06/10/2017 – 07h30 Barcelone (Breizh-Info.com) – « Lorsqu’il se passe quelque chose d’inexplicable, accusez Poutine ». Cette maxime, qui est devenue le mode d’action unique des hommes politiques et des médias occidentaux est en train de gagner lentement mais sûrement la presse espagnole, alors que la situation en Catalogne continue de se tendre et les esprits de s’échauffer .
Le président de la Généralité catalane a en effet annoncé que la Catalogne proclamerait son indépendance d’ici la fin de la semaine, une fois tous les bulletins de vote recomptés – il reste encore ceux venus de l’étranger. La Catalogne a appelé plusieurs fois à une médiation internationale, mais l’Espagne fait la sourde oreille… Et a même mis en examen pour « sédition » quatre hauts responsables politiques catalans. Pendant ce temps des manifestants catalans ont réussi à chasser de leurs hôtels plusieurs centaines de policiers nationaux espagnols – relogés dans une base militaire – et la mairie de Girona – une grande ville à mi-chemin entre Barcelone et Perpignan, où la répression policière dimanche a été particulièrement sévère – a annoncé rompre ses relations avec la royauté, la Guardia Civil, la Police nationale et le gouvernement espagnol.
La question catalane commence à devenir nettement un enjeu international, alors que les indépendantistes ont remporté la bataille des images. Après l’ONU qui avait annoncé ouvrir une enquête sur les violences policières espagnoles, c’est le Parlement européen qui a vivement condamné (cat) l’usage de la force par l’Espagne et a appelé instamment Madrid et Barcelone à dialoguer.
Pendant ce temps, les indépendantistes ont réussi leur nouveau pari. La grève générale a été un franc succès : plus de 700.000 personnes ont défilé toute la journée dans Barcelone, des dizaines de milliers d’autres dans les grandes villes catalanes, et la plupart des grandes entreprises du pays avaient interrompu le travail, comme le port et le marché de gros. Bien que le droit de grève soit moins favorable en Catalogne qu’en France, près de 54% des PME étaient elles aussi à l’arrêt, a annoncé la Pimec, équivalent catalan de la CGPME, et 31% étaient partiellement à l’arrêt. Elle était destinée à montrer l’unité de la société catalane pour l’indépendance, au-delà des 2 millions de suffrages pour le oui.
Cependant la presse espagnole continue à agonir d’insultes les dirigeants catalans et à chercher des responsables extérieurs à la situation de crise la plus grave depuis la fin de la dictature de Franco. Le journal El Pais a relayé l’accusation du parti espagnol Ciudadanos selon lequel la Russie aurait attaqué l’Espagne via le référendum – considéré comme illégal à Madrid – d’auto-détermination de la Catalogne pour souligner les divisions au sein de l’UE.
La Russie essayerait de pousser l’UE à rapporter ses sanctions économiques et politiques contre la Russie, prises suite au retour de la Crimée en 2014, après le « printemps russe » et la révolution pro-européenne (Maïdan) qui a fait exploser l’Ukraine.
Le 22 septembre déjà, El Pais, considéré comme un journal de référence en Espagne, avait écrit (es) que la Russie s’était immiscée dans le processus d’auto-détermination catalan et l’avait alimenté, au moyen de botnets sur les réseaux sociaux et de ses médias d’État (RT et Sputnik). Pourtant la Russie n’a officiellement fait que soutenir l’unité de l’Espagne. Le problème du séparatisme est commun aux deux pays et la Russie a payé le prix du sang dans les années 1990 lorsque la Tchétchénie a essayé de prendre son indépendance avec l’aide des pays du Golfe et d’organisations terroristes islamiques – elle a été de facto une république islamique libre après les accords de Khasavjurt en 1996 jusqu’à la reprise en main par la Russie en 1999-2000.
Depuis, la Russie n’a soutenu que le séparatisme de populations majoritairement russes ou titulaires de passeports russes (Ossétie du sud, Abkhazie, républiques du Donbass, Transnistrie) et s’oppose par exemple très nettement au séparatisme kurde au Moyen-Orient.
Le journal russe Politrussia, d’orientation patriotique et qui dispose d’une solide rubrique géopolitique, renforcée par une chaîne Youtube assez populaire, a répondu à sa façon (ru) à ces accusations de la presse espagnole. D’après l’auteur de l’article-vidéo, Roman Romanov, les coupables seraient plutôt à chercher du côté des « partenaires européens » de l’Espagne, au premier rang desquels la France et l’Allemagne. Selon lui, Paris et Berlin soutiennent les mouvements qui permettent d’affaiblir quatre pays qui ont tous des stratégies politiques souvent assez divergentes du couple franco-allemand et de sa volonté de conduire l’UE vers plus d’intégration : l’Espagne, l’Italie, la Pologne et la Grande-Bretagne.
Cette dernière étant sortie de l’UE, ils soutiendraient le séparatisme du nord de l’Italie – principal pôle économique du pays, les mouvements de la « société civile » libérale contre le gouvernement conservateur et ultra-catholique en Pologne, les séparatismes catalans et basques en Espagne – la Catalogne représente 20% du PIB espagnol, le Pays Basque encore 5% et une part prépondérante des industries innovantes.
Cette théorie, qui reste difficile à établir, expliquerait cependant la passivité du gouvernement français alors que les indépendantistes catalans établissaient leur base arrière en Roussillon. Il est difficile de croire que les services de renseignement français ignoraient que six millions de bulletins avaient été imprimés à Perpignan et des centaines d’urnes cachées à Elne où elles ont été livrées directement depuis la Chine où elles avaient été fabriquées.
Elne, la ville symbolique de la résistance catalane lors de la Retirada après la guerre civile d’Espagne – où la Catalogne était l’un des derniers bastions de la République – compte aussi des membres de l’ANC (Assemblée Nationale catalane), l’assise populaire du mouvement indépendantiste.
Louis-Benoît Greffe
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Une réponse à “Catalogne : l’Espagne accuse Poutine”
On en arrive à constater le degré de folie, la pathologie ahurissante des esprits des occidentaux qui en sont arrivés à appliquer le phénomène juif du bouc émissaire que l’on chargeait de tous les maux . Et ils osent se servir du seul Président propre et digne de gouverner un pays V. Poutine. Donnez-nous l’adresse d’un asile d’ aliénés où on pourrait enfermer tous ces cinglés