22/09/2017 – 09h30 Nantes (Breizh-Info.com) – La nouvelle journée syndicale contre la loi Travail a moins rassemblé ce jeudi – 132.000 manifestants dans toute la France selon la police contre 223.000 mardi dernier (400.000 selon la CGT). Pas de bon augure pour le mouvement national que les syndicats espèrent construire, avec une grève des transports à partir du 25 septembre, manifestation des retraités le 28 septembre, de la fonction publique le 10 octobre etc. Mais aussi pour la journée de mobilisation voulue par Mélenchon le 23, dans 48 heures.
Pour l’heure, Macron – encouragé par Valls – tient bon et signera les ordonnances qui réformeront le code du Travail ce vendredi midi.
En Bretagne, ce jeudi, plusieurs milliers de personnes se sont encore mobilisées.
A Nantes, environ 5000 personnes ont défilé – contre 10.000 la semaine dernière. La manifestation ne s’est guère illustrée – au début tout au moins – que par de nombreux nouveaux tags sur la préfecture et le long du cours Saint-Pierre, la plupart des activistes violents étant en ce moment là à Bure, où la police a perquisitionné chez les opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires.
Vers 16h05 la police a barré les issues autour du carrefour face à l’Hôtel-Dieu, la CGT a essayé de forcer le passage et s’est fait repousser avec du gaz lacrymogène – ce qui a eu pour effet d’accélérer la dispersion des manifestants. Pendant ce temps là, un marginal, la trentaine, connu pour faire des allez-retours entre squats en ville et la ZAD, a balancé un pavé dans le commissariat du cours Olivier de Clisson et s’est fait interpeller. Alors que le gros de la manifestation s’était dispersé, certains syndicalistes CGT appelaient à 16h30 à aller murer la permanence du président de l’Assemblée nationale, le député François de Rugy (ex-EELV devenu En Marche), rue Paul Bellamy.
Évidemment, la police ne les a pas laissés passer. Les maçons, qui n’ont eu guère d’occasion de s’exercer depuis juin dernier, ont dû se contenter de murer la route près du rond-point devant l’Hôtel-Dieu. Ils ont été délogés peu avant 18h00 et le mur détruit avant qu’il ne sèche, à l’aide de canons à eau. Onze autres personnes ont été interpellées pour avoir résisté avec violence à la police, dont deux syndicalistes CGT de l’union locale du sud-Loire. Sur ces douze interpellations, dix personnes ont été placées en garde à vue pour différentes infractions, une autre – un des deux syndicalistes CGT – est en salle de dégrisement ; les cégétistes affirment de leur côté avoir été interpellés alors qu’ils étaient dans le camion syndical. Trois policiers ont été blessés et au moins un manifestant.
Les autres manifestations ont été plus calmes – et souvent plus clairsemées que la semaine dernière. Ainsi, 2000 personnes ont défilé à Saint-Nazaire, 250 à Lannion (auxquelles s’ajoute un débrayage de 300 personnes chez Nokia sur fond de plan social), 3500 à Rennes contre 5 à 6000 la semaine dernière, 1500 à Brest contre 3000 la semaine d’avant, 350 à Quimper (contre plus de 1000), 1000 à Lorient – où, curiosité locale, la CFDT locale avait aussi appelé à manifester –, 1100 à Saint-Brieuc (contre 1700 la semaine dernière), 250 à Quimperlé, à peine 120 à Guingamp, 100 à Pontivy, 30 à Vitré, 100 à Carhaix (contre 500 la semaine d’avant), 500 à Saint-Malo et 350 à Morlaix. Soit en tout 16.450 manifestants en Bretagne historique.
Toutes ces manifestations se sont déroulées dans le calme, et la plupart du temps, sous un ciel peu clément. A Rennes cependant, il y avait 500 étudiants en tête de cortège, dont 50 jeunes autonomes cagoulés qui ont essayé de forcer le passage vers le centre historique, rue du Maréchal Joffre, et ont été repoussés. Une poubelle a été incendiée pendant les affrontements. A Nantes comme à Rennes, un service d’ordre syndical renforcé, et une grande mobilité de la manifestation pendant son parcours déclaré à Rennes et son premier (et unique) tour de centre-ville à Nantes, ont permis d’éviter que des émeutes n’éclatent.
Néanmoins l’échec relatif de cette journée de mobilisation n’arrête pas pour autant les opposants à la loi Travail. Une nouvelle journée de mobilisation intersyndicale devrait avoir lieu la semaine prochaine, bien que la CFDT et FO ont abandonné le front syndical et que les travailleurs restent de marbre face aux cris d’orfraie des autres organisations. Le 25 septembre, des blocages sont prévus à l’initiative de chauffeurs routiers qui ont rejoint le mouvement, dans l’idée de « paralyser l’économie ». Les opposants au projet de loi espèrent aussi lancer des blocus dans les lycées et les facultés.
Louis Moulin
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