12/08/2017 – 06h15 Rennes (Breizh-Info.com) – Le 02 juin 2017, le chef d’établissement de la prison pour femmes de Rennes émettait une « note à l’attention des personnes détenues » portant notamment sur les tenues vestimentaires portées dans la journée, en dehors des cellules. Une note qui a provoqué la colère d’une partie des détenues de la prison pour femmes qui ont adressé un communiqué.
Sur la note, qui est un « rappel des consignes du règlement intérieur sur le respect des tenues vestimentaires des personnes détenues au CPF de Rennes », on peut lire :
Afin de respecter la sensibilité des personnels, des personnes détenues et les règles de vie en collectivité, je tiens à vous rappeler les consignes suivantes de tenue vestimentaire que chaque personne détenue se doit respecter, sous peine de sanction disciplinaire :
-Les vêtements de type djellaba ne sont pas autorisés en dehors et au-delà de la cellule (interdit de port en salle commune des divisions, sur cour de promenade,…)
-Tout vêtement ou signe de caractère religieux n’est pas autorisé en dehors et au- delà de la cellule.
-Les vêtements laissant paraître des parties du corps dénudées doivent être interdits au-delà de la cellule. Il en est ainsi des vêtements suivants :
-short court (en deçà du genou)
-débardeur (laissant paraître la poitrine et les bras nus)
-tee-shirt court (laissant paraître la partie basse du ventre)
Ces vêtements peuvent être autorisés uniquement sur cour de promenade (en période estivale) sous réserve d’être portés lors des mouvements sous des vêtements dissimulant la partie dénudée du corps.
-Les maillots de bain ne sont autorisés qu’exclusivement sur la cour de promenade. Lors des mouvements, ils doivent donc être dissimulés sous un vêtement plus habillé (n’est pas considéré comme vêtement habillé une simple serviette ou foulard autour du bassin ou des épaules).
-Lors d’entretien ou d’audience (avec des personnels, des intervenants, des experts ou des avocats,…), le port de chaussons, claquettes, short, débardeur, pyjama est strictement interdit.
Ces règles sont édictées pour respecter le principe d’une tenue vestimentaire dite correcte respectant la pudeur et la sensibilité de chacun.
Les réactions n’ont pas tard au sein des détenues du Centre Pénitentiaire pour femmes – via un communiqué toutefois rédigé dans un langage très « militant féministe ».
Madame, Monsieur,
Nous sommes des filles, mères de famille, femmes, détenues au Centre Pénitentiaire pour Femmes de Rennes.
Nous souhaitons aujourd’hui vous alerter sur les différentes notes produites par la Direction de CPF qui portent atteinte à notre intégrité de femme et qui surtout, heurtent violemment notre pensée féministe.
Suite à la dernière note produite par le directeur du CPF, nous avons décidé de porter le débat sur la place publique et demander le concours et soutien de voix publiques, militantes, légales,… féministes.
L’amalgame qui est fait dans cette dernière note, que vous trouverez ci-joint, est à nos yeux, raciste, discriminatoire, anti-liberté de culte et d’expression, misogyne, insultant pour les femmes que nous sommes… et totalement contraire à nos droits humains.
Nous pouvons jouer la carte de la provocation ou celles de la confrontation non pensée, non organisée et au final, vaine. Ce sera ainsi permettre à la direction du CPF d’avoir le dernier mot, puisqu’elle dispose de moyens « légaux » mis à disposition par la Direction de l’Administration Pénitentiaire, pour réprimer brutalement et injustement, à l’abri des murs et loin du législateur, en plus de rajouter hors de toutes juridictions, des peines d’incarcération allongeant la peine initiale de détention*.
Mais nous ne voulons pas de cette voie-là. Nous choisissons la voie du militantisme et celle du féminisme. Nous voulons porter notre parole hors des murs.
C’est pour cette raison que nous vous contactons pour solliciter votre aide dans notre résistance à ces brimades sur notre pensée et cette tentative de contrôle sur notre corps.
Nous voulons faire cesser ce discours, ces pratiques et ces mots spécifiquement utilisés, d’un autre temps. Les femmes prisonnières n’ont plus à être traitées comme « des femmes de petite vertu » (sic) qui n’ont d’autres perspectives heureuses que d’être enfermées dans des couvents, à la merci de religieuses aigries.
Aidez-nous en portant le débat sur la voie publique et en diffusant le plus largement possible ce courrier et la note ci-joint.
Comptant fortement sur votre soutien.
Bien cordialement,
Nous (certaines) prisonnières identifiées du CPF de Rennes
* Sanction disciplinaire :
Un compte rendu d’incident (CRI) est à un rapport établi par un agent pénitentiaire à une détenue sous quelque prétexte que ce soit. Cela donne lieu à un entretien avec un officier de détention qui vous signifie que vous êtes convoquée à une commission disciplinaire. Lors de cette commission, vous serez condamnée à être confinée plusieurs jours dans votre cellule, ou isolée seule dans une division totalement vide d’autres occupants, ou encore à un séjour au mitard. En plus de cette humiliation, vous subirez un retrait de jours de RPS (remise de peine) déjà acquis et une peine supplémentaire de prison, pouvant aller jusqu’à quatre mois, voire plus.
Le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes est la plus grande prison pour femmes d’Europe. D’une capacité de 298 places, il constitue une exception en France, puisque contrairement à la plupart des prisons françaises, il n’y a pas de surpopulation carcérale (mais par contre des bâtiments sont très vétustes). Au regard du taux d’occupation (travail, études,..) qui est en moyenne nationale carcérale de 24%, il était, en 2014, de 61% dans cette prison de Rennes, un taux exceptionnel.
En début d’année, une équipe de TF1 dirigée par Eric Lemasson avait été autorisée à filmer et à y faire un reportage dans le cadre de l’émission « grand reportages ». Un reportage passionnant et instructif (voir l’interview du réalisateur ici) – malheureusement pas trouvable pour le moment en Replay .
Crédit photo : DR
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3 réponses à “Prison pour femmes de Rennes : une nouvelle directive qui fait réagir des détenues”
La prison doit être sanctuarisée. Uniformes non dégradants pour toutes ( et tous ), légers l’été, plus chauds l’hiver.
Voilà ce qui arrive quand on se refuse à mettre en place un usage bien connu, classique dans le monde carcéral: l’uniforme! Mais en France, on adore décidément créer des problèmes et se compliquer la vie!
L’uniforme carcéral existe dans la plupart des pays et n’engendre pas de mobilisation féministe mondiale!
si l’administration pénitentiaire distribuait un « uniforme » aux détenus plutot que de leur laisser le choix vestimentaire, ce problème ne se poserait pas et personne ne protesterait.