13/09/2017 – 05h20 Nantes (Breizh-Info.com) – Plus de belles paroles, des actes ! C’est ainsi qu’on peut résumer l’état d’esprit des agents de la TAN et de (presque tous) leurs syndicats, déterminés à ce que l’insécurité disparaisse du réseau. Après la journée blanche mi-août suite à deux agressions violentes d’agents et la poursuite des tensions sur le réseau, des demandes très claires ont été adressées à la direction de la SEMITAN par les syndicats et les agents. Ceux-ci sont aussi déterminés à faire de la lutte pour la sécurité des agents la première des urgences.
Le 13 août un texte a fait le tour de la SEMITAN : celui de Laurent Fournel, conducteur à la TAN depuis 15 ans, non syndiqué, et qui affirme « Mon métier je l’aime et je le défends, car cela fait 15 ans qu’il est une partie de ma vie, mais à présent j’ai peur. Peur de rentrer le soir chez moi abîmé ou que ma direction annonce à ma famille que je ne rentrerais pas ce soir, suite à une agression gratuite… »
Il explique que son métier ne se résume plus à conduire un bus ou un tram, mais à « encaisser les insultes, les menaces, les crachats, les gestes obscènes et parfois les coups ». Et d’asséner : « la vie et notre société se sont considérablement dégradés avec un laxisme de plus en plus fort et une répression de plus en plus faible ». Il appelait à la journée blanche du lendemain – au cours de laquelle aucun bus ni tram n’a circulé, ni à la TAN, ni chez les affrétés – en concluant : « Je suis Laurent, je suis conducteur, j’aime mon métier mais j’ai peur pour ma sécurité et celle de ma clientèle ».
Le 17 août, la section syndicale SNTU-CFDT, majoritaire, a adressé une alarme sociale à la direction de la TAN, au sujet de l’insécurité. Le syndicats y adresse la « demande d’effectifs renforcés d’agents de contrôle et de prévention sur l’ensemble de la journée (de l’ouverture à la fermeture du réseau) », mais aussi « d’une véritable BSTC en nombre, dédiée au réseau urbain, durant toute la durée du service », d’une « meilleure réactivité de la police lors d’un appel d’urgence d’agents SEMITAN ». Le syndicat demande aussi que la justice suive – en rapidité comme en réaction – lors des agressions d’agents.
Suite à cette alarme, une réunion a eu le lendemain entre la CFDT et la direction de la SEMITAN. Lors de celle-ci la CFDT a demandé une réorganisation des missions de contrôle et de prévention. Le syndicat a « affirmé que la politique menée par Nantes Métropole en termes de sécurité depuis des années avait atteint ses limites ; que la «Belle Endormie» de province était devenue une Métropole avec toutes les difficultés qui vont avec ». Si la direction reconnaît que la délinquance est un réel problème, « la question se pose du côté de l’Autorité Organisatrice (Nantes Métropole) qui semble avoir du mal à intégrer l’ampleur du phénomène », s’interroge le syndicat.
Le 22 août a eu lieu la réunion des délégués du personnel pour le mois. La première question concerne les mesures prises contre l’insécurité à Commerce. La direction répond que la police municipale est présente jusqu’à 23 heures, la police nationale fait des rondes après – c’est effectivement le cas jusqu’à deux, voire trois heures du matin – et les agents ont des consignes de prudence.
Toujours sur les questions d’insécurité, la CFDT réclame un local de relève à Mangin. C’est non pour la direction. Pourtant c’est là qu’une conductrice de la ligne 26 a été violemment agressée – et sa caisse dérobée – le 2 août dernier. Déjà oublié pour la direction de la SEMITAN ?
La direction oppose une autre fin de non-recevoir quand la CFDT demande à enrichir les rapports sécurité et accidents – ceux-ci, à strict usage interne, ne listent en effet que les agressions et dommages au matériel les plus graves, et non la totalité, comme le réclament de nombreux agents. La direction répond que l’amélioration du rapport ne se fait que par la voie hiérarchique, et que « ce rapport est synthétique et factuel, et c’est très bien comme ça ». Synthétique, certes, mais elliptique aussi.
A peine deux semaines plus tard, à la réunion D.P du 7 septembre, la question du rapport sécurité et accident resurgit. La CFDT « demande de faire paraître toutes les incivilités déclarées, et d’arrêter de demander des rapports internes » aux conducteurs – jusque là, pour qu’un conducteur réussisse à faire figurer sur le rapport une agression ou un dommage dont il ou son véhicule sont victimes, il faut qu’il fasse un rapport interne sur son temps de travail. Le temps étant compté, et les conducteurs n’ayant pas que ça à faire, c’est une façon efficace et économique de décourager de nombreux agents… et d’escamoter diverses « incivilités ». Cette fois, la direction esquive en demandant des faits plus précis.
Le syndicat demande aussi que les bus de la navette aéroport et ceux qui circulent le dimanche soient équipés de vitres anti-agression. Cette fois, c’est sérieux – cela relève de l’obligation de sécurité au travail, déjà fortement malmenée à la TAN où huit agents sur dix auraient déjà été agressés ou insultés depuis leur embauche – et la direction accepte de le faire rapidement.
Les autres syndicats de la SEMITAN – notamment la CGT et la CFTC soulèvent eux aussi les thématiques de l’insécurité sur le réseau, comme ils le font depuis des mois voire des années. Un seul se démarque : SUD-Solidaires, proche de l’extrême-gauche – un mouvement politique qui s’y connaît vraiment question insécurité, a trouvé deux sujets bien plus urgents : les distributeurs de boissons, mal entretenus, qui donneraient mal au ventre des agents – à supposer qu’ils aient le temps de s’en servir, et la manifestation du 12 septembre, qu’ils accompagnent d’un préavis de grève.
Louis Moulin
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