02/10/2017 – 07h15 Dinard (Breizh-Info.com) – Ainsi donc, le film « Seule la terre » a remporté le prix du jury (le fameux « Hitchcock d’or ») du 28ème festival du film britannique de Dinard. Voici le synopsis d’un film qui, s’il ne fût pas désagréable, était loin d’arriver à la hauteur de « Jawbone » ou de « Une prière avant l’aube ».
Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier roumain vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes, qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais.
On est clairement pas loin de la thématique de « Le Secret de Brokeback Mountain », mais en tout de même beaucoup plus lent, beaucoup plus ennuyant parfois même, malgré la qualité certaine des deux acteurs principaux (promis à une belle carrière).
On ne comprend pas non plus pourquoi ce film a été présenté comme résultant de la thématique des « migrants », puisqu’il s’agit là de la rencontre entre deux Européens, un roumain et un anglais.
Pili : le choix des bobos ?
Mais l’énorme surprise (déception) de ces journées cinéma à Dinard se trouve réellement derrière la nomination du film « Pili », qui remporte le prix du public. L’incompréhension est totale : en effet, Pili, qui raconte l’histoire d’une africaine séropositive (vivant en Tanzanie) et pauvre qui se met en tête d’acquérir un stand sur le marché local, est tout sauf du cinéma. Un documentaire très ennuyeux peut être, dont on attend dès les 20 premières minutes qu’il s’achève. Mais pas un film.
D’ailleurs, avant Dinard, personne n’avait souhaité le sélectionner ou le diffuser, même en « insolite » – et l’on comprend clairement pourquoi il constituait une première mondiale…
Finalement, on en vient clairement à se demander si le Festival du film britannique de Dinard est un festival populaire et social – comme le sont clairement une partie des films projetés depuis des années, notamment grâce aux travaux de Ken Loach, de Meadows, de Frears – ou bien un festival désormais fait par et pour les bobos.
Bobos de Paris, comme bobos de la Côte d’Émeraude d’ailleurs. Il suffit de passer quelques journées dans les salles obscures du festival pour se rendre compte qu’une large majorité des spectateurs est à la retraite – et d’un niveau économique plutôt élevé, tout en semblant appartenir à une sorte de caste.
Cette même caste qui est capable aussi bien de s’extasier sur un urinoir (Duchamp) que sur un « artiste » manifestement dérangé, qui couve des oeufs à Paris. ; et qui fait donc un triomphe à un film dont on se demande réellement comment il a pu être sélectionné dans un festival qui a fait découvrir 71, Petits meutres entre amis, Billy Elliott, Bloody Sunday ou encore Boy A.
Le palmarès 2017
Hitchcock d’or : « Seule la terre » de Francis Lee ;
Hitchcock du meilleur scénario : « Daphné » de Peter Mackie Burns ;
Mention spéciale du jury : « Pili » de Leanne Welham ;
Prix du public : « Pili » de Leanne Welham ;
Hitchcock Coup de coeur : « Seule la terre » de Francis Lee ;
Hitchcock d’honneur : Jim Broadbent ;
Hitchcock du jury des courts métrages « short cuts » : « We love Moses » de Djonne Edwards ;
Prix du public des courts-métrages : « The diving seat » de Phil Lowe ;
Mention spéciale du jury : « The party » de Andréa Harkin.
Le festival de l’entre-soi ?
Finalement, le Festival du film britannique de Dinard – qui brillait par son originalité et son aspect plus « démocratique » que le festival de Cannes par exemple – semble devenir chaque année qui passe un festival où une forme d’entre-soi règne, entre tapis rouge, petits fours, et un jury qui n’a parfois, pour certains de ses membres, rien prouvé cinématographiquement.
Un festival qui contient pourtant quelques pépites cinématographiques dénichées ici ou là. Mais qui finira à ce rythme là par lasser ceux qui se passionnent réellement pour le cinéma (british de surcroit) et non pas pour le décor (mais aussi parfois les messages éminemment politiques) qui va avec.
Yann Vallerie
Crédit photo : breizh-info.com
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