Scandale à l’AFP : l’affaire Ferrand étouffée ?

23/06/2017 – 11h00 Rennes (Breizh-Info.com) – Un communiqué explosif du Syndicat national des journalistes CGT (SNJ-CGT) fait grand bruit. Ce 22 juin, le syndicat n’a pas hésité à accuser l’Agence France Presse (AFP) d’avoir étouffé des informations gênantes pour le nouveau pouvoir concernant l’affaire Ferrand.

L’AFP aurait refusé de publier des informations exclusives sur l’affaire Ferrand

« L’affaire Richard Ferrand, sortie par Le Canard Enchaîné dans son édition du 24 mai, aurait pu être révélée par l’AFP. Des journalistes de l’Agence étaient en effet en possession des informations, mais la rédaction en chef France n’a pas jugé le sujet digne d’intérêt. »
Les deux phrases sont lapidaires. La prestigieuse AFP aurait donc étouffé une affaire qui touchait Richard Ferrand, proche d’Emmanuel Macron et ministre de la Cohésion des territoires nommé par ce dernier.

Pire, peu après le scoop, finalement révélé par Le Canard enchaîné, la publication d’un témoignage exclusif sera refusé par la direction de l’AFP sans raison, au grand dam des journalistes ayant enquêté sur l’affaire.

Si les accusations du SNJ CGT sont avérées, il s’agirait d’un scandale majeur pour l’AFP qui verrait son crédit et sa réputation s’effondrer un peu plus.

Le communiqué du SNJ CGT sur l’attitude de la CGT

COMMUNIQUÉ DU SNJ-CGT DE L’AFP

L’affaire Richard Ferrand, sortie par Le Canard Enchaîné dans son édition du 24 mai, aurait pu être révélée par l’AFP. Des journalistes de l’Agence étaient en effet en possession des informations, mais la rédaction en chef France n’a pas jugé le sujet digne d’intérêt.

Qu’un possible scoop sur une affaire politico-financière impliquant le numéro deux du nouveau parti au pouvoir ne soit pas jugé intéressant, voilà qui est troublant. Surtout après les affaires Fillon et Le Roux qui ont émaillé la campagne présidentielle, et alors que le nouveau président Emmanuel Macron affirme vouloir moraliser la vie politique.

Généralement, un média met les bouchées doubles pour enquêter sur ce type d’informations quand elles se présentent. Pas à l’AFP, où les courriels de journalistes adressés à la rédaction-en-chef France sont soit restés sans réponse, soit ont reçu une réponse peu encourageante.

Faute d’avoir mis en lumière l’affaire Ferrand en premier, ces mêmes journalistes de l’AFP ont eu la possibilité de sortir un nouveau scoop deux jours après l’article du Canard : le témoignage exclusif de l’avocat qui était au coeur de la vente de l’immeuble litigieux des Mutuelles de Bretagne en 2010-11. Mais avant même qu’une dépêche ait été écrite, la rédaction en chef France a refusé le sujet. C’était pourtant la première fois qu’une source impliquée dans le dossier confirmait les informations du Canard et pointait la possibilité d’une infraction pénale de M. Ferrand.

L’AFP se contentera, quelques jours plus tard, de mentionner d’une phrase le témoignage de l’avocat interviewé par Le Parisien. Ce même témoignage qui conduira à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Brest….

INTÉRÊT « TROP LIMITÉ »

Ce n’est pas tout : avant l’affaire Ferrand, le 17 mai, juste après la nomination du nouveau gouvernement, une dépêche annonce que François Bayrou, nouveau garde des Sceaux, devra lui-même faire face à des juges, dès le 19 mai, après son renvoi en correctionnelle pour diffamation. Mais la dépêche n’a pas été diffusée, la rédaction en chef France trouvant son intérêt « trop limité ». Deux jours plus tard, l’info sera en bonne place dans les médias nationaux. L’AFP décidera alors de la reprendre !

Interrogée jeudi par les syndicats lors de la réunion mensuelle des délégués du personnel, la direction de l’information de l’AFP s’est montrée incapable de justifier de manière argumentée les choix de sa rédaction en chef.

Tout cela fait beaucoup d’infos sensibles étouffées en quelques jours. Pour ceux qui ont travaillé sur le dossier, il y a de quoi être écoeuré et découragé. L’Agence France Presse, l’une des trois grandes agences d’informations mondiales, dont le statut rappelle l’indépendance, a-t-elle peur de diffuser des informations sensibles quand celles-ci risquent de nuire au nouveau pouvoir politique élu ?

Le SNJ-CGT appelle la direction et la rédaction en chef de l’AFP à s’expliquer sur le traitement incompréhensible de l’affaire Ferrand.

Le SNJ-CGT rappelle que l’AFP est et doit rester indépendante, que ses journalistes doivent pouvoir enquêter librement et publier toute information même si elle est gênante pour tout type de pouvoir, en particulier le pouvoir politique.

Le SNJ-CGT, Paris le 20 juin 2017

NF

Crédit photo : Breizh-Info.com
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4 réponses à “Scandale à l’AFP : l’affaire Ferrand étouffée ?”

  1. Ludo22 dit :

    Quelle bonne nouvelle !
    Des journalistes, il y en a donc encore ?, se rebiffent contre l’ omerta et le parti pris imposés par l’ Agence France Presse (aussi appelée Agence France Palestine).
    Un peu de d’ honneur et de déontologie dans ce monde de journaputes, c’ est rafraichissant.

  2. Ar Vran dit :

    C’est normal car quand on sait que cette AFP est ultrasubventionnée par l’Etat français, elle n’a pas intérêt à révéler des affaires qui seraient néfastes pour le gouvernement et l’état français.
    Comme la quasi totalité des média français sont abonnés à l’AFP et où ils reprennent en boucle les piges de cette agence (sans prendre la peine de les vérifier) et qu’ils touchent des subventions de létat français, on comprend vite que tout cela est un petit monde où on vit dans l’entre-soi (encore un Enarque à sa tête, comme c’est bizarre…), et où l’objectivité » journalistique est totalement déviée.
    C’est pour cela que j’invite les lecteurs à lire les actualités à partir de sources non françaises…

  3. Pschitt dit :

    Cette affaire a un côté arroseur arrosé, car la neutralité politique des journalistes de l’AFP est souvent sujette à caution. Pour que l’agence soit neutre, il faudrait que ses journalistes le soient ! Or l’angle de traitement de sujet et les titres sont souvent très marqués.

  4. Nomizoé dit :

    Ferrand a été élu hier président du groupe parlementaire LREM par un vote à l’unanimité à main levée. Quand on cherche son nom sur Google Actualités, on tombe sur des articles qui mentionnent juste en passant qu’il a perdu son poste de ministre suite à une affaire immobilière et une enquête judiciaire.

    Les journaux résument l’affaire en seulement quelques mots. Par exemple, l’AFP écrit qu’une enquête a été ouverte… :

    « …après un article du Canard enchaîné révélant qu’en 2011, les Mutuelles de Bretagne avaient décidé de louer des locaux commerciaux appartenant à sa compagne, alors qu’il en était directeur général. »

    Ce texte de l’AFP est repris tel quel par Le Point et L’Obs. Pour sa part, LCI écrit sur son site :

    [Ferrand] « a su conserver l’estime des siens en dépit de l’affaire immobilière révélée par le Canard Enchaîné le mois dernier. « Si j’avais quelque chose à me reprocher, je ne serais pas là devant vous et Emmanuel Macron ne m’aurait rien demandé », a déclaré Richard Ferrand devant les députés REM, avant d’être chaleureusement applaudi. »

    Cette présentation minimise tellement les faits qu’elle en devient mensongère. Ferrand et l’AFP veulent nous faire croire que c’est juste un petit délit de favoritisme. Voilà plutôt ce que l’AFP aurait dû écrire :

    après un article du Canard Enchaîné révélant qu’en 2011, en tant que directeur d’une mutuelle, Ferrand avait utilisé une opération immobilière pour détourner les cotisations des mutualistes au profit de sa compagne

    Si c’était moi le rédacteur en chef, j’aurais été plus précis, quitte à faire sauter un paragraphe moins important :

    après un article du Canard Enchaîné révélant une escroquerie commise en 2011. Dans le cadre de cette escroquerie, Ferrand avait repéré un local qui convenait aux Mutuelles de Bretagne dont il était directeur. Au lieu de l’acheter au nom de la mutuelle, en puisant dans la trésorerie ou en empruntant à la banque, il avait préféré demander à sa compagne de créer une société immobilière pour acheter le local à crédit pour elle-même, et pour le louer ensuite à la mutuelle. Le loyer perçu lui permettrait de rembourser entièrement son emprunt, et par la suite, de continuer à percevoir un loyer pour l’éternité aux frais des mutualistes.

    La combine de Ferrand constitue un détournement de fonds. Je cite wiki :

    « Le détournement de fonds est l’appropriation frauduleuse de biens par une personne pour son propre intérêt à qui l’on avait fait confiance pour gérer l’argent et les fonds détenus par un autre individu ou par une organisation tiers. »

    Au départ, l’administration judiciaire a carrément refusé d’ouvrir une enquête alors que l’escroquerie est pourtant évidente et le montant très élevé. Ensuite, les médias ont minimisé l’affaire pour permettre à Ferrand de se faire élire. La plupart des électeurs n’ont rien compris du tout. Et les médias continuent maintenant leurs présentations mensongères.

    Il faut quand même relativiser : c’est beaucoup moins grave d’escroquer la mutuelle dont on est directeur que de collaborer, en tant que politicien, au remplacement racial d’une nation. Mais en fait, Richard Ferrand fait les deux à la fois.

    C’est logique : la petite clique remplaciste qui nous gouverne a tout intérêt à recruter des escrocs. S’ils recrutaient des gens honnêtes, ces derniers se rebelleraient sans doute contre la politique du Grand Remplacement.

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