22/07/2017 – 10H00 Nantes (Breizh-info.com) ‑ Ce devait être l’œuvre la plus spectaculaire du Voyage à Nantes cet été ; elle est finalement un objet de risée. Quoi donc ? Paysage glissé, une « œuvre d’art in situ » accrochée aux remparts du château des ducs de Bretagne. Pour l’œil du profane, on dirait un toboggan. C’est en réalité un « ruban d’acier qui épouse les perspectives du mur d’enceinte forme une arabesque », assure Le Voyage à Nantes. Mais, reconnaît-il comme à regret, « c’est également une invitation à vivre les sensations de la glisse ». Un toboggan, quoi.
Cette structure métallique assez spectaculaire barre de haut en bas la partie des remparts du château reconstruite après l’explosion de la Sainte-Barbe qui détruisit la tour des Espagnols en 1800. Les amateurs peuvent gratuitement emprunter le toboggan depuis le rempart et glisser jusqu’au niveau des douves, soit une douzaine de mètres de dénivelée. Ou plus exactement, ils pouvaient. Car le toboggan est interdit d’accès depuis jeudi.
Le sort semble s’acharner sur lui. Il aurait dû ouvrir comme les autres installations du Voyage à Nantes, l’opération promotionnelle organisée chaque été par les responsables du tourisme nantais sur le thème de « la ville renversée par l’art », le 1er juillet. Mais le chantier a pris du retard : le calendrier a glissé comme le paysage et l’œuvre s’est ouverte au public avec douze jours de retard, le 13 juillet.
Un maximum de précautions avaient apparemment été prises. Accessible tous les jours de 10 heures à 20 heures, l’œuvre était constamment surveillée par deux médiateurs. Le premier, en haut, donnait le top-départ aux amateurs de glisse artistique ; le second, en bas, s’assurait de leur bon atterrissage. Faut-il le préciser ? la descente était interdite aux enfants de moins de 14 ans non accompagnés, sans doute parce qu’il est difficile d’apprécier une œuvre d’art à un si jeune âge. De hauts garde-corps empêchaient de voir le paysage glissant mais protégeaient contre les chutes. Le short et la jupe étaient interdits pour éviter les brûlures dues au frottement contre le ruban d’acier ; elles ont néanmoins été nombreuses.
Ces précautions n’ont pas suffi : deux accidents plus sérieux (dont l’un impliquant un enfant accompagné de son père) ont imposé une intervention des pompiers. Deux accidents c’était trop, bien entendu : le toboggan a été fermé au public au bout de huit jours et de moins de sept mille descentes comptabilisées. Rouvrira-t-il ? Cela suppose qu’un moyen de ralentir la descente soit mis en place. Clairement, le toboggan souffre d’une erreur de conception. Forain, c’est un métier…
On a souvent reproché aux organisateurs du Voyage à Nantes, qui existe depuis 2012, de faire appel à des artistes étrangers comme les japonais Tatzu Nishi ou Kinya Maruyama. Pour une fois, il s’était adressé à des créateurs installés à Nantes, l’agence Tact Architectes et le plasticien Tangui Robert. L’une comme l’autre manquaient apparemment d’expérience en matière de toboggan. Tout n’est pas négatif cependant. L’un des objectifs du Voyage à Nantes est d’obtenir une couverture médiatique maximale. Avec le toboggan, il a réussi à faire parler de lui dans toute la presse nationale. Mais l’image de marque obtenue n’est peut-être pas exactement celle qu’il souhaitait.
Crédit photo : le toboggan en cours de construction, DR
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