29/09/2017 – 08H00 Vannes (Breizh-info.com) – Après un contrôle effectué l’an dernier, la chambre régionale des comptes de Bretagne vient de publier son rapport d’observations définitives sur la gestion du comité départemental du tourisme du Morbihan. Il ne se distingue guère de beaucoup d’autres : pas de défaillance grave mais une collection de petites dérives. La plus notable est que les comptes du CDT sont passés dans le rouge pour la première fois en en 2015. Il faut dire que la subvention reçue du département a diminué de 11,4 %… et que le CDT ne s’est pas serré la ceinture en proportion. Il a mené au contraire « une politique salariale favorable » : le coût horaire théorique du personnel a progressé de 11,9 % entre 2012 et 2015. Rares sont évidemment les entreprises du secteur privé à pouvoir en dire autant.
La chambre a également noté diverses peccadilles comme l’absence de remise en concurrence périodique de certains prestataires de services et une politique d’adhésions « peu lisible », au point que certaines collectivités peuvent se trouver triplement représentées au sein du comité !
Mais surtout, le rapport de la chambre régionale des comptes met en lumière les grandes problématiques d’un comité départemental du tourisme. La question n’est pas neutre : le tourisme en Morbihan représente environ 1 milliard d’euros, soit 10 % du PIB du département. Il fournit 4,6 % de l’emploi total en moyenne, avec de fortes variations entre basse et haute saison. Il totalise un tiers des nuitées régionales de la région Bretagne (sans la Loire-Atlantique).
Le Morbihan serait donc la locomotive touristique de la Bretagne ? C’est là que le bât blesse. En 2015, le CDT a changé de cœur de métier : naguère prestataire de services pour les acteurs du tourisme, il a obtenu du conseil départemental du Morbihan qu’il lui confie la conduite de la « stratégie marketing du département ». C’était marcher sur les plates-bandes du comité régional du tourisme de Bretagne, qui voyait la situation autrement : à lui la stratégie et la promotion, aux comités départementaux l’organisation de l’offre. Dans un navire, il y a un capitaine et des soutiers… et voilà que les soutiers veulent tenir la barre eux aussi.
Le CDT se donne donc désormais « comme mission principale la promotion de la destination ‘Morbihan’ ». Non pas Morbihan au sein de la Bretagne, mais Morbihan seul, « la destination ‘Bretagne’ étant perçue comme trop peu valorisante (météo, peur de l’ennui, activités contemplatives) ». Son président ne mâche pas ses mots. Il considère, écrit la chambre, « que la stratégie régionale serait fondée sur une ‘erreur majeure d’analyse marketing, territoriale, dont la finalité du client est totalement absente’ ». Et il a le soutien du président du conseil départemental du Morbihan, pour qui le tourisme est une « compétence partagée » au titre de la loi NOTRe : le département peut mener une autre politique que la région.
Le CDT voudrait attirer davantage les « catégories socioprofessionnelles supérieures », constatant notamment que 20 % des touristes sont des cadres dans le Morbihan contre 24 % au plan national. Il entend donc « capitaliser sur ce que le Morbihan fait de mieux pour affirmer un l’image d’une destination haut de gamme (nautisme, tourisme d’affaire, thalasso, etc.) » et « faire du Morbihan une destination ‘tendance’ dans les médias ». « Ce choix assumé », ajoute la chambre régionale des comptes « constitue toutefois un frein à la mutualisation et à la complémentarité des stratégies de communication de la région et du département. »
Il va de soi que ce particularisme morbihannais pourrait pénaliser le tourisme régional en brouillant l’image de la Bretagne. Mais que, ajoutera-t-on, il est peu de chose par rapport à l’aberration d’un découpage régional qui morcelle le tourisme breton en excluant la Loire-Atlantique.
Photo : les remparts de Vannes. Crédit : photo Vassil, domaine public, Wikimedia Commons
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