23/08/2017 – 07h30 Bastia (Breizh-info.com) – Les choses bougent en Corse. Les dernières élections territoriales (décembre 2015) ont donné les clés de l’île à la coalition indépendantiste – régionaliste, ce qui s’est traduit par l’installation de Gilles Siméoni à la tête de l’exécutif de la collectivité territoriale de Corse (mini gouvernement composé de neuf membres) et de Jean-Guy Talamoni à la présidence de l’assemblée de Corse (24 nationalistes sur 51 membres). Confirmation de cette évolution a été donnée lors des élections législatives de juin 2017 où les candidats présentés par « Pé a Corsica » ont raflé trois circonscriptions
(Sartène, Bastia et Corte – Calvi) sur quatre. Prochain rendez vous électoral en décembre 2017 où les électeurs auront à élire une nouvelle assemblée territoriale qui précédera l’installation en janvier d’une future collectivité unique de Corse (fusion de l’actuelle et des deux départements).
Il paraît que les nationalistes partent favoris des élections territoriales car les idées autonomistes ont largement infusé dans la société corse. A la question : « Que veut dire être nationaliste corse en 2017 ? », Gilles Siméoni répond : « La quasi-totalité des Corses sont nationalistes, même s’ils ne revendiquent pas cette étiquette. Pour eux, la certitude qu’il existe un peuple avec sa langue, ses intérêts, sa capacité à maîtriser son destin est une évidence. Nos idées ont gagné, en partie parce que nous avons réaffirmé que le seul chemin qui vaille pour nous est celui de la démocratie, du respect de toutes les opinions, même quand ce ne sont pas les nôtres. Le tout en réaffirmant que ce sont les Corses et eux seuls qui décident de ce que doivent être leur présent et leur avenir. » (Libération, 03/08/2017).
Le « modéré » Siméoni ne fait que confirmer ce qu’écrivait dans une tribune le «dur» Talamoni au lendemain de la victoire de décembre 2015 : «La Corse n’est pas une simple circonscription administrative française, mais une nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique propre, sa manière de participer au monde.» (Le Monde, 19/12/2015). Un gars sympa ce Talamoni, sur qui l’Elysée et Matignon peuvent compter, puisqu’un mois plus tard il déclarait : «La France est un pays ami de la Corse» (France-Info, 18/01/2016).
Pourtant, on sent un certain agacement chez Gilles Siméoni : « La situation d’attente dans laquelle nous nous trouvons commence à devenir inquiétante. Plus de deux mois se sont écoulés depuis la présidentielle. Nous comprenons que d’autres questions, françaises, internationales, soient essentielles, mais le silence ne peut tenir lieu de politique dans les rapports entre l’État et la Corse. IL est inenvisageable – cela a portant été dit de façon officieuse – que le dialogue ne débute qu’après les prochaines élections territoriales. Nous ne pouvons pas prendre encore quatre ou six mois de retard, c’est maintenant qu’il faut un geste fort ! » (Libération, 03/08/2017).
Erreur du tandem Siméoni – Talamoni : avoir oublié d’inviter Emmanuel Macron et madame à venir en vacances dans l’île. Sur le plan touristique, la Corse est mieux que Marseille ! Et c’était un moyen efficace pour créer ce fameux « dialogue ».
B. Morvan
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Une réponse à “Corse : que font Philippe et Macron ?”
Je ne partage pas l’opinion exprimée dans le dernier paragraphe. Inviter le chef de l’Etat colonisateur en vacances, que ce soit en Corse ou en Bretagne renforce le cliché d’une île parc à touriste pour Français. Et s’il s’agit de négocier, des discussions, un »terrain neutre » (ni en Corse ni à Paris) seraient bien plus logiques. Mettre les petits plats dans les grands pour le président des Français donne un mauvais signal, celui d’une France »chez elle » dans les territoires conquis. Tout comme se rendre à Paris donne l’impression que les peuples occupés courbent l’échine.