablement l’Europe des peuples. Quant au petit chouchou des mondialistes, futur sauveur de l’U.E, E. Macron, il apporte son soutien au gouvernement espagnol. Que dire d’un Mélenchon, d’un Valls, d’un Le Drian, ou d’un BHL ? Luxe suprême, même le pape est contre, pourtant, question mondialisation, le pape François en connait un rayon. Quant à ceux qui prétendent qu’une Catalogne indépendante serait, en Europe, un nouveau califat car les islamistes se cachent derrière tout ça, je pense qu’une consultation aux urgences s’impose. Il ne manque plus qu’un zozo nous ponde l’idée que l’hymne catalan soit en fait un hymne illuminati inversé et la boucle sera bouclée…
Ce type de raisonnement complotiste traduit un manque de connaissances historiques sur la question catalane. De nombreux épisodes jusqu’à nos jours ont conduit à la situation actuelle. Depuis les prémices de l’unification des Espagnes avec le mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon, l’arrivée des Bourbon et de leur système politique, la guerre de succession, le traité de Nova Planta etc. Nous ne pouvons pas, hélas, tout énumérer ici. L’Espagne politique n’a pas su composer avec les « Espagnes charnelles », et cela malgré certains projets de type fédéral, comme celui des carlistes avec le respect des Fueros, ou sous une autre forme comme le prônent encore aujourd’hui les socialistes espagnols. C’est bien plus, au contraire, une castillanisation de la société qui a fait école, plutôt que la mise en place d’un véritable projet fédéral ou confédéral.
Pour ceux qui pensent que les Catalans nourrissent un sentiment de haine envers les Espagnols, je tiens à rappeler le discours de Francesc Macià le 14 avril 1931 lors de la proclamation de la République catalane, « je proclame la République Catalane comme État intégrant de la Fédération ibérique (…) Pour la Catalogne, pour les autres peuples frères d’Espagne, pour la fraternité de tous les hommes et de tous les peuples, Catalans, sachez-être dignes de la Catalogne ».
Les Catalans ont fait preuve de patience.
Ils ont choisi la voie pacifique. La voie de la négociation. Le statut d’autonomie de 2006 retoqué en 2010 par le Tribunal Constitutionnel, le refus du pacte fiscal en 2012 (compétence fiscale similaire à celle détenue par le Pays basque), ces mesures, tout aussi vexatoires qu’inutiles prises par le gouvernement espagnol n’auront fait que mettre le feu aux poudres. Nous pouvons dire en effet que le gouvernement espagnol, dans ce qu’il est de plus conservateur, est une « fabrique à séparatistes », et d’ajouter, pour votre information, qu’il existe également des partis politiques indépendantistes en Galice, en Andalousie, et même… en Castille.
Le discours du Roi Felipe VI au soir du 3 octobre 2017 suite aux événements du 1er octobre, vient confirmer cette tendance. Il est le roi de tous les Espagnols, certes, entendre ici, des Espagnols catalans, et non l’inverse. Cette vision, est celle de l’unité verticale, le contraire de ce qui aurait pu constituer une fédération des peuples ibériques, une vision horizontale, c’est-à-dire, à égalité de traitement. Le point de rupture est né en même temps que cette tendance de « verticalité identitaire », c’’est en quelque sorte le péché originel de l’Espagne.
Les faux culs de la bonne conscience maintenant.
Ceux qui se drapent dans un tissu de vertu et de charité chrétienne en dénonçant dans un réflexe pavlovien, l’idée que les Catalans sont de riches égoïstes qui ne veulent pas partager avec le reste des régions espagnoles. C’est ceux-là même que l’on retrouve souvent, en France bien sûr, en train de pester, à juste titre, contre la pieuvre parisienne, contre l’impôt qui leur fait en permanence les poches. Et oui, eux, vous comprenez, ils ont le droit de râler, mais pas les Catalans qui avaient demandé un pacte fiscal. Demande rejetée. Car si certains parlent à tort et à travers d’égoïsme, il convient de préciser que la Catalogne donne 75% de PIB au gouvernement central, lequel leur reverse ensuite 25%. A quoi bon, ils asséneront que la Generalitat est sous perfusion du gouvernement espagnol. Le Pays Basque dispose du pacte fiscal. De quoi s’agit-il ? Le gouvernement autonome basque reverse ce qu’il veut/peut au gouvernement central. Sont-ils des égoïstes ? La question ne se pose quasiment jamais.
Les ayatollahs du nationalisme
Selon eux, les Catalans ne sont pas nationalistes, puisque leur revendication se porte sur la création d’un État catalan. Or, selon leur raisonnement, la Catalogne est une petite région, donc elle ne peut devenir un État-nation. Raisonnement simpliste vu la taille de certains états de l’U.E. Pour ces ayatollahs du nationalisme, il y aurait donc un nationalisme « haram » et un nationalisme « halal ». Preuve que certains n’hésitent pas à faire le grand écart en dénonçant tout à la fois le totalitarisme islamique et son intolérance tout en frappant d’anathème politique ceux qui ne répondent pas à certains critères, à savoir les leurs.
De ceux qui applaudissent.
Que dire des révolutionnaires du dimanche qui applaudissent la guardia civil aux ordres du gouvernement espagnol ? Une guardia civil qui a matraqué sans vergogne, et même allégrement, des milliers de catalans ce dimanche 1eroctobre 2017, au seul motif que ce référendum était anticonstitutionnel. Ces Catalans, eux, contrairement à nos révolutionnaires de pacotille, si habiles avec leur souris et leur clavier d’ordinateur, ont eu un comportement révolutionnaire ce dimanche. Ils ont investi la rue et les écoles pour faire entendre leur voix de manière pacifique, au grand dam des branleurs révolutionnaires du net qui prônent « le Grand soir » qu’ils espèrent, évidemment, bien sanglant, le tout, le cul bien vissé sur leur siège de bureau.
Que dire de ceux qui fustigent l’État de droit en France, et applaudissent en même temps la réaction musclée de la police espagnole ce dimanche, et cela au nom de l’État de droit, mais en Espagne.
Que dire des patriotes qui se sont fait casser la gueule à la manif pour tous par la police républicaine aux ordres de Manuel Valls à l’époque, alors qu’ils voulaient simplement manifester ? Mais qui aujourd’hui en revanche, applaudissent la police espagnole aux ordres de Rajoy qui matraque les patriotes catalans, simplement parce qu’ils voulaient voter ? Vous me répondrez qu’il y avait toutes tendances politiques dimanche, et que c’est bien fait pour certains. Il y avait également plusieurs tendances à la Manif pour tous. Et pour ma part dimanche, je n’ai pas vu seulement des tendances politiques, j’ai vu un peuple dans la rue, de toutes catégories sociales, de tous âges.
La palme du propos ordurier revient à Christine Tasin, présidente de Résistance républicaine. Voici le titre de son article : « Des blessés en Catalogne ? Bien fait pour leur gueule, ils n’avaient qu’à rester chez eux ! » Je ne m’attarderai pas sur les détails de son article, un article tout aussi merdeux que le titre. Cela peut paraitre proprement scandaleux de voir que ceux qui se plaignent des atteintes à la liberté d’expression puissent rédiger un tel torchon. Ça serait oublier un peu trop vite qu’un jacobin reste un jacobin, même lorsqu’il est importuné par l’immigration. Pour ces gens-là, la liberté d’expression ne vaut que lorsqu’elle s’exprime dans leur sens.
Pour ma part j’apporte mon total soutien au processus d’indépendance de la Catalogne, tout en gardant bien présent dans mon esprit cette dimension européenne qui anime mon combat identitaire.
Llorenç Perrié Albanell, président du mouvement régionaliste Resistència
Crédit photo : DR
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12 réponses à “Catalogne : de la médiocrité de quelques-uns [Tribune libre]”
Excellent article qui remet certaines choses à leur place concernant l’hypocrisie des observateurs de la crise entre Madrid et la Catalogne. Dans la même veine, une fois n’est pas coutume, je signalerais un article paru dans Ouest France Vendredi 6 Oct. sous la plume de JP Gayant, Le Mans Université à propos de la fameuse « boite de pandore » mise en avant pour effrayer les « braves gens ».
https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/point-de-vue-catalogne-l-embarras-europeen-5295792
Il est très possible que Soros ait plusieurs fers au feu. Quoiqu’il en soit, de l’aveu des complotistes, sa contribution à l’indépendance catalane est pour le moins modeste :
http://www.voltairenet.org/article198083.html
c’est bien continuez à faire de la pub pour les séparatistes catalans , tout le monde dira qu’ils sont soutenus par l’extrême-droite (alors qu’ils sont d’extrême -gauche), çà leur fera un boulet de plus. Et RDV demain à Barcelone pour la manifestation en faveur de l’unité espagnole. VIVA ESPANA UNA GRANDE Y LIBRE!
Vu le nombre de bourrins franquistes côté espagnol, votre scénario est déjà un échec.
Dans tes rêves le petit franquiste basané !
« (alors qu’ils sont d’extrême -gauche) »
Encore un autre mensonge.
Le parti Convergència i Unió, coalition nationaliste catalane de centre droit, a gouverné la Généralité de Catalogne de 1980 à 2003 et la gouverne à nouveau à partir de décembre 2010.
Pour ce qui est de la manifestation, la guardia civil sera sage avec les unionistes… un peu comme avec les salafistes en Catalogne !
merci monsieur de cet article qui change des sottises déversées dans les media français par les admirateurs de M. Rajoy à la façon d’un inénarrable Alain Duhamel devenu monarchiste pro-franquiste ou de « l’historien » propagandiste Benoît Pellistrandi, l’un et l’autre et tant d’autres étant les porte-parole du Parti « populaire » centraliste et anti-catalan de Madrid. La plupart des Français sont très ignorants de l’histoire « des Espagnes » et ne savent pas que l’idée d’une Espagne vient du dictateur Primo de Rivera et de Franco mais ne correspond pas à l’histoire des peuples ibériques. La Catalogne comme l’Écosse sont deux nationalités à très forte personnalité avec des identités culturelles bien marquées, une langue propre pour les Catalans, une histoire très longue de refus du centralisme et de l’hégémonisme anglais pour les uns, castillan pour les autres. On voit bien que ce qui fait peur à Bruxelles (Paris aussi), ce sont les peuples qui très pacifiquement se dressent pour refuser les oukazes venus de Madrid, de Bruxelles, du FMI ou d’ailleurs. La répression policière castillane a été choquante et pourtant Madrid comme l’étrange Manuel Valls, M. Macron ou M. Juncker ne la voient pas. Le plus curieux est que si Madrid avait accepté un référendum indicatif, quitte à appeler au vote « no », il est très probable que l’indépendance aurait été minoritaire. M. Rajoy et les autistes de Ciudadanos comme les hypocrites du PSOE sont responsables du blocage actuel après le coup d’Etat judiciaire de 2010 détruisant le Statut d’autonomie large voté par les divers parlements en 2006. Eric Zemmour n’est pas friant de ce pouvoir des juges contre les peuples, les Français de toute région et les autres peuples européens feraient bien de soutenir les Catalans dans leur juste aspiration à l’autodétermination. Au demeurant, il faut s’appeler F. Hollande et E. Macron pour ne pas voir qu’à l’évidence, la France a tout à gagner à une Ecosse et une Catalogne indépendantes dans l’Union européenne.
Et le retour de la guerre civile espagnole ? Et la balkanisation ?
Bravo aux Catalans. Eux et les Écossais démontrent bien que les argument BBR sur les Nations sans États sont fallacieux.
Est-ce que les Bretons sauront ouvrir les yeux ?
Quid des Catalans français ?
Si la Catalogne s’en sort au moins avec une autonomie élargie à la fiscalité, indépendance de fait (l’armée est l’OTAN, indépendante de l’Espagne ou non), la peur sera contenue et donnera peut-être du courage aux Français de considérer d’abord leurs pays/nations avant la République parisienne.
Comment ça « l’armée EST l’OTAN » ???? Toute nation dont les dirigeants ont rallié l’Otan ets prisonnière du projet impérial yankee . la Catalogne , comme l’Espagne . Ce serait là une excellente occasion de sortir de l’otan ..Ce serait moindre mal …
Mais , mon cher , la liberté d’expression n’est qu’une billevesée à l’usage des gogos qui croient encore aux grands principes énoncés par les politichiens et sur lesquels ils s’asseoient toujours aussitôt élus …Cela ne fonctionne qu’à sens unique . Celui du plus fort . Pourquoi vous étonnez-vous? Demain , ds la Catalogne « indépendante » (de qui? de quoi? des pressions islamiques sans doute) , celui qui contestera l’ordre (ou le désordre) établi se verra intimer l’ordre de la fermer (ds le meilleur des cas) , ou bien se fera embastiller (cas moins favorable) , ou bien se fera liquider par les antifas de service …On relira Orwell avec profit . Il avait tout compris et tout prévu .
Attention de ne pas faire un procès d’intention à la victime pour justifier l’injustifiable. On ne peut préjuger du comportement d’une Catalogne indépendante. Quel sera au final le poids de l’extrème gauche? Je prends le pari qu’elle se dégonflerait assez vite. Laissons d’abord les Catalans décider pour eux-mêmes! Quelques exemples suffisent à démontrer que le cynisme du »tous pourri, partout pareil » serait une forme de naïveté. L’attitude de l’Etat britannique face aux indépendantistes Ecossais n’a pas été celle du gouvernenement espagnol face aux indépendantistes Catalans par exemple. Ou encore Tchèques et Slovaques se sont séparés dans la dignité. Ou encore la Slovénie n’est pas la Bosnie etc. Chaque situation est spécifique et ce qui compte avant tout est de respecter la volonté des peuples tout en recherchant la meilleure harmonie possible entre voisins européens. C’est un idéal , et les idéaux ne sont bien entendu pas facile à atteindre. Il y a pourtant des exemples dont on peut s’inspirer comme la Suisse. Ce qui est surtout marquant c’est l’incapacité des dirigeants européens – qu’ils soient à la tête des états ou de l’UE- à inventer un modèle nouveau qui permettrait de dépasser les clivages , de se rassembler dans le respect de tous les peuples d’Europe pour forger une nouvelle cohérence au continent européen. L’ Europe aux cent drapeaux nous manque cruellement. Voilà ce qui pose vraiment problème pour notre avenir à tous ! S’accrocher au gri gri de l’Etat anti-nation à la française ne va rien arranger.
Ce qui serait intéressant c’est de savoir si les « Français » (car ce mot reste à définir) qui sont favorables à l’indépendance de la Catalogne le seront également pour le retour à l’indépendance de la Bretagne…
Car il y a un vieux principe français qui soutient les indépendantistes et le fédéralisme en s’imaginant que cela renforce la puissance de la « France » (qui elle serait indivisible…).
Un soutien moindre quand les indépendantistes en question sont un peu trop proche des Bretons, comme les Catalans et les Écossais…
L’importance n’est pas l’indépendance de la Catalogne (il s’agit seulement d’un respect vis à vis des Catalans) mais de savoir si les Ibériques sauront devenir une région économiquement dynamique pour donner du travail à leurs enfants…
Tout comme, ce n’est pas la mise sous tutelle des Bretons (situation actuelle) qui favorise le développement des régions pauvres de France… (cela ne favorise que l’égo de quelques jacobins au détriment de beaucoup de monde…)