28/08/2017 – 06h30 Saint-Louis (Breizh-Info.com) – C’est une étude qui risque de faire parler d’elle, d’autant plus qu’elle est publiée dans une atmosphère extrêmement lourde. Alors que l’écrasante majorité des médias et des militants antiracistes – qui sont parfois les mêmes – évoquent chaque jour le drame de la suprématie blanche et des discriminations racistes envers les minorités ethniques, celle-ci apporte des éléments chiffrés sur la réalité sociale américaine.
Une étude qui n’avait jamais été menée
Publiée par la revue scientifique à comité de lecture PLOS ONE le 24 août dernier, elle a été menée par une équipe de 8 chercheurs dirigée par Brian Boutwell de l’université de Saint-Louis dans le Missouri.
Le résumé de l’étude :
Une grande partie de la recherche en sciences sociales est dédiée à la compréhension des causes et des corrélations de la discrimination. Comparativement, moins d’efforts ont été fournis pour fournir une estimation de la fréquence générale des discriminations en utilisant un échantillon représentatif.
La présente étude vise à offrir une telle estimation en utilisant un grand échantillon de sondés américains (14 793) tout en explorant également les perceptions des sondés quant aux causes des discriminations qu’ils auraient subies.
Les résultats fournissent une estimation des discriminations signalées par les sondés. Ces discriminations de toutes origines ont été rapportées par un quart de tous les membres de l’échantillon.
Étrangement, cette étude est la première du genre alors que le débat sur les discriminations fait rage. Serait-ce la peur de découvrir qu’elles ne sont pas aussi importantes que dénoncées?
Un nombre de discriminations raciales inférieur à celles d’autres origines.
Les chercheurs mettent en garde sur l’interprétation des résultats obtenus, notamment car il s’agit de la première étude du genre. Les résultats semblent pourtant assez probants pour qu’ils annoncent clairement que cette étude vient contredire assez radicalement ceux qui voudraient agiter la société américaine sur ce thème.
« Nos résultats indiquent qu’un majorité de l’échantillon a rapporté n’avoir jamais expérimenté de discrimination ou de manière extrêmement rare. »
Le tableau ci-dessus se lit comme suit : 30,34 % des 9 707 Blancs interrogés (sur un total de 14 638 sondés) n’ont jamais connu de discrimination. Ils représentent 66,13 % de ceux qui n’ont jamais connu de discrimination (un pourcentage important qui vient de la taille du groupe des Blancs).
La colonne « Ever experience discrimination » (addition des items « jamais » et « rarement » par les chercheurs) se lit comme suit : 76,47 % des Blancs n’ont quasiment jamais connu de discrimination et 67,80 % des personnes n’ayant quasiment jamais connu de discrimination sont des Blancs.
Le tableau ci-dessus se lit comme suit : 3,62 % des Blancs ont connu une discrimination basée sur la race, les origines ou la couleur de leur peau.
En effet, parmi les 70 % d’Afro-américains ayant affirmé avoir déjà été victimes de discrimination, 25 % d’entre eux ont dit qu’il s’agissait d’une discrimination raciale.
Au total donc 17,5 % des afro-américains auraient déjà été discriminés en fonction de leur race.
Si ce chiffre est très important, il est évidemment beaucoup plus nuancé que le discours de certains militants de la cause noire qui parlent d’un racisme structurel.
Parmi les 65 % d’Asiatiques ayant déjà expérimenté une ou plusieurs formes de discrimination, 17 % ont évoqué une discrimination raciale. C’est donc 11 % des membres de cette communauté qui auraient été confrontés à un cas de ce type.
Les auteurs de l’étude, tout en restant très prudents, ne s’y trompent pas : « Nos résultats fournissent donc au moins quelque chose se rapprochant d’un contrepoids à des possibles affirmations exagérées sur la la discrimination qui serait un fait majoritaire de la vie contemporaine américaine. Les résultats [de notre étude] semblent, pour l’essentiel, contradictoires avec ce genre d’affirmations. »
NF
Crédit photo : Santeri Viinamäki [CC BY-SA 4.0] /
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Une réponse à “États-Unis : Une étude sur la réalité des discriminations”
Les auteurs de l’étude font observer eux-mêmes que leur étude ne couvre pas toutes les discriminations. Ils citent en exemple la discrimination « pour cause d’affiliation politique », ce qui est particulièrement pertinent en cette époque de chasse aux « suprémacistes » réels ou supposés d’après Charlottesville à travers les Etats-Unis.
Ils remarquent aussi que certaines personnes peuvent considérer que leur groupe est discriminé sans avoir éprouvé de discrimination elles-mêmes. Cette remarque est sans doute à rapprocher de la tendance des communautés à vivre entre elles (un « apartheid choisi », en quelque sorte). Beaucoup de Blancs ne rencontrent jamais de Noirs autrement qu’en les croisant dans la rue ou à l’occasion de rapports purement fonctionnels (passage en caisse dans un supermarché, livraison d’une pizza, etc.). Même chose pour les Noirs. Il faut espérer qu’une future étude prendra cet aspect en compte. Mais il n’est pas du tout impossible que les politiques actuelles de diversité imposée accroissent le sentiment de discrimination au lieu de le réduire.