05/10/2017 – 06h45 Londres (Breizh-info.com) – Les monnaies virtuelles sont un sujet de plus en plus fréquemment abordé dans les milieux bancaires et financiers et ne manquent pas de susciter craintes et critiques. Toutefois, les crypto-monnaies ont aussi leurs défenseurs. C’est notamment le cas de la directrice générale du FMI (Fonds monétaire international) Christine Lagarde.
« Trop volatiles, trop risquées, trop opaques »
Alors que la Banque d’Angleterre célébrait ses 20 ans d’indépendance vendredi dernier à Londres, Christine Lagarde y a tenu un discours évoquant l’avenir des banques centrales. Un avenir qui va être fortement influencé par les évolutions technologiques puisque l’intelligence artificielle et le développement des monnaies virtuelles apporteront inéluctablement des modifications.
Au sujet de ces crypto-monnaies, la directrice générale du FMI se veut optimiste tout en considérant que leur mise en œuvre n’est pas possible à court terme :
« Pour l’instant, les monnaies virtuelles comme le bitcoin ne remettent pas en cause l’ordre existant des monnaies fiduciaires et des banques centrales. Pourquoi ? Parce ce qu’elles sont trop volatiles, trop risquées, trop opaques pour le régulateur, piratables, et parce qu’elles reposent sur une technologie qui n’est pas encore à l’échelle. »
Une simple question de patience pour Christine Lagarde qui estime que ce sont « des défis technologiques qui pourront être réglés au fil du temps » et qu’il ne serait « pas sage de négliger les monnaies virtuelles ».
Dollarisation 2.0
Parmi les arguments développés en faveur de ces monnaies virtuelles, l’ancienne ministre considère que ces systèmes seraient en mesure d’apporter davantage de stabilité à certains pays à la monnaie nationale fragile et qui utilisent généralement des devises étrangères. Elle a ainsi développé :
« Par exemple, pensez aux pays dont les institutions sont faibles et les monnaies nationales instables. Au lieu d’adopter la monnaie d’un autre pays – comme le dollar américain – certaines de ces économies pourraient voir une utilisation croissante des monnaies virtuelles. Appelons cela la dollarisation 2.0. »
Le FMI comme chef d’orchestre ?
Afin de préparer l’avenir, Christine Lagarde juge nécessaire la tenue d’un dialogue entre tous les acteurs concernés : régulateurs de marché, investisseurs, entreprises de services financiers, et bien entendu responsables politiques. Avec ses 189 pays membres, le FMI est, selon sa directrice générale, la « plateforme idéale pour accueillir ces discussions ». Et d’ajouter : « Cela tient du mandat du FMI pour la stabilité économique et financière. »
Une fin à la Shakespeare
La fin du discours de Christine Lagarde a été marquée par une touche de lyrisme. Alors qu’elle commentait les avis très divergents sur cette possible disparition future de la monnaie papier au profit de devises virtuelles, la directrice générale du FMI a d’abord fait allusion au célèbre roman de Huxley, Le Meilleur des Mondes :
« Pour beaucoup, ce nouveau monde de la banque centrale est moins Mary Poppins, et plus Aldous Huxley : un Meilleur des Mondes, un peu comme celui décrit dans le célèbre roman de Huxley ».
Arguant par la suite de la capacité des individus à façonner un avenir technologique et économique profitable « pour tous », Christine Lagarde a enfin convoqué Shakespeare et un extrait de sa pièce La Tempête pour convaincre son auditoire :
« C’est pourquoi je préfère l’évocation de Shakespeare du meilleur des mondes dans La Tempête : « Ô, merveille ! Combien de belles créatures vois-je ici réunies ! Que l’humanité est admirable ! Ô splendide Nouveau Monde ». »
Gageons que la femme française la plus influente du monde n’en soit pas réduite à se pencher sur le registre tragique du célèbre dramaturge anglais dans un prochain discours.
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