Au centre de Nantes, le jeune SDF file sa pelote

06/09/2017 – 07h15 Nantes (Breizh-Info.com) – MàJ 08/9/2017 20h : Si un de nos lecteurs a une piste d’emploi, même à temps partiel, ou d’hébergement pour Jérôme, merci de nous écrire ou de laisser un commentaire, nous lui transmettrons.

Située au milieu de la rue du Calvaire, la place des Volontaires de la défense passive est symbolique de la Reconstruction nantaise. Créée par les architectes Michel Roux-Spitz et Yves Liberge, elle est, avec ses immeubles arrondis, le navire amiral du courant moderne à Nantes. Située entre la tour Bretagne et la rue Crébillon, le boulevard Guist’hau et la place de l’Ecluse, c’est aussi un lieu central où tout le monde passe. Sur cette place, toutes les catégories sociales se croisent, se pressent. Il y a aussi des marginaux, des SDF, et parmi eux un jeune pas comme les autres.

Il ne boit pas.
Il n’hurle pas des insanités d’une voix éraillée.
Il ne fait pas la manche pour lui et/ou ses chiens.
Il ne fait pas de la mendicité agressive, en tirant les passants par la manche.
Il ne vend pas de la drogue ou ne fait pas de vols avec violence pour mettre du beurre dans les épinards, comme d’autres.
Il ne demande rien.

Il tricote.

Devant lui, une tasse pour ceux qui auraient bon cœur.

Et tout devant, une affiche : « Recherche travail dans les domaines suivant. Facteur. Serveur. Plongeur ». En lettres noires sur fond blanc, tissée elle aussi.

Jérôme est à la rue depuis 2010, après des études dans l’hôtellerie-restauration. Il a aujourd’hui 27 ans. Né à Nantes, il est français de souche. « J’ai commencé à tricoter quand je n’étais pas encore SDF, j’étais alors pâtissier et plongeur. C’était d’abord comme un défi, comme un coup de folie. Quand je me suis retrouvé à la rue, j’ai continué ».

Il vend les choses qu’il tricote – vêtements chauds, bonnets. Et tient à acheter lui-même ses pelotes, « comme ça je sais que j’ai de la laine de bonne qualité ».

Un fil violet, un fil blanc, les fils courent le long de la trame.

Au fil des années à la rue, Jérôme a réussi parfois à décrocher un emploi, « un mois, deux mois parfois ». Insuffisant pour sortir de la rue – un quart des SDF en France sont dans son cas. « Un ou deux mois, c’est insuffisant pour les agences immobilières et les propriétaires. Faut avoir des garanties ou alors du piston ».

Tous les SDF ne sont pas égaux, remarque-t-il. « L’Etat a fait un tas de structures pour les étrangers qui sont à la rue. Ils peuvent avoir des aides, des logements, du travail. Pour les français, c’est démerde-toi, j’ai l’impression ».

Un fil violet, un fil blanc, maille à maille, le fil tisse sa vie.

« Le travail est rare quand on est à la rue. Dans la restauration, il faut avoir un peu d’expériences et surtout un hébergement stable, pour des raisons d’hygiène. Dans la maçonnerie, ils exigent cinq ans d’expérience et le permis. Je n’ai ni l’un, ni l’autre ».

Il ne cesse de chercher, tout ce qui se présente « le matin je suis ici à tricoter, et l’après-midi je fais des démarches, pour tout ce qui se présente, pas seulement facteur, plongeur ou serveur. A force de poser des CV partout, je finirai bien par avoir quelque chose ».

Actuellement, il a « de la chance, je suis hébergé par des amis. Je vends aussi ce que je tricote ». Et il continue à chercher de l’emploi, déposant sans relâches ses CV.

Le long des aiguilles à tricoter, les mailles montent. C’est un poncho.

Bien d’autres SDF, aussi jeunes voire plus que lui, sont tombés dans la spirale de la dépendance, puis de la déchéance. Auprès de lui, ni joint ni canette de bière. « La drogue ? Non, je n’ai jamais été tenté. J’ai toujours eu un bon mental, ça aide à tenir. Je finirai par m’en sortir ».

MAJ 28/09/17 : Suite à notre article, Jérôme a trouvé un logement pérenne et a une promesse d’embauche ferme. Merci à nos lecteurs pour leur générosité.

Louis Moulin

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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12 réponses à “Au centre de Nantes, le jeune SDF file sa pelote”

  1. Frog in Uniform dit :

    Donnons lui des bobines de kevlar/carbone, il pourra nous tricoter les gilets pare balles ou pare lames qui feront partie de l’habillement indispensable du Français du 21ème siècle.

    Jérôme, sérieusement si tu veux t’en sortir (et ta première impression était la bonne) il faut que tu te fasses passer pour un étranger, de préférence un « réfugie » fuyant un régime répressif, et un pays où tu risques d’être -encore- emprisonné et torturé si tu y retournes. Tu dois porter des fringues un peu inhabituelles pour un européen, mais avec tes talents de bricoleur, ce ne sera pas un problème, et te tatouer sur les bras et sur le front (au bleu de méthylène, car cela disparait en une dizaine de jours) des slogans en arménien:
    երկար ապրող ազատ Հայաստան
    ou en kirghiz:
    Агыш Эркин Кыргызстан
    afin d’être pris au sérieux car il ne faut jamais sous estimer la puissance de la chose écrite, c’est elle qui fait foi car les paroles s’envolent et les écrits restent. N’hésite pas à en faire des tonnes: fais toi une attelle bidon ou un bras en écharpe, fais toi des fausses cicatrices avec de la colle neoprène, de fausses plaies avec du sparadrap, de la gaze et du sang animal, marche avec une canne ou une béquille, tâche de puer comme une bête (cela évite en plus de trop longs entretiens où on risque de se mêler de tes affaires) Tu te présentes ensuite à une police municipale ou une brigade de Gendarmerie quelconque et tu déclares (dans un français épouvantable et en cherchant tes mots) avoir perdu tes papiers ou te les être fait voler, pour cela mémorise bien ta nouvelle identite, ton nouveau lieu de naissance et une centaine de mots en arménien ou en kirghize. Avec cette précieuse déclaration de perte de papiers d’identité tu demandes l’asile politique et tu obtiens ton statut de réfugié prioritaire qui te fera accéder à toutes ces structures d’accueil que notre bienveillante raie publique refuse à ses cons citoyens.
    Bon courage, Jérôme.

  2. Tite dit :

    Breizh Info fait un article sur un jeune homme droit et courageux et tout ce que vous trouvez à commenter porte sur le fait de savoir s’il est Breton ou Français ? !!… Étranger parce que Français ?
    Vous êtes l’exemple même de la caricature qui fait détester les Bretons même au-delà de nos frontières… Étriqués, arrogants et méprisants à l’égard de tout ce qui n’est pas breton… selon vos critères.
    Quel sale esprit… à vomir. J’ai honte pour vous et pour mes ancêtres… Bretons.

    • Gwendal Pennanech dit :

      Qui vous parle de mépris? Je pense plutôt sémantique, appelons un chat un chat et un Breton un Breton. Il s’agit très probablement d’un jeune Breton justement. C’est quand même quelque chose d’être Breton , même lorsqu’on vit dans l’indigence . Quant aux « Français » ils sont à la fois tout et rien , car le concept est trop vague pour pouvoir l’accoler au mot « souche » justement. Il y en a de toutes les souches et même de toutes les couleurs.

      J’ai beaucoup voyagé et je n’ai jamais rencontré cette détestation des Bretons sauf à Paris et dans la nomenklatura française.

      • jaouen dit :

        Mais qu’est ce qu’on s’en fout qu’il soit Breton, vendéen ou autre chose ! C’est un français dans la merde, et tout ce que vous trouvez à faire, c’est de faire tout un bintz sur son appartenance régionale ! C’est Clochemerle !

        Pour info, les Kurdes, qui ont pourtant bien des choses à reprocher aux Turcs, et qui sont tout de même bien plus différents d’eux que ne le sont aujourd’hui les Bretons des Français, n’hésitent pas à faire preuve de solidarité communautaire avec eux. C’est particulièrement vrai à Nantes où nombre d’immigrés kurdes ont bien réussi et racheté des cafés de quartier notamment (il s’agit déjà de la 2nde génération) et/ou des épiceries de nuit, et sont donc sortis du circuit d’insertion classique restauration rapide/BTP/manoeuvres où l’on trouve encore beaucoup de turcs, même en 2nde génération.

    • Alain dit :

      Encore un bel exemple d’un Français qui ne sait pas ce que c’est qu’un Français… (avec l’auteur de l’article cela fait 2).

      Et ben oui, si ce jeune homme est Breton, il n’est pas Français.
      Est-ce une raison pour le détester? Non, certainement pas…

      Vous voulez que tout le monde soit Français…?
      Ne vous inquiétez pas… d’une manière ou d’une autre, on y vient…!

      Parce que vous êtes Français (même si vous ne savez pas ce que cela signifie) vous considérez que vous avez le droit d’insulter les Bretons et de mépriser vos ancêtres parce qu’ils furent Breton..!

      Donc pour avoir le respect, il faut se dire Français…?

      Votre comportement relève de la pathologie.

    • Retrograde dit :

      Occidental ou pas un français en Bretagne reste un étranger…
      Et vous ? Vous trouvez quoi à commenter à part le commentaire des autres ? Vos ancêtres sont Bretons ? Sur quel critère définissez vous un étranger ? A son origine ? Extra-européenne ou non ? Ce sont de vous que vos ancêtres doivent avoir honte, retournez donc lécher le cul de nos colonisateurs, ceux qui sont responsables de notre grand remplacement…
      (Une chance sur deux que ce commentaire soit autorisé vu la censure qu’il existe sur ce site, on est loin de fdesouche…)

    • Frog in Uniform dit :

      Meuh non, personne ne déteste les Bretons, la preuve: le monde entier s’invite chez eux!

  3. David Torondel dit :

    « Tous les SDF ne sont pas égaux, remarque-t-il. « L’Etat a fait un tas de structures pour les étrangers qui sont à la rue. Ils peuvent avoir des aides, des logements, du travail. Pour les français, c’est démerde-toi, j’ai l’impression ». »

    Ca n’est effectivement qu’une impression : Les étrangers demandeurs d’asile ne bénéficient que rarement d’un logement, et quand ils en ont un ils ne sont pas prioritaires par rapports aux français. Quand aux aides, elles sont inférieures : pour une personne seule, française, le RSA est à 504 €/par mois. Pour un étrangers en demande d’asile, s’il n’a pas de logement son aide est de 366 euros/mois. S’il n’est ps en demande d’asile, il n’a droit à rien.

    Si ce monsieur a la chance de trouver un travail, ce que je lui souhaite, il pourra travailler. Un étranger en demande d’asile, non… sauf si au bout de 9 mois il est encore en procédure ET s’il trouve un travail… et s’il en trouve un, la préfecture peut le lui refuser, si le travail en question peut être fait par un français.

    S’il y a un combat à mener, ce n’est pas en faisant circuler ces préjugés mensongersque vous le gagnerez… le combat à mener, c’est celui d’une vraie politique sociale, pour TOUS, sans chercher à opposer les personnes en situation de précarité.

    • Ludo22 dit :

      Tiens donc ! toto a déjà entendu parler dans les dernières décennies de construction dans l’ urgence de centres d’ hébergement, d’ achat d’ hôtels ou de nuitées d’ hôtel 3 * pour nos SDF, même durant les hivers les plus rudes… Rêve ! La préférence étrangère est à l’ œuvre. Merci les sotscialauds.
      Mais, toto-bisounours, on parle là de personnes illégalement entrées sur le territoire national, d’ aventuriers économiques entrés par effraction alors que dans tous les pays d’ où ils proviennent ou bien qu’ ils ont traversés il existe des ambassades, des consulats où ils auraient pu déposer réglementairement une demande d’ asile.
      Ces escrocs, ces forceurs de frontières inexistantes devraient être renvoyés d’ où ils viennent sans discussion ni murmure… Ce sont des hors la loi, ils doivent être traités comme tels et non hébergés, logés, nourris, soignés, rétribués aux frais des contribuables.
      Arrêtez vos jérémiades et vos mensonges, l’ aide apportée à des hors la loi doit être sanctionnée financièrement par des amendes, de la prison en cas de récidive.

  4. Acadian dit :

    Ce jeune homme me fait de la peine, il est très courageux et il ne se laisse pas aller. Je vais poster cet article sur mon profil Facebook et voir si mes amis Canadiens peuvent l’aider.
    https://www.facebook.com/houari.yorrh

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