06/10/2017 – 07h15 Nantes (Breizh-info.com) – Depuis 5 ans Nantes se veut « capitale du débat citoyen» à travers les Géopolitiques organisées conjointement par l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), Le Lieu Unique et Nantes Métropole avec le soutien de plusieurs journaux comme La Croix, Courrier International, Ouest France … Les débats s’y veulent « contradictoires et de qualité dans le respect de l’autre et la diversité des opinions ». L’atelier organisé sur thème : « Que va devenir la Syrie » le 30 septembre contredisait quelque peu cette affirmation.
Les intervenants étaient au nombre de trois. Bassma Kodmani , universitaire syrienne en exil qui se présente comme une porte parole de l’opposition démocratique. Elle a travaillé pour Le Collège de France, Sciences Po, le CNRS , fondatrice du Conseil national Syrien (elle le quittera au bout d’un an) créatrice de l’Initiativ Arab reform tout en participant aux forums du groupe Bilderberg. Yves Aubin de la Messuzière, diplomate, ancien ambassadeur en Irak, Tunisie, Italie. Président d’honneur de la mission laïque de France (La MLF est attachée selon ses statuts à la défense des valeurs de []la laïcité ouverte , des droits de l’homme et de l’humanisme). Jean-Pierre Filiu professeur à Sciences Po, spécialiste de l’islam contemporain et auteur de nombreux ouvrages il anime le blog du quotidien Le Monde sur le Proche Orient.
Interrogé sur la fin annoncée de Daesh, Filiu affirme que « dans l’échelle des horreurs celui-ci est loin derrière le régime de Bachar El Assad qui a fait disparaître des centaines de milliers de Syriens ». Pour Mme Kodmani : « c’est ce régime qui a encouragé les islamistes et sème la méfiance entre les communautés » tout en reconnaissant : « il n’y avait pas de conflit religieux avant 2011 » ! Elle accuse le président syrien d’avoir distribué la souveraineté par haine de son peuple.
L’ancien ambassadeur de la Messuzière ne fait pas lui aussi dans la nuance : « Bachar est pro djihadiste » , il est responsable de « 10 millions de migrants (…), son départ s’impose dans la minute, (…) les enfants syriens sont tous déscolarisés (…) » affirmant même que «la ville d’ Alep a été reprise par des milices irakiennes»… Il regrette que l’Occident n’ait pas donné aux « démocrates syriens » les moyens de se défendre contre Bachar.
A propos de l’attitude des USA, les orateurs sont unanimes pour regretter l’indécision d’Obama « cool et clean » qui aurait dû « donner des moyens à la guérilla syrienne ». L’un des intervenants parlera même de sa « couardise erratique ». Ils n’ont aucune confiance aussi dans Trump qui n’est pas en rupture avec Obama, mais son continuateur.
Devant quel choix les Syriens sont-ils placés ?
« Vivre aujourd’hui avec Assad ? Non ! » proclame Bassma Kodmani qui reconnait toutefois que depuis la prise d’Alep « l’opposition est vaincue militairement » et que « les démocrates n’ont pas souhaité porter les armes ». Il faut pourtant « démanteler ce système de terreur » qu’elle accuse d’être responsable de « 500 000 morts, 200 000 disparus, 100 000 prisonniers, 7 millions d’exilés », sans compter les déplacés affirme-t-elle, alors que même l’Observatoire syrien des droits de l’homme installé à Londres n’ose pas avancer de tels chiffres. Son espoir : la région d’Idlib bastion de « l’armée libre » mais où « la population veut expulser pacifiquement Al Quaïda et les djihadistes ».
De la Messuzière prétend quant à lui qu’ « Assad ne tient que par la terreur » avec l’aide de « milices iraniennes fortes de centaines de milliers de combattants ( !) qui ne sont là que pour favoriser l’expansion du chiisme » alors qu’en face les djihadistes ne seraient que de 3 à 5000 seulement reconnaissant que « le peuple des révoltes n’est pas celui des élections ». Il ne voit pas de solution politique au conflit. Son seul espoir réside dans la Russie à condition que Poutine force le président syrien à négocier avant son éventuel départ. Ce qui semble pour le moins utopique dans la situation actuelle.
De telles interventions ne pouvaient laisser l’auditoire indifférent. Un étudiant originaire du Proche-Orient demandera aux orateurs si l’origine du conflit n’était pas à rechercher, plutôt que « dans un soulèvement populaire spontané », dans la volonté des puissances occidentales de renverser le pouvoir syrien pour « remodeler la région selon le vœu d’intérêts pétroliers et gaziers », une guerre énergétique en somme. Que n’avait-il pas dit là. Il se vit couper la parole et traiter de complotiste puis accusé de faire preuve d’« inhumanité » face aux millions de victimes. Mme Kodmani lui lançant : « un peu de décence, Bachar El assad fait arracher les ongles des gamins syriens qui tracent des graffitis sur les murs ! ». De son côté, Jean-Pierre Filiu se laissa aller en parlant même de « djihadisme altruiste » !
C’est l’ancien ambassadeur de la Messuzière qui conclura les débats par un vibrant « bravo à Merkel pour sa grande générosité » dans l’accueil des migrants alors que « la France n’est pas à la hauteur » ajoutant que ce n’est pas le cas de « la municipalité nantaise de Johanna Rolland à qui il faut rendre hommage ». Fermez le ban !
« La qualité des débats, à la fois contradictoires et respectueux où la parole et les idées circulent librement est appréciée » peut-on lire dans la plaquette de présentation des ‘Géopolitiques’. Tout commentaire serait superflu.
C. B.
Crédit photo : Breizh-info.com
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Une réponse à “Les Géopolitiques de Nantes sur le conflit syrien : pensée unique et désinformation.”
La présence de Yves Aubin de la Messuzière et sa qualité de président de la MLF sont le signe évident du parrainage de cette conférence par la Franc Maçonnerie (Obédience du Grand Orient). On comprend donc parfaitement le compagnonnage avec le djihadistes, autres ennemis des chrétiens !