27/08/2017 – 07h40 La Gacilly (Breizh-Info.com) – C’est l’événement qui fait la spécificité de La Gacilly depuis quatorze années. La jolie commune traversée par l’Aff et célèbre pour l’implantation de l’entreprise Yves Rocher se pare tous les étés de magnifiques photographies grand format. Plusieurs centaines de milliers de personnes étaient attendues cet été pour le festival de photographies dédié à l’Afrique.
Du 3 juin au 30 septembre, le festival « I love Africa » fait vibrer La Gacilly. Un énième événement ethnomasochiste ? Au contraire, les œuvres de grands photographes témoignent des différences énormes entre Africains et Européens. Des diversités qui font la richesse de l’humanité.
Mais ces expositions mettent aussi en exergue ce drame qui touche l’Afrique subsaharienne : l’incapacité à s’émanciper du monde occidental et à développer l’économie du continent.
Le drame de l’Afrique en grand format
C’est le thème de ce festival. Logiquement la photo africaine y tient une place prépondérante. Parmi les œuvres les plus intéressantes, les photographies de Jean Depara qui, entre 1951 et 1975, a immortalisé des scènes de cette Afrique post-coloniale. C’est ainsi au Congo que le photographe a œuvré. L’exposition à La Gacilly est intitulée « Les nuits et les jours de Kinshasa » et rend compte de l’exubérance des nuits africaines après l’indépendance. Outre la valeur historique de ces photographies, on apprécie particulièrement de voir le contraste saisissant entre les mines réjouies des personnes immortalisées et la pauvreté des lieux qu’ils fréquentent. Au travers de ces photographies, c’est finalement les maux de l’Afrique qui apparaissent. Exubérance contre pauvreté, clinquant contre insalubrité. Les danseurs, tout sourire, se déhanchent au milieu d’une hangar sale, les jeunes africains enjoués se pavanent au milieu de la pauvreté.
Dans le même ordre d’idée – qui peut, de toute manière, échapper à ces oppositions si fortes ? – les œuvres d’Akintude Akinleye sur le Nigéria interpellent. Ce pays traversé par les raffineries et parsemé de mines d’or est un modèle des drames d’une Afrique incapable de préserver l’environnement et d’exploiter par elle-même ses richesses.
Preuve supplémentaire de ce drame continental, le travail de Baudoin Mouanda sur « Brazzaville et les rois de la SAPE » démontre que ce mal rongera sans doute l’Afrique subsaharienne pendant longtemps. Ces photographies de Congolais singeant les canons vestimentaires occidentaux provoque un mélange de sympathie envers la bonne humeur mais aussi un sentiment de tristesse de voir les Africains plus enclins à penser à leur style qu’à développer leur pays.
Drame nucléaire au Kazakhstan et animaux si humains
Outre la photographie africaine, plusieurs expositions annexes de grande qualité sont à visiter.
En exclusivité, le festival de La Gacilly présente « Kazakhstan, les fantômes du nucléaire » au sein de la Maison de la Photographie – Fondation Yves Rocher. Cette exposition prenante sur les essais nucléaires communistes réalisés dans la région de Semipatalinsk dépeint les conséquences mortelles des 456 essais nucléaires réalisés dans cette région du Kazakhstan. A noter que près de 200 000 villageois auraient servi de cobayes et certains en portent des séquelles qu’il est dur de regarder en face.
Autres photographies impressionnantes, celles de Tim Flach. « Plus qu’humains » porte bien son nom. Cette exposition présente des photos de qualité exceptionnelle. Des portraits d’animaux qui font effectivement transparaitre une sensibilité animale qui interpelle les visiteurs.
Le festival de photographie de La Gacilly vaut donc le détour, d’autant qu’il est entièrement gratuit. Il reste un peu plus d’un mois pour en profiter et admirer certaines œuvres de très grande qualité.
Crédit photo : DR
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