Comme tous les ans au début de la saison estivale, la question de la présence des algues vertes se pose sur les plages du fond de la baie de Saint-Brieuc. Comme cela avait été anticipé, cette pollution est particulièrement marquée en ce début d’été 2017. Et malgré les tentatives de diversion de la part des municipalités et des professionnels du tourisme, le retour récurrent d’une quantité importante d’algues pose tout de même des questions de fond. Qui dérangent.
Le point sur la situation
Le cru 2017 semble prolifique puisque pas moins de 6 000 tonnes d’algues vertes ont déjà été extraites de la Baie de Saint-Brieuc depuis le mois d’avril. Une quantité quasi égale au cumul des deux étés précédents. Autant dire que la situation ne s’arrange pas. La commune d’Hillion était même contrainte de fermer 4 de ses 6 plages à la fin du moins de juin. Des fermetures temporaires en fonction de la quantité d’algues vertes mais qui seront amenées à se reproduire sans aucun doute au cours de cet été.
Une autre caractéristique de cette saison est la précocité des arrivages. Les années dites « classiques », les algues ne commencent à s’accumuler qu’à partir du mois de juin et l’année la plus précoce jusqu’à présent était 2009. Or, le tonnage d’algues vertes ramassées en 2017 est de 40% supérieur à celui de 2009 sur les mois d’avril et de mai.
Ces chiffres ont été révélés mercredi 5 juillet par le Comité de pilotage du Plan de lutte contre la prolifération des algues vertes. Ce Comité comprend notamment des représentants des collectivités territoriales, des membres des chambres d’agriculture et des représentants d’associations de protection de l’environnement.
Des conditions favorables pour les algues
Une fois le constat dressé, les premières explications sur ces arrivées massives d’algues trouvent leur origine dans des facteurs météorologiques. L’hiver dernier plutôt doux et l’ensoleillement abondant du printemps ont contribué au développement de cette pollution balnéaire.
De plus, le Comité de pilotage avance le fait que les stocks d’algues à l’automne dernier demeuraient importants. L’absence de tempêtes hivernales pour disperser les algues et une température de l’eau de mer restée relativement élevée n’ont donc pas arrangé les choses.
Mais le temps n’explique pas tout. La prolifération des nitrates, faisant office de nutriment pour les algues vertes, est toujours au cœur du problème. Ce sont les rejets d’azote qui permettent le développement des nitrates et qui sont, selon les associations environnementales, profondément liés à l’agriculture intensive caractéristique de la région.
Un danger réel et mortel
Régulièrement dénoncées pour les risques qu’elles font peser sur la population, les algues vertes ont déjà causé le décès d’un homme en 2009. Thierry Morfoisse, alors âgé de 48 ans, était un chauffeur routier qui effectuait des rotations entre la plage de Binic et la déchetterie de Launay-Lantic où il déversait les chargements d’algues vertes ramassées. Il succombera à une crise cardiaque en descendant de son camion, crise qui aurait été provoquée par les émanations toxiques du chargement, notamment du sulfure d’hydrogène, présent en quantité mortelle pour l’homme dans ces tas d’algues en décomposition.
Le 8 septembre 2016, c’est un joggeur qui était retrouvé mort à Hillion dans une vasière, près de l’embouchure du Gouessant, un cours d’eau local particulièrement chargé en nitrates. L’enquête a été classée sans suite au début du mois d’avril 2017 mais des médecins comme les associations environnementales se sont montrés très dubitatifs et sous-entendaient clairement, pour leur part, un lien évident entre ce décès et la présence de sulfure d’hydrogène en forte quantité due aux algues vertes.
Enfin, en 2016, quelques 36 sangliers étaient décédés au cours de l’été à proximité de cette même embouchure du Gouessant. Là encore, notamment par la voix de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, la possibilité d’une intoxication au sulfure d’hydrogène était fortement mise en avant.
En guise de conclusion, les différents plans mis en place par la Conseil régional de Bretagne semblent, contrairement aux dépenses importantes qu’ils entraînent à chaque nouveau lancement, bien dépourvus de conséquences réelles sur ce problème d’algues qu’il serait temps de prendre au sérieux.
VL
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