Quand la société de l’émotion remplace la société de la raison

La féminisation de la société française (parité, égalitarisme, féminisme, gender …) entraine inévitablement des réactions collectives plus féminines que masculines.

Ainsi, notre société et notre vivre-ensemble, habituellement et traditionnellement fondés sur l’ordre et la raison, sont peu à peu remplacés par une société de l’émotion, ce qui provoque et provoquera des changements profonds, pour ne pas dire des cataclysmes.

De l’accueil de migrants au sauvetage de Koala

Il ne se passe pas une journée actuellement sans qu’en France, l’on retrouve quelque part un collectif de soutien aux migrants qui veuille empêcher l’expulsion d’un tel ou d’un tel. Celui-ci, forcément – aux yeux de la presse notamment – venu de loin et ayant endurer d’abominables choses – serait d’ailleurs « parfaitement intégré », « brillant dans sa classe selon ses professeurs », « soutenu par le lycée qui se mobilise derrière lui », etc. etc.

Objectif de la presse (et des collectifs trotskistes encadrant parfaitement rodés au combat politique et culturel et à la communication) : attendrir, faire pleurer, heurter le lecteur et, par ailleurs, lui donner l’impression par la répétition massive (l’influence des médias est grande) que ces collectifs représentent un pan important de la société française (ce qui se démonte d’un simple regard sur le nombre de manifestants déclaré par rapport au nombre d’associations ou de collectifs qui se joignent dans ces manifestations de soutien).

Ainsi la presse subventionnée va-t-elle relayer la moindre action – y compris réunissant cinq à dix personnes – permettant de passer le message suivant : « Regardez le sort de ces migrants, c’est terrible, il nous les faut chez nous pour les aider. Si vous êtes indifférent, vous êtes un monstre, ou alors un raciste ». 

La lecture quotidienne de tels articles – cumulée à un véritable lessivage médiatique, où tout est fait pour s’émouvoir de tout et n’importe quoi (un énorme buzz sur Facebook qui se lance suite à une vidéo de chien maltraité diffusée sans que personne ne possède ni les tenants ni les aboutissants, ou celle d’un homme qui va sauver un Koala coincé dans un arbre, ou un montage avec une musique émouvante mettant en scène les retrouvailles de deux amis d’enfance…) – est un cocktail détonnant puisqu’il entraîne une réaction de compréhension et de mauvaise conscience (en cas de rejet de l’information) systématique, et faire perdre toute raison.

Ainsi, la vue de ce jeune migrant au bois d’ébène qui va être expulsé par un lecteur, qui a par ailleurs ingurgité pendant une semaine la vidéo du Koala sauvé dans les arbres, et dans la foulée la remise télévisée de la légion d’honneur par le président à des gymnastes handicapés, ne peut que l’émouvoir et lui faire perdre raison.

Il ne pensera ainsi plus : aux millions d’autres personnes qui songent également à venir dans le pays que ses ancêtres ont bâti depuis des siècles et des siècles. Aux problèmes déjà rencontrés actuellement en raison d’une immigration, et d’une misère sociale largement trop grande en France et dans plusieurs pays d’Europe (sanitaires, sécuritaires, religieux notamment). A ses enfants qui sont en situation d’échec scolaire et auxquels il consacre finalement peu de temps dans la semaine. A sa famille qu’il voit « lorsqu’il a le temps », c’est à dire deux fois par an.

Ainsi, la société de l’émotion permet de capter un lecteur, un téléspectateur, de lui faire abandonner son quotidien, sa réalité, et de lui ôter sa raison. On va par conséquent retrouver de nombreux jeunes retraités dans les collectifs de soutien à l’immigration, retraités qui ont parfois durant toute leur vie délaissé leurs familles, ou qui n’ont jamais pensé qu’à eux sans jeter le moindre regard sur leurs voisins, et qui sont pris d’un amour irrationnel pour l’individu exotique, venu d’ailleurs, que nos journaux préférés ou notre émission favorite nous explique qu’il faut aimer.

Cet oubli de la raison fût également parfaitement illustré après les différents attentats islamistes qui ensanglantèrent la France et l’Europe : c’est l’émotion qui, partout, a pris le dessus. Les pleurs, les larmes, les bougies, les prières, les épandages collectifs, les vagues de hashtags sur Twitter et Facebook, la communion d’une heure ou d’une journée entre des dirigeants déconnectés du peuple et leur populace, le logo unique pour instant unique (« Je suis » ), le triomphe de « l’egollectif », c’est à dire le triomphe du « moi je », avec ses petites émotions, qui s’amasse, se grappe, avec des millions d’autres comme lui avec pour conséquence, non pas l’unité, mais un assemblage artificiel, sans but, ni projet collectif, si ce n’est celui de pleurer ensemble.

L’émotion a triomphé sur la raison , et le partisan du « vivre ensemble », pourtant complice de fait de ces attentats (« vous n’aurez pas ma haine »)  est devenu le héros, tandis que celui qui, raisonnablement, appelait à prendre les mesures radicales (à la racine) pour que cela ne se reproduise plus, était renforcé dans son camp des maudits.

Qu’attendre de plus d’une société qui fête chaque soir un Cyril Hanouna, et dont les tenants s’interrogent dans le même temps si le philosophe maudit Renaud Camus doit être, ou pas, invité de France Culture ? D’une société dans laquelle un président abaisse son rang à faire des selfies avec des badauds ? D’une société qui a accepté de ne plus avoir aucun projet collectif si ce n’est celui de la « fête », de l’hystérie collective, des pleurs collectifs, et des grandes messes actuelles (football notamment) qui ont remplacé celles d’hier ?

Mais où est passé la raison ?

Cette même émotion s’est également emparée de ceux qui prétendent par ailleurs dénoncer ce système et ce qu’ils nomment l’effondrement du monde qu’ils ont connu.

Ainsi, combien d’articles partagés sur les réseaux sociaux sans même avoir pris la peine de le lire au préalable ? « Trafic de drogue : 2 morts » et le commentaire affligeant du lecteur : « Bien fait pour eux, qu’ils se tuent entre eux ». Sauf que si il avait lu l’article, il se serait rendu compte que les deux victimes sont un gamin de 7 ans qui passait par là au moment d’un règlement de compte, ainsi que sa maman.

Le principe d’un réseau social et d’un buzz est d’enlever tout esprit rationnel : il pourra tourner des milliers de fois sans que personne ne s’interroge sur qui sont les victimes ; et même lorsqu’un individu interpellera les autres, il ne parviendra plus à les convaincre. C’est le même principe que lorsque la presse va titrer sur un homme « M. Dupont accusé de viol ». Si toute la presse s’emballe sur ce sujet, M. Dupont est mort socialement, économiquement, humainement. Et cela alors même que deux années de prison préventive plus tard, une page 5 dans les journaux expliquera peut être qu’il a gagné son procès et qu’il est innocent. Le mal est fait, la condamnation populaire aussi.

Il en va de même avec l’émergence des « Fake news », ces informations dont leurs auteurs savent parfaitement qu’elles sont fausses mais qu’elles toucheront la corde sensible du public visé. Ce n’est ni plus ni moins que de la manipulation, permise par une société qui se laisse piéger par ses émotions et non plus guider par sa raison.

Ainsi, en une semaine, la Nasa a du se justifier de ne pas retenir d’enfants sur Mars , Brad Pitt expliquer que sa fille de onze ans ne voulait pas changer de sexe et subir un traitement hormonal , tout cela en raison de rumeurs parties d’on ne sait où mais qui ont parfaitement su capter les émotions de ceux qui, d’un côté, sont persuadés de l’existence d’un grand complot (et il y en a) et ceux qui, de l’autre, sont tellement obsédés par la question du genre qu’ils sont prêts à croire n’importe quoi tant que cela conforte leurs opinions politiques.

Mais comment parvenir à raisonner des générations qui connaissent mieux Hanouna ou Noah qu’Émile Zola ? Des générations qui commencent à croire qu’il n y a aucune différence entre un homme et une femme, alors que celles-ci sont scientifiquement prouvées ?

Des générations à qui l’on persiste à dire qu’une partie d’entre elles sont faites pour l’artisanat, et qu’il n’est pas nécessaire qu’elles apprennent l’essentiel (lire, écrire, compter, se situer dans le temps et l’espace, parler une langue étrangère, connaitre ses humanités) ?

De quelles armes intellectuelles pour raisonner et pour se défendre dispose l’individu qui a stoppé l’école en 6ème (officiellement ou officieusement), qui est allé d’apprentissage en apprentissage, qui a été biberonné à la télévision, et qui se retrouve lâché dans une société hyper connectée ?

De quelles armes disposent des individus à qui l’on a appris depuis la plus tendre enfance qu’il ne fallait pas répondre lorsque l’on était agressé, que la violence était un fléau à combattre, que nous étions « tous égaux » et indifférenciés ?

Paradoxalement, les générations d’après-guerre qui nous ont précédé, parfaitement éduquées, brillantes intellectuellement, connaissant leurs humanités, ayant vécu sans aucun doute un des cycles économiques les plus prospères du 20ème siècle, ont contribué, et contribuent encore, à détruire tout ce qui les a pourtant fabriquées.

Ce sont nos générations et celles à venir qui en subissent les conséquences – avec pour une majorité d’entre nous en plus, l’illusion de vivre dans un monde meilleur parce que égalitaire, féministe, et tutti quanti…

L’atterrissage risque d’être particulièrement difficile pour ceux qui n’y sont pas préparés… à faire perdre la raison !

Yann Vallerie

Crédit photo :  DR
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “Quand la société de l’émotion remplace la société de la raison”

  1. Ankou75 dit :

    Bien décrypté Yann Vallerie !
    Merci de m’avoir conforté dans ce qu’il me semblait être la pensée d’une minorité « non agissante » auquel j’appartient et qui vie dans un monde de décervelés boboïste !

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