30/08/2017 – 06h45 Berkeley (Breizh-Info.com) – C’est un drame qui avait ému l’Amérique. Une petite fille de 13 ans avait disparu pendant près d’une année. Sa mère l’avait finalement retrouvée sur un site d’annonces en ligne, présentée comme une esclave sexuelle. La petite Kubiiki Pride avait été droguée, battue, violée et louée comme esclave sexuelle. Pour le retrouver, sa mère avait dû parcourir des milliers d’annonces en lignes postées sur le site Backpage.com, le plus gros site d’annonces américain.
Heureusement, ce genre de recherches pourrait être rendu bien plus facile grâce à l’intelligence artificielle.
Intelligence artificielle et Bitcoin
« Internet a permis l’émergence de nombreuses méthodes dont les trafiquants peuvent tirer parti », explique Rebecca Portnoff, chercheuse à l’université de Californie. « Ils peuvent facilement atteindre de grosses audiences et générer beaucoup de contenu sans avoir à se révéler. »
Mais la chercheuse et ses collègues ont développé un nouvel outil qui pourrait bien changer la donne.
L’idée est simple : utiliser la capacité de l’intelligence artificielle à repérer des modèles communs dans les publicités suspectes et, ensuite, utiliser les informations relatives aux paiements par Bitcoin pour identifier les personnes ayant posté les annonces.
Pour identifier les auteurs des annonces sexuelles en ligne, l’outil de Rebecca Portnoff analyse le style dans lequel les publicités sont rédigées. L’intelligence artificielle, entraînée sur des milliers d’annonces différentes, souligne lorsque des styles similaires ont été utilisés et regroupe ensemble les annonceurs suspects afin de faciliter les investigations.
Ensuite, c’est en analysant le moyen de paiement que l’affaire avance. Sur Backpage.com, toutes les transactions se font en Bitcoin. Si la monnaie empêche tout stockage d’informations sur l’identité, chaque utilisateur possède un portefeuille numérique qui est enregistré au moment de la transaction. L’intelligence artificielle cherche alors le fichier « blockchain » (où sont conservés des informations comme l’identifiant du portefeuille numérique) pour identifier le portefeuille correspondant à chaque publicité. En combinant cela avec les informations comme la date et l’heure de publication des annonces supsectes d’être l’œuvre de trafiquants d’esclaves sexuels, « la police a un bon candidat à des investigations approfondies » assure Portnoff.
Déjà un succès en quelques semaines de test
Pour Carrie Pemberton Ford, porte-parole du Cambridge Centre for Applied Research in Human Trafficking, cet outil n’aidera pas seulement à identifier les potentiels trafiquants « mais aussi à supporter les efforts du Parquet dans un domaine où l’argent se déplace avec rapidité à travers divers instruments financiers avant de disparaître sans laisser de trace. »
Pendant une période de test d’un mois, l’équipe de recherche a testé l’outil sur 10 000 annonces. 90 % des annonces rédigées par une même personne ont été correctement identifiées avec seulement 1 % de faux positif. Un des portefeuilles numériques traqués par l’équipe était même lié à plus de 150 000 $ de publicités sexuelles, ce qui en ferait un possible candidat pour être un gang d’exploiteurs sexuels.
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