SPACE Rennes : 1447 exposants pour la vitrine de l’agriculture productiviste française

 15/09/2017 – 06h30 Rennes (Breizh-Info.com) – Plus de 100.000 visiteurs dont 12.000 étrangers (notamment issus de Chine, Ukraine, Russie et pays d’Afrique et du Maghreb), 1447 exposants dont 490 étrangers, plus de 140 nouveaux cette année, le SPACE est un salon agricole impressionnant par son ampleur.

Cette année encore à Rennes, c’est un franc succès, non dénué cependant de bémols alors que l’agriculture oscille entre inquiétude pour son avenir et nécessité du progrès technologique.

Contrairement à l’année dernière, il y a moins de russes – la Russie a maintenant aussi une industrie agro-technologique, en plein essor, qui suffit à bien des nécessités du marché intérieur. Mais il y a des délégations des pays africains, du Maghreb, de Chine. Dans les allées, on trouve aussi des fabricants chinois, polonais, allemands, hollandais, danois… mais aussi des PME bretonnes dynamiques.

«Hanovre a le plus grand salon mondial de l’élevage avec Euro Tier », lâche Dimitri, qui court les grands salons agricoles du monde entier pour le compte de son entreprise en Russie. «Mais ici à Rennes, le SPACE, c’est le salon le plus important de France et le plus professionnel à mon avis. J’essaie de venir chaque année ».

Pendant le SPACE, la ville de Rennes est encore plus embouteillée que d’habitude et la capacité hôtelière se révèle complètement insuffisante. L’imbroglio logistique lié au manque de planification et à l’étalement des chantiers multiples qui défigurent le chef-lieu d’Ille-et-Vilaine se révèle avec toute sa force, plombant les horaires des navettes qui relient la gare – enfin le Trou de la gare – et la SPACE. Au mieux, il faut une grosse demi-heure pour faire les cinq kilomètres. Au pire, près d’une heure vingt.

Au sein du SPACE, toutes les facettes du monde agricole sont représentées, et nombre de métiers, offrant au grand public une intéressante vue en coupe de l’agro-industrie en France et de son importance dans le tissu économique national et régional. De la conception 3D à la fabrication de machines, de la chaudronnerie au couvage des oeufs, du pis de la vache à la maîtrise d’oeuvre en bâtiments agricoles, de la conception de matériaux nouveaux aux robots de traite, l’agro-industrie est un monde.

Le SPACE est aussi le lieu d’expression d’inquiétudes agricoles. Visibles sur le stand des organisations de productions cunicoles, la filière étant en grande crise . Mais aussi à côté de celui des filières avicoles.

« Nous en avons assez du bashing systématique des paysans qui sont dans l’agriculture conventionnelle », confie un éleveur avicole des Côtes d’Armor. « On n’a jamais autant respecté la réglementation que maintenant, les élevages français sont à la pointe de la technologie, et ils nourrissent les français… ce que le bio ne pourra jamais faire. Ce serait bien que les médias reviennent à plus de raisons et arrêtent de dénigrer systématiquement l’agriculture conventionnelle, productiviste… dont c’est effectivement l’objectif de produire pour nourrir les gens ».

Michel, qui produit des poules pondeuses dans le centre-Bretagne, revient sur les vidéos de l’association L214. « Quand on voit un élevage avec des bâtiments dégueulasses, des cages pas nettoyées, des toiles d’araignées qui pendent etc. il faut se dire déjà que c’est ultra-marginal, et que si l’éleveur n’est pas mort, c’est qu’il va mourir ou fermer. Sale, ça veut dire qu’il y a de la mortalité, du rebut à l’abattoir, des maladies, et c’est donc moins, moins, moins sur le résultat. Ce n’est déjà pas facile, mais avoir un élevage insalubre, c’est la mort de l’exploitation à court terme ».

Le SPACE est surtout la vitrine de l’agriculture productiviste française; les grands – le groupe Avril, LDC, Sanders ou encore Doux y tiennent quartier, aux côtés de TPE perdues dans les monts d’Arrée ou au fin fond de l’Ardèche. A cela s’ajoute toute une ferme, vaches Salers, Limousines ou Charolaises, boeufs reproducteurs et autres génisses qui font l’objet de concours puis sont vendues aux enchères.

En 2017, 13 races bovines et 10 races ovines et caprines sont représentées. Certaines partent très loin. « J’en ai vendu au Kazakhstan, en Russie, en Afrique », nous confie un naisseur vendéen (Gaec Godet-Retailleau), aux côtés de son taureau Macallan. Ses taureaux disposent d’une généalogie qui remonte sur plusieurs générations et permettent de sélectionner les animaux porteurs des meilleures qualités. Nombre de pays étrangers se sont lancés depuis des années dans une politique systématique d’amélioration de leurs animaux d’élevage. Sans l’excellence française, pour beaucoup, cela aurait été impossible.

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : BREIZH-INFO.COM
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

3 réponses à “SPACE Rennes : 1447 exposants pour la vitrine de l’agriculture productiviste française”

  1. Vlan dit :

    « nécessité du progrès technologique » : Vous pouvez développer ? Quel sens d’un point de vue agronomique, M. Greffe ?
    Le modèle « productiviste » concentre les exploitations, et a nettoyé 1/4 des exploitations agricoles en 10 ans.
    L’agriculture « productiviste » est une insulte à l’intelligence, en particulier française. Rappelons qu’elle est déficitaire dans le rapport énergie investie/énergie reçue (ici, récoltée), mesuré en calories. Je suis content que toute la droite ne tombe pas dans ce panneau, Rivarol en étant critique.
    C’est la préhistoire de l’agriculture, littéralement. Le degré zéro de l’efficience et de la raison.

  2. Vlan dit :

    Ça ne change rien : l’agriculture « intensive » est commode mais inefficace : 1 calorie récoltée pour 8 calories investies, c’est un système qui ne vaut rien sur le long terme (déjà on prévoit des crises de phosphore)
    Il m’est égal que des personnes d’autres natures que la nôtre soient concernées par la faim, chacun ses problèmes. À partir de ce moment-là, une agriculture familiale intelligente est une excellente garantie
    Saviez-vous que la France a perdu en 10 ans 25% de ses agriculteurs ? Justement à cause de l’endettement conjoint de ces techniques inefficaces et coûteuses.

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

RENNES

Rennes : les barricades des dealers, un double abandon des habitants

Découvrir l'article

Agriculture

Crise de l’agriculture. Ils ont dit…

Découvrir l'article

RENNES

Bien vivre ensemble à Rennes : un contrôleur de bus agressé, la sécurité sur le réseau STAR en question

Découvrir l'article

Animaux, Environnement, Sociétal

La ferme aux 3000 vaches en Haute-Vienne : un symbole des dérives agricoles et de la possible menace Mercosur ?

Découvrir l'article

RENNES

Bien vivre ensemble à Rennes. Un homme grièvement blessé à Villejean après une fusillade

Découvrir l'article

RENNES

Décembre à l’Espace des sciences de Rennes : des conférences passionnantes pour élargir vos horizons

Découvrir l'article

RENNES, Sociétal

Rennes : la soirée caritative « La Nuit du bien commun » ciblée par l’extrême gauche et des élus rennais

Découvrir l'article

Economie

« 40 % des agriculteurs français vivent sous le seuil du RSA, et 80 % touchent moins que le SMIC brut »

Découvrir l'article

Immigration, Local, RENNES

Rennes : quand une association de « soutien aux Sans-Papiers » s’inquiète du manque d’implication de ces derniers

Découvrir l'article

BREST, CARHAIX, DINARD, GUINGAMP, International, LORIENT, MORLAIX, NANTES, QUIMPER, RENNES, ST-BRIEUC, ST-MALO, ST-NAZAIRE, VANNES

Keir Starmer et la taxe sur l’héritage agricole : une attaque contre les agriculteurs britanniques

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky