Russie. Après l’attentat de Sourgout, la piste islamiste de plus en plus crédible

20/08/2017 – 08h15 Moscou (Breizh-info.com) – Les heures passent et le mobile terroriste semble de plus en plus crédible pour l’attaque qui s’est produite ce samedi 19 août à 11h20 heure locale à Sourgout, une riche ville pétrolière du nord de la Russie, qui compte plus de 300.000 habitants. L’attaque semble reprendre le même scénario que celle faite par un marocain âgé de 18 ans à Turku en Finlande la veille et qui a fait deux morts et huit blessés dont quatre graves.

Un jeune homme armé d’un couteau s’est en effet attaqué aux passants des rues Lenine et Bajov, en centre-ville, au hasard, faisant sept blessés dont quatre graves. Parmi les victimes – deux hommes et cinq femmes – il y a un couple de personnes âgées. Dans la soirée, la télévision d’Etat Vesti a affirmé qu’une des victimes était dans un état critique, trois autres dans un état grave, une autre a déjà pu quitter l’hôpital.

Une vidéo prise par les caméras de vidéo-protection du centre-ville, montrant l’assaillant vêtu de noir qui court avec son couteau, a été rapidement mise en ligne sur les réseaux sociaux.


L’auteur de l’attaque a essayé de résister à la police qui l’a abattu sur le champ, quelques minutes après le début de l’attaque. Son identité a été établie : il s’agit d’Arthur Gadjiev, le fils âgé de 19 ans d’un extrémiste bien connu, Lametulah Gadjiev.

Ce djihadiste radicalisé est originaire du Daguestan, une république musulmane du Caucase russe, voisine de la Tchétchénie, qui a bénéficié d’importants apports de fonds de la part des pays du Golfe dans les années 1990 et où l’islamisme radical est très implanté. Comme la Tchétchénie et l’Ingouchie, le Daguestan a fourni des centaines de combattants à l’Etat Islamique et au Front al Nusra (Al Quaïda) en Syrie et en Irak.

Le centre-ville de Sourgout a été bloqué peu après l’attaque et deux centres commerciaux évacués alors que la police se déployait en masse. La police a démenti rapidement avoir arrêté une seconde personne en lien avec l’attaque, comme l’ont affirmé des médias locaux, ni que l’attaquant était issu de l’Asie centrale musulmane.

Sourgout est, avec 360.000 habitants, la plus grande ville du district autonome des Khanty-Mansis ; elle est à 2100 km à l’est de Moscou. Fondée en 1594 pour exploiter les ressources locales en poissons, elle s’est développée avec la production de pétrole et de gaz à partir de 1957. C’est aujourd’hui une ville dynamique, en croissance continue, la troisième plus riche de Russie.

La police russe privilégie l’acte d’un déséquilibré alors que l’EI a revendiqué l’attentat : une position jugée suspecte par certains médias

L’Etat Islamique a revendiqué l’attaque de Sourgout via son agence de presse, Amaq. En même temps, l’organisation terroriste – interdite en Russie – a aussi revendiqué l’attentat de Cambrils en Catalogne, quelques heures après celui des Ramblas à Barcelone ; il avait fait sept blessés dont 6 civils, la police catalane ayant abattu cinq terroristes qui utilisaient leur voiture pour foncer dans la foule sur la promenade du bord de mer.

Cependant la police russe, elle, ne privilégiait pas dans l’après-midi la thèse terroriste car elle n’en était pas assurée à 100%, malgré le parcours du père du terroriste. Les services de police russes sont en train de vérifier si l’auteur de l’attaque n’était pas suivi pour des problèmes d’ordre psychiatrique et liés à la drogue – selon ses proches, il arrivait à Arthur Gadjiev de prendre des substances qui le mettaient dans un état second. Une information judiciaire pour tentative d’homicide a été ouverte.

Cependant, plusieurs médias battent en brèche la position de la police. Svobodnaïa Pressa, proche de l’opposition anti-occidentale, traditionaliste et nationaliste, affirme en effet que « la version [d’un acte commis] par un déséquilibré ou un homme qui a pris des drogues opiacées est très pratique pour le pouvoir régional et fédéral. Et la volonté des tenants du pouvoir ne pas semer la panique et la haine inter-religieuse est compréhensible. Mais tout cela ne reflète pas ce qui s’est passé et contredit la réalité ».

Svobodnaia Pressa explique notamment que peu après le déclenchement de l’attaque, ce sont des démineurs et des maîtres-chiens qui se sont rendus sur place – ce qui cadre mal avec le coup de folie meurtrier d’un éventuel déséquilibré ou d’un camé. Elle relaie aussi les affirmations de témoins de l’attaque qui ont expliqué sur le réseau social Vkontakte qu’il y avait deux attaquants, habillés dans des vestes à capuches noires. L’un d’eux aurait crié « Allah Akbar » et d’autres choses inintelligibles.

Par ailleurs selon les photos de l’assaillant publiées par la télévision russe Ren-TV, il semble avoir eu une ceinture d’explosifs factice. Le média Mash, présent sur la messagerie cryptée Telegram et le réseau social Vkontakte, affirme de son côté qu’aucun explosif n’a été trouvé sur le corps de l’assaillant.

Les forces de l’ordre ont effectivement réalisé une autre interpellation dans les environs du lieu de l’attaque, mais démentent tout lien avec celle-ci. Elles affirment au contraire que l’attaquant agissait tout seul, et n’avait pas de complice connu à ce jour.

Le média russe Life s’intéresse à la méthode utilisée par Arthur Gadjiev pour blesser ses victimes. Selon celles-ci, « il ne s’agitait pas avec son couteau, mais frappait méthodiquement pour provoquer des blessures les plus graves possible ». Le média rapproche ces faits des vidéos que l’EI met en ligne pour «expliquer comment blesser les gens avec un couteau de façon à les tuer le plus vite possible. Il est remarquable de constater que ces instructions expliquent comment attaquer des gens désarmés, c’est à dire des civils qui sont souvent démunis pour s’opposer au terroriste ». La télévision d’Etat russe Vesti confirme que l’auteur de l’attaque frappait ses victimes au cou et au ventre.

Il y a déjà eu des islamistes condamnés pour avoir préparé un acte terroriste au nord de la Russie ; il s’agit d’Abdul Magomedaliev et Rizvan Agashirinov, rappelle Life. Ils ont été condamnés l’an dernier à 20 et 16 ans de colonie de travail pour avoir préparé, d’octobre 2013 à avril 2014, l’explosion de la mosquée de Pyt-Iakh, dans la même région.

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : Wikipedia (cc)
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