27/07/2017 – 07h30 Paris (Breizh-info.com) – Benoît Hamon – Ben de Saint-Renan pour les intimes – vient de monter sa petite entreprise ; elle s’appelle « Mouvement du 1er juillet ». « J’ai décidé de quitter le Parti socialiste », avait lancé ce samedi 1er juillet sur la pelouse de Reuilly (Paris) ce grand polytraumatisé de la politique : écrabouillé au premier tour de l’élection présidentielle (6,35% à l’échelon national et 11,84% à Saint-Renan), puis humilié aux élections législatives dans son fief (?!) de Trappes (Yvelines) puisque éliminé au soir du premier tour car arrivé en troisième position avec seulement 22,59% des exprimés. Mais avec une abstention de 58,31%, impossible d’atteindre des 12,5% des inscrits requis pour être qualifié au second tour. Une certaine Nadia Hai (LRM) – une « enfant du pays » (sic) qui habitait à Trappes « jusqu’à ses 27 ans », avant de s’installer à Paris et devenir conseillère en gestion de patrimoine chez Barclay’s (Libération, 26 mai 2017) – a donc pris sa place au Palais-Bourbon.
« L’idée, c’est de lancer, en sortant de la dictature de l’urgence, un mouvement qui fonctionnera et délibérera vraiment de manière horizontale et collective », explique Ben de Saint-Renan (Libération, 30 juin 2017). Vaste programme.
Très content de lui, Benoît Hamon se félicite des débuts de sa nouvelle formation politique : « Nous avons beaucoup de dons, et il y a eu environ 6 000 adhésions les deux premiers jours après le lancement, beaucoup n’ont jamais milité ailleurs. Plein de comités se créent, on laisse les choses se faire, se monter toutes seules. » (Le Monde, 10 juillet 2017). Les bons connaisseurs de la vie politique connaissent la règle du jeu : il faut toujours diviser par dix le nombre des adhérents revendiqués par les partis, surtout lorsqu’on a affaire à de petites épiceries montées dans l’improvisation et dépourvues de structure solide. Sans oublier qu’un adhérent – un vrai – n’est pas quelqu’un qui se contente de remplir un vague formulaire de soutien, mais une femme ou un homme qui verse une cotisation. Et là, en général, il y a peu de « volontaires »…Notons au passage qu’Europe écologie-Les Verts ne compte guère plus aujourd’hui que 1 500 adhérents (Le Canard enchaîné, 12 juillet 2017). A comparer avec les prétentions de « Ben ».
Puisque « plein de comités se créent » (sic), on serait curieux de savoir si les 603 électeurs hamonistes (premier tour de la présidentielle) de Saint-Renan ont eu la bonne idée d’en créer un.
En bon politicien soucieux de ménager la chèvre et le choux, « Ben », qui se flattait de « quitter le Parti socialiste », n’a pas abandonné totalement la rue de Solférino : un pied à l’extérieur, un pied à l’intérieur. En effet, son fidèle lieutenant, Régis Juanico, député de Saint-Étienne – Nord (groupe Nouvelle gauche à l’Assemblée nationale), est membre de la nouvelle direction collégiale du PS : « Je pense que, si les partisans de Benoît Hamon n’avaient pas été représentés, il y aurait eu quelques réactions violentes au sein du PS. » (Le Monde, 10 juillet 2017). On a le droit de rêver…
Tout cela fera sourire ceux qui se souviennent que Benoît Hamon a mangé à tous les râteliers du PS. N’a-t-il pas appartenu à l’écurie Rocard par exemple ? Avant quelques autres.
En attendant, notre homme y voit clair question stratégie ; il l’a détaillée récemment : « C’est simple. J’ai beaucoup de chances de gagner la partie. Soit mes copains restés au PS [notamment Régis Juanico et Guillaume Balas, NDLR] contribuent à l’achever et mon mouvement du 1er juillet prend toute la place, soit, au congrès, ils prennent la tête du PS et je fusionne avec eux. » (Le Canard enchaîné, 19 juillet 2017). Le double battu (23 avril et 11 juin) s’y voit déjà…
Bernard Morvan
Crédit photo : Marion Germa/Wikipedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
2 réponses à “Benoît Hamon voit grand”
quel ton méprisant cet article pour B.Hamon ….c’est oublier les moutons parti chez « macaron » croyant trouver l’herbe plus verte ….et tout les lâches et traitres de son parti …..qui n’ont pas vu que son programme était futuriste et que les 6,36 % etaient des votes de conviction qui lui sont restés fidèles ….j’en suis et trés fière ….
Vous tirez sur une ambulance, là ! Pourtant, la démarche de « Ben » n’est pas forcément aberrante. Non seulement il a été désigné par la primaire de la gauche mais il a été plébiscité par beaucoup de permanents des fédérations départementales du P.S. S’il en jugeait par le monde étroit au sein duquel il vivait, il était vraiment le roi de la piste. Son échec électoral a dû lui paraître extrêmement injuste et il cherche à recréer cet univers miniature dans lequel il réussissait, comme un un radeau après un naufrage. Et puisque les débris du P.S. flottent épars, il y a une petite chance pour qu’ils finissent par s’agglomérer autour du plus gros radeau. En ce sens, on peut éventuellement dire que Benoît Hamon « voit grand ». Hélas, pour « faire grand », il faudrait déjà qu’il soit grand lui-même. Au sein du P.S., on ne le surnommait pas « Ben de Saint-Renan » comme vous dites, mais « P’tit Ben ». Le monde politique est bien grand et bien féroce pour un petit bonhomme.