Quand je dis à mes amis américains que je suis parti vivre à Nantes, ils disent: «C’est où Nantes? Et tu épelles ça comment d’ailleurs?»
Je suis ravi de dire à mes amis qu’en fait, Nantes c’est génial. En fait, je n’ai pas l’intention de revenir aux États-Unis ou de partir ailleurs. Et qu’en fait Nantes est, étonnement, un excellent endroit pour les entreprises technologiques, en particulier les startups.
Avec le lancement de la station F à Paris, on entend et lit un peu partout ces jours-ci que Paris devient un nouveau centre pour les startups. Mais honnêtement, si je créais une nouvelle startup, je préfèrerais être à Nantes. Et j’écris ceci en français parce que je veux dire aux gens en France pourquoi moi, un Américain, pense que Nantes est si spéciale. Alors, excusez ma faible grammaire et mon vocabulaire étrange, j’apprends le français seulement depuis un an et demi :-)
Né à Chicago, après l’université j’ai déménagé en Californie et je suis devenu un startupper dans la Silicon Valley. J’ai vendu ma première startup à Google, j’ai passé quelque temps à travailler chez Google et j’ai lancé une deuxième startup qui est devenue une grande entreprise. Pendant ce temps-là, je suis également tombé amoureux d’une Nantaise. Au cours de ces années, j’ai eu la chance de découvrir la ville de Nantes qui me charmait de plus en plus avec le temps. Et à un moment donné, j’étais absolument prêt à emménager ici.
Alors, pourquoi Nantes est-elle si géniale? Je peux faire une liste des choses évidentes: les gens sont gentils et détendus et accueillants. Les fruits de mer sont incroyables. L’infrastructure de transport en commun et de vélo est une des meilleures en Europe. Les vignobles et les vergers et le bord de mer juste à l’extérieur de la ville sont magnifiques. Il y a de l’art et de l’énergie créative partout. Le coût de la vie est environ 1/3 de celui de San Francisco et peut-être 1/2 de celui de Paris.
Mais la vérité est plus profonde que cela. L’un de mes écrivains préférés, Italo Calvino, a écrit que «les villes, comme les rêves, sont faites de désirs et de peurs». En dix ans à San Francisco, il était clair que le désir au cœur de la ville est le suivant: réussir. Résultat, la ville est obsédée par le travail et la technologie. Bien sûr, c’est un stéréotype, et il y a beaucoup de gens à SF qui ne partagent pas ce désir ; mais c’est clairement dominant dans la culture. À Paris, peut-être que l’un des ses grands désirs est également de réussir, mais il me semble que le désir d’être cool ou important d’une manière ou d’une autre est peut-être même supérieur.
À Nantes, le désir qui motive la ville est clairement celui-ci: vivre une bonne vie. Vivre en harmonie avec la nature. Passer du temps avec sa famille, partager de bons repas, profiter de ses vacances. Être créatif, parce que c’est amusant et beau. C’est une ville avec de fortes valeurs humaines et environnementales.
Peut-être que c’est pourquoi les gens à Nantes sont sympathiques, détendus et accueillants. Peut-être que c’est pourquoi 10 000 personnes se déplacent à Nantes chaque année, en particulier de Paris, ce qui donne à la ville une ambiance optimiste.
Ce que j’aime aussi, c’est que Nantes est une ville simple. Je veux dire, il n’y a rien de super célèbre ici – ce n’est pas un site classé au patrimoine de l’UNESCO, ce n’est pas connu pour une chose ou une autre. Car ce qui arrive parfois avec les villes «très spéciales», c’est qu’ils deviennent des victimes de leur succès: les foules touristiques sont écrasantes pour les habitants, elles deviennent trop commercialisées et coûteuses. Nantes possède de nombreux sites, musées, châteaux, parcs et attractions, mais tous les sites restent accessibles – et pour moi, cela les rend encore plus spéciaux.
Pour les start-up technologiques, je pense que Nantes est idéale. Tout d’abord, parce qu’il y a tout simplement des gens talentueux qui aiment la qualité de vie et qui ne se déplaceraient nulle part ailleurs. Même dans une petite ville d’une population de 300 000 personnes, il y a 20 000 personnes qui travaillent dans l’industrie de la technologie – et il y a des écoles supérieures en ingénierie, en design et en commerce. C’est l’endroit idéal pour construire votre équipe. Nantes a certaines startups qui ne sont plus des startups, car elles ont réussi et ont grandi jusqu’à des centaines d’employés en quelques années – comme iAdvize, Lengow et Akeneo. L’esprit de collectivité est fort dans cette ville, et si vous êtes une nouvelle startup, vous pouvez compter sur l’écosystème pour vous soutenir.
Mais je pense aussi que Nantes est une ville formidable pour les startups parce qu’elle est si normale – si vous concevez quelque chose qui fonctionne à Nantes, cela fonctionnera dans des centaines de villes partout dans le monde. La même chose n’est pas vraie pour San Francisco ou Londres ou Paris. Oui, ce sont d’énormes marchés, mais ils sont trop uniques, des bulles sans visibilité sur la vie des personnes en dehors de la ville.
Je lance actuellement Imagination Machine, un nouvel accélérateur de startups à Nantes, et je vous invite à postuler pour travailler avec moi ici dans cette ville formidable. Je vous invite à vivre une bonne vie, à partager des valeurs fortes et à créer des startups qui vont fonctionner partout dans le monde.
Rob Spiro
Photo : Jean-Pierre Dalbera/Flickr (cc)
Source : Linkedin
Une réponse à “Pourquoi moi, startupper américain, je monte un accélérateur à Nantes”
Non pas que je veuille faire le rabat-joie, des dizaines et dizaines de starts-ups qui vivent et meurent chaque jour, il y en a une ou deux qui font des choses intéressantes ou utiles. Mais l’auteur aurait pu faire un effort pour parler de la ville en dehors de termes vagues et généraux.
Trop peu d’Amour.
À part brosser le Nantais dans le sens du poil à peu de frais, et un coup de com’ pour peu de temps ?
Mais bon courage, hein ! Vous êtes déjà bien plus malin que nombres d’Américains qui continuent à s’émerveiller de Paris qui n’a plus d’intérêt depuis les années 60.
Je ne connais pas Sans Francisco mais de ce que j’en lis et de témoignages de premières mains, cela semble être aussi le cas, une ville qui a perdu son âme.
Nantes l’a sans doute perdue un jour de juin 87, depuis qu’elle a tourné le dos à la mer.
Alors il y a bien encore quelques entreprises remarquables qui travaillent sur le nautisme ou la mer.
Mais trop rare pour permettre ce supplément d’âme.
Une chance ? NDDL. Si le projet est effectivement annulé, une fois les chairs à gendarmes partis, Nantes aura sa carte botanique (qu’elle a créée à partir de la mer) et agricole.
Malheureusement, l’Etat privilégie Angers (qui a une belle histoire à ce niveau, il faut le reconnaître).
Donc Monsieur, si vous voulez faire un peu plus que du business, quand vous verrez des projets en lien avec l’océan, la botanique, prêtez-y une attention particulière. Vous ferez un peu plus que du business, ce qui se respecte, vous insufflerez un esprit, ce qui s’admire.