08/07/2017 – 06h45 Rennes (Breizh-Info.com) – La crise n’en finit plus en Afrique du Sud. Le pays qui fut la plus grande puissance économique du continent lorsqu’il était géré par les Européens a lentement sombré. Le congrès du parti African National Congress (ANC), parti au pouvoir depuis 1994, a vu les discours alarmistes sur l’état du pays se multiplier.
L’Afrique du Sud devra-t-elle demander l’aide du FMI ?
Reuters rapporte que Malusi Gigana, le ministre des Finances, a déclaré vendredi 30 juin lors du congrès de l’ANC que que le pays pourrait avoir besoin d’une aide financière extérieure pour sortir de la spirale économique. Y compris celle du Fond monétaire international.
Issac Mashego, économiste à la banque sud-africaine Nedbank, a confirmé que cette option était possible étant donné que le gouvernement sud-africain était obligé d’emprunter de plus en plus…
Avec leurs économies se dégradant gravement et leurs monnaies sur le point de couler, de nombreux états africains, du Nigéria à la Zambie, ont récemment été contraint de demander de l’aide au FMI pour financer des infrastructures et colmater leurs budgets déficitaires. L’Afrique du Sud semble prête à leur emboîter le pas.
Le taux de chômage (28 %) est au plus haut depuis près de 15 ans. Jacob Zuma, actuel président du pays, a admis que la croissance serait sans doute inférieure aux prévisions d’une hausse de 1,3 %. Rien ne semble capable d’entraver la chute dévastatrice de ce géant africain….
Et le dirigeant noir a appelé à des « solutions radicales », notamment à la redistribution de terres aux noirs.
Depuis la fin de l’apartheid, une lente et irrémédiable descente aux enfers pour l’Afrique du Sud
Bernard Lugan, historien spécialiste de l’Afrique , dresse dans son ouvrage Osons dire la vérité à l’Afrique un tableau édifiant de la spirale infernale dans laquelle est prise l’Afrique du Sud.
« Comment le pays le mieux doté du continent, le plus plus moderne, celui qui disposait de tous les atouts, a-t-il pu connaître un tel naufrage ? […] En 1994, quand l’ANC fut hissé au pouvoir par le président De Klerk, l’Afrique du Sud était la première économie du continent. Le pays était doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, d’un secteur financier moderne et prospère, d’une large indépendance énergétique, d’une industrie diversifiée et de capacités techniques de haut niveau.
Avec l’ANC aux affaires, le pays s’est endormi sur son héritage et il ne s’est pas adapté à la concurrence mondiale. Toutes les branches du secteur industriel ont ainsi été touchées. […] Bien que totalisant le quart du PIB de tout le continent, l’Afrique du Sud sombre donc lentement dans un naufrage économique porteur de lourdes menaces. […] Alors que seuls 5 millions de Sud-Africains, en majorité des Blancs, paient des impôts, 17 millions recoivent des prestations, cependant que plus de 13 millions ne survivent que grâce au versement d’une allocation qui leur assure le minimum vital. »
Et le climat de tension raciale explosif n’arrange pas la situation. Les noirs, confrontés à la crise économique, accablent les Blancs, pourtant largement plus productifs en Afrique du Sud.
« Conséquence de ce climat délétère, conclut Bernard Lugan, les forces vives de la communauté blanche émigrent : cadres, diplômés, ceux qui ont des compétences s’expatrient. Tous chiffres confondus, entre 1994 et 2005, 841 000 Sud-Africains blancs, soit le cinquième de la population blanche, quittèrent le pays. Depuis, les statistiques sont devenues muettes. »
NF
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