Les relations Le Drian/Macron : de l’eau dans le gaz

22/08/2017 – 07h15 Paris (Breizh-info.com) – Pendant la campagne présidentielle, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense nationale et président du conseil régional de Bretagne, roulait pour Emmanuel Macron. Macron avait besoin de Le Drian. Macron souhaitait transposer à l’échelon national la stratégie qu’appliquait Le Drian aux élections régionales en Bretagne : additionner les voix de la gauche, du centre et, éventuellement, de la droite.

Mais il semble que la lune de miel soit terminée. « Le candidat d’En marche ! n’avait plus de mots assez doux pour vanter les états de service d’un des rares ministres populaires de François Hollande, dont le ralliement à Emmanuel Macron avait été savamment orchestré. Quelques mois plus tard, les relations ont évolué. Le Breton, désormais à la tête du Quai d’Orsay, ne fait plus l’objet d’autant d’attentions. Comme si une distance s’était installée entre les deux hommes » (Le Figaro, 02/08/2017).

Après la démission du général Pierre de Villiers, Le Drian a fait preuve d’une grande prudence dans ses propos. Mais on sent qu’il désapprouve le comportement de Macron : « Le général de Villiers est un grand soldat, d’une grande intégrité et exigence. Le Président, sans modifier son engagement, a tranché, pour cette année, dans un sens différent de celui que souhaitait son chef d’état-major. Celui-ci en a tiré les conséquences. Je respecte sa décision. » (Les Échos, 20/07/2017). On raconte que Le Drian, qui s’est si souvent battu pour sanctuariser le budget de la Défense n’a pas apprécié les coupes annoncées (850 millions). Et un ami socialiste juge ainsi sa réponse à la question posée par Les Échos (« Que pensez-vous de la démission du chef d’état-major des armées ? ») : « Sur l’échelle de Richter de Jean-Yves, c’est l’indice d’un profond mécontentement. » (Le Monde, 10/08/2017).

A coup sûr, en obligeant Jean-Yves Le Drian à abandonner la présidence de la région Bretagne, Macron avait tout de suite contrarié son ministre des Affaires étrangères. Car, pour Le Drian, le plus important, c’est la Bretagne. Le rêve de sa vie.

Bernard Morvan

Photo Jérémy Barande/Flickr (cc)
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Une réponse à “Les relations Le Drian/Macron : de l’eau dans le gaz”

  1. Pschitt dit :

    Macron est un ancien ministre de l’Economie ! L’armée a toujours eu tendance à être un Etat dans l’Etat et à chercher à « sancturariser » son budget. Avec Le Drian, ministre fort d’un président faible, elle a accentué son pouvoir.
    Macron veille à la caresser dans le sens du poil par des signes symboliques : le command-car de sa sortie sur les Champs-Elysées, la visite d’un sous-marin nucléaire, etc. C’est le côté gant de velours.
    Mais « en même temps », il a une main de fer : il a écarté Le Drian, réduit le budget militaire et sauté sur le premier prétexte pour fendre l’oreille de Villiers. Bref, il met l’armée au pas.
    Et, toujours « en même temps », Macron veut être le visage international de la France. Là, il continue le travail de Hollande, qui a tenté d’incarner la diplomatie française à partir du moment où il a compris, en 2014, que sa politique intérieur était un échec. Pour éviter d’avoir un ministère des Affaires étrangères fort comme celui de la Défense, il a nommé Ayrault, qui avait fait la preuve de son inexistence comme premier ministre. L’évolution des Affaires étrangères vers une mission plus administrative que régalienne était déjà engagée. Ayrault n’a fait que suivre la pente. Bref, Le Drian s’est fait avoir en acceptant le poste.

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