23/07/2017 – 06h45 Paris (Breizh-Info.com) – 2,5 millions de français vivaient dans un désert médical en 2015, ce qui a provoqué notamment l’extension de la télémédecine.
Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France, commente : « Les déserts médicaux ne sont pas une fatalité. Mettre en place des offres de télémédecine ne changera pas la donne ni le sentiment réel d’abandon des populations concernées. Personne n’a jamais été rassuré par une régulation téléphonique, ni une vidéo qui sont souvent le premier recours avant la rencontre souhaitée avec un médecin. Les gens ont besoin de voir un médecin et les médecins ont besoin de voir des patients. Des solutions simples existent, nous les avons testées. Qu’on nous écoute enfin ! ».
« Faire disparaître de notre territoire les déserts médicaux en promouvant des offres d’installation modernes qui garantissent une meilleure coordination entre professionnels de santé facilitera l’attractivité des zones classées « déserts médicaux » pour les jeunes médecins autant que pour les internes. Mais il est aussi urgent de leur garantir à un niveau national de meilleures conditions d’exercice pour faciliter leur installation, grâce notamment aux propositions que nous portons depuis des années et qui petit à petit apparaissent comme les seules solutions ».
Des solutions proposées au gouvernement
Pour palier à cette désertification médicale, la FMF propose plusieurs solutions qu’elle soumet au gouvernement
· Rendre obligatoire une année de stage en libéral pour tous les étudiants en médecine et créer MUMS (Mobility of University Medical Students), sorte d’ERASMUS français pour les étudiants en médecine afin de leur apporter une ouverture sur leur pratique
· Doubler le salaire de l’interne qui choisira d’effectuer son internat en zone éloignée de sa faculté ou en zone démographiquement faible
· Garantir par la collectivité un logement pour l’interne et la prise en charge de ses transports
· Valoriser la maîtrise de stage pour les médecins engagés dans ce mentorat et leur donner les moyens d’accueillir correctement un interne, par exemple grâce à une rémunération calquée sur celles que reçoivent les hôpitaux pour prendre en charge ces jeunes et s’inscrire dans une démarche d’intérêt général
· Caler la couverture sociale, y compris le congé maternité, des médecins sur le régime des salariés les 5 premières années d’installation
· Créer un forfait structure garantissant des conditions d’exercice dignes pour une sécurisation de la prise en charge du patient
· Mettre un local à disposition du médecin et l’accompagner dans la prise en charge des patients
Le gouvernement va-t-il rentrer dans une phase de dialogue avec les personnels médicaux, et avec les médecins, ou fera-t-il preuve d’autoritarisme, comme avec l’armée ? Affaire à suivre.
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2 réponses à “Lutter contre les déserts médicaux. Des solutions ?”
Pour lutter contre les déserts médicaux, il faut lutter contre les déserts !
Inutile de chercher des solutions spécifiques à l’exercice de la médecine, la difficulté à installer des médecins n’est que le signe des abandons de territoires. Ils ont leurs caractéristiques propres selon qu’ils sont urbains ou ruraux. C’est en luttant contre ces abandons qu’on supprimera les déserts. En fait ce sont tous ceux qui sont en dehors des centres des métropoles, des grands axes de circulation et du littoral. En Bretagne la question se pose à partir des quelques dizaines de km en arrière des voies express qui ceinturent la péninsule. Le politique aurait la main sur la gangrène de la métropolisation qui organise un système social concentrationnaire avec l’élite près des centres de pouvoirs économiques et politiques. Autour des centres on trouve les ceintures banlieusardisées des précaires et des exclus puis plus loin les zones dites rurales. Et cependant c’est bien dans celles-ci qu’on a la meilleure qualité de vie à condition d’y trouver les services de communication modernes identiques à ceux offerts aux métropoles avec l’avantage qu’avec une saine répartition des populations et des entreprises petites et moyennes dans les communes rurales on évitera les problèmes des bouchons quotidiens de circulation, pertes de temps, etc … Règler ces problèmes est aussi une question de volonté des élus et de leurs électeurs.
Les services les moins coûteux sont tout simplement l’internet mobile avec la 3 et 4G puis ultérieurement la 5G. On nous promet le très haut débit par la fibre optique dans tous les foyers bretons … en 2030. Avant ce câblage individuel une répartition équitable ds antennes de téléphonie mobile réglerait une partie du problème de fracture numérique. La Roumanie qui n’est pas réputée le pays le plus riche d’Europe distribue partout des réseaux 3 et 4G y compris dans ses campagnes les plus reculées. Ce qui est possible en Roumanie devrait l’être en Bretagne qui à la spécificité d’avoir un habitat dispersé tout en ayant un accès au services urbains à moins de 30 mn et à moins d’une heure au littoral pour les plus éloignés. Comparativement aux campagnes continentales, le centre-Bretagne devrait objectivement être attractif. Pas de quoi se sentir éloigné de tout comme des enfants gâtés !
L’autre solution d’équité viendra par la mobilité physique que permettra la technologie en combinant véhicules électriques et conduite automatique (sans chauffeur). C’est pour demain.
Une amie a perdu son bébé au cours d’un trajet interminable pour se rendre à l’hopital en centre Bretagne. Allez-donc lui dire que c’est une « enfant gâtée » éprouvant un « sentiment d’éloignement ».