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Le battage médiatique US
Les médias nous rebattent les oreilles de l’intelligence artificielle américaine qui depuis peu réaliserait des prodiges, au point qu’elle serait un danger pour l’homme. Les célèbres Elon Musk, Stephen Hawking, Raymond Kurzweil, réputés être des gens (très) intelligents, défraient la chronique en nous prédisant sous peu la domination du monde par une IA méchante. Musk a créé la société OpenAI pour tenter de la moraliser. Le célèbre astrophysicien Hawking proclame sobrement « Je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité ». Quant à Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google, il donne même une date à notre déconfiture : 2045, fin de l’ère humaine face à une « superintelligence » artificielle.
L’intelligence artificielle battrait déjà les meilleurs joueurs mondiaux aux échecs, au Go, au Poker, au jeu télévisé Jeopardy. Elle se répandrait dans les logiciels commerciaux, dans les voitures autonomes, dans les reconnaissances vocales (Siri), etc.
Rassurez-vous, tout cela c’est de l’esbroufe américaine complaisamment relayée par des médias en mal de sensationnel. Il n’y a déjà aucune IA dans Siri (la reconnaissance vocale de Google) et Google ne le prétend même pas. Par ailleurs, depuis quarante ans qu’on nous parle des prodiges de l’intelligence artificielle, elle n’est toujours pas entrée dans nos foyers…
Les symptômes de la tromperie
Ce battage a pour origine les grands groupes US comme Google, Facebook, IBM, Apple, etc. Avides de sensationnel, les médias font aveuglément leur pub, dictée par des chercheurs soi-disant « IA » (Yann Le Cun pour Facebook par exemple, est en réalité spécialiste de la reconnaissance d’image et de l’apprentissage automatique). Ainsi débarrassés de tout contrôle, ils peuvent nous intoxiquer, prétendre que cette technique est un but très difficile à atteindre, que l’intelligence est indéfinissable et qu’ils sont les seuls à maîtriser le sujet. En fait, le « sujet » qu’ils tentent de maîtriser, c’est nous…
En effet, pourquoi parler d’intelligence artificielle sans jamais définir l’intelligence ? Pourquoi en dépit des innombrables effets d’annonces en 40 ans le public ne comprend-il toujours rien à l’intelligence artificielle ? Pourquoi faut-il produire une IA spécifique par sujet alors que l’intelligence est réputée être générale ? Pourquoi une IA capable de jouer aux échecs est-elle incapable de jouer au Go ? Pourquoi faut-il tant d’informaticiens et d’années-homme de développement pour programmer une de ces IA alors qu’à l’évidence si une machine est intelligente elle n’a pas besoin d’informaticien pour programmer ? Pourquoi faut-il tant d’ordinateurs pour faire fonctionner ces IA américaines alors qu’en France des IA beaucoup plus sophistiquées tournaient en 1982 sur les premiers PC ? Pourquoi comparer ces efforts laborieux avec l’intelligence humaine qui tient dans un petit crâne et s’adapte à n’importe quoi en quelques secondes ? Pourquoi sont-ce toujours des informaticiens qui parlent (très mal) de l’IA et jamais ses utilisateurs ? Pourquoi admet-on depuis 1950 que la première démonstration d’une vraie IA sera de pouvoir dialoguer avec nous de façon à nous faire croire qu’elle est humaine (le fameux « test de Turing« ) et qu’aucune grande université US ni aucun de ces groupes multimilliardaires « familiers » de l’IA n’y est parvenu en 67 ans ?
Des logiciels de jeu IA qui trichent pour gagner
Vous allez dire : peut-être est-ce de la fausse IA mais elle bat les plus grands joueurs mondiaux. Il faut bien de l’intelligence derrière ! En fait, pour gagner ces programmes trichent. Ils détournent le problème, compensant leur manque d’intelligence par quelque chose que l’humain sait très mal faire et l’ordinateur très bien : calculer. Avec sa mémoire illimitée, il évalue une infinité de coups possibles. C’est énormément plus long, c’est bête, mais ça donne des résultats exacts. Ce n’est plus du jeu (littéralement) ! Car nos jeux font appel au raisonnement. Nous nous amusons à raisonner mieux que l’adversaire, c’est ça qui nous branche. Calculer ne nous amuse pas et d’ailleurs notre cerveau n’est pas fait pour ça. Il est fait pour simuler l’univers. C’est déjà pas mal. Par le calcul ce serait une tâche impossible. Par le raisonnement, on peut aboutir à des résultats satisfaisants avec des données parcellaires.
L’IA n’est pas le domaine réservé des informaticiens ! Au contraire. Elle est à la portée du grand public. Pourquoi ? Parce que l’intelligence est en chacun de nous. Il suffit de faire un peu d’introspection. L’intelligence, c’est le raisonnement sur la connaissance. Plus on a de connaissances plus on est intelligent. Le raisonnement fut décrit il y a 2 400 ans par Aristote : le « syllogisme« . C’est une logique que tous les êtres vivants, végétaux compris (lisez Stefano Mancuso) possèdent. Sans elle, on est mort. L’homme raisonne mieux simplement parce qu’i a plus de connaissances, il a plus de connaissances simplement parce qu’il a plus de mémoire et il a plus de mémoire simplement parce qu’il a un plus gros cerveau. « Logique » !
Le mythe de l’intelligence artificielle méchante
L’IA US étant fausse et strictement identique aux autres programmes informatiques elle n’est pas plus – ou pas moins – dangereuse qu’eux. La vraie existe, en France, mais elle ne rencontre aucun soutien de la part du monde informatique qui redoute de perdre sa place. Pourtant, associée aux vertus propres à l’ordinateur – mémoire illimitée, immortelle et ultra-rapide, connaissances en augmentation constante accessibles à tous, fiabilité totale des résultats, attentif 24h/24, ignorant l’hésitation et le stress – une telle intelligence finira nécessairement par dépasser celle d’un individu. Mais à son service !
Pour s’opposer à l’homme il faudrait un ego artificiel. Ne confondons pas intelligence et ego comme le font nos prophètes de malheur. L’intelligence n’a pas de projet. Elle est neutre. C’est une mécanique servant à résoudre des problèmes. Elle fait ce qu’on lui dit sans état d’âme. Ce n’est pas d’elle que vient le danger. L’égo, lui, a un projet. Il recherche la satisfaction de ses besoins. Il veut jouir. Pour cela il lui faut son territoire et se battre contre des concurrents qui ont les mêmes objectifs. Il a besoin de l’intelligence.
Produire une IA dangereuse pour l’humanité soulève des problèmes technologiques énormes, demanderait des années et mènerait ses concepteurs en taule… Pour des résultats sans intérêt : à quoi servirait des années d’abnégation pour mettre au point une IA dotée d’un ego artificiel bien saignant qui, par principe, n’obéira plus à ses créateurs et cherchera à les détruire ? Quel intérêt ? On a déjà nos voisins…
Enfin, si quelqu’un y parvenait malgré tout, sa « superintelligence » se retrouverait face au prédateur le plus féroce de l’histoire de la planète, équipé pour tuer, organisé pour tuer, qui aime tuer : l’homme ! Des milliards d’hommes. Pauvre petite bête ! Son sort est scellé.
Dormez, braves gens.
N.B. Breizh-info a publié un entretien avec M. de Lespinay en février 2017
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