23/06/2017 – 08h00 Nantes (Breizh-Info.com) – Sous-titré Enquête sur la réaction qui vient, cet ouvrage rédigé par Eric Dupin étudie de manière exhaustive les milieux identitaires en France. Un travail journalistique de qualité qui, malgré quelques critiques subjectives, reste majoritairement neutre et factuel.
C’est sans doute cette quasi-neutralité apparente qui permet à Eric Dupin d’éviter les écueils habituels sur lesquels les journalistes ne manquent pas de se précipiter lorsqu’ils étudient la mouvance identitaire.
La personnalité d’Eric Dupin n’est sans doute pas étrangère à ce regard distancié sur la France identitaire qui vise avant tout à faire comprendre à la gauche que le sujet identitaire ne peut pas être écarté d’un revers de la main.
Journaliste et écrivain, Eric Dupin fût pendant longtemps un militant socialiste. Il a collaboré a de nombreux journaux dont Libération, Le Figaro, Marianne ou encore Le Monde Diplomatique. Toujours inspiré par l’envie d’ouvrir les yeux des acteurs de la gauche sur certains mouvements d’opinion, il avait déjà rédigé un ouvrage sur L’Hystérie identitaire en 2004.
En 2017, après plusieurs accrocs très sérieux au « vivre-ensemble », c’est avec beaucoup plus de précautions qu’Eric Dupin s’intéresse au sujet.
Un livre précieux dans lequel l’auteur admet que l’immigration pose de nombreux problèmes. Eric Dupin dresse un portrait sans fard de cette France qui refuse le changement de peuple et la dissolution dans un monde globalisé. Et il adresse, au travers de cette étude complète, un cinglant avertissement à ses compagnons de gauche.
La thématique identitaire : « Une question qui ne pourra pas être esquivée »
La thèse de Dupin est résumée dans son introduction qui fait la part belle aux itinéraires de ces anciens hommes ou femmes de gauche qui, face à l’expérience concrète du « vivre-ensemble », ont changé d’avis sur les conséquences du bouleversement identitaire promis à la France.
« L’objet de cet ouvrage n’est pas de dénoncer un courant de pensée et d’action clairement situé à l’extrême droite. Il s’agit plutôt de tenter de comprendre pourquoi et comment des idées aussi minoritaires sont parvenues à s’imposer dans le champ politique. Et peut-être aussi d’inciter le lecteur à s’interroger sur la manière d’aborder une question identitaire qui, aussi susceptible de se transformer en piège soit-elle, ne pourra être esquivée. »
Cet ouvrage est donc clairement écrit par un homme de gauche, conscient de la nécessité de s’intéresser de près à la problématique identitaire. Et La France identitaire s’adresse presque explicitement à la gauche qui, dans l’esprit d’Eric Dupin, serait en train de commettre une grave erreur en laissant à « l’extrême droite » le monopole de l’identité.
Des portraits de qualité
Les 205 pages de La France identitaire sont divisées en portraits d’hommes et de mouvements qui structurent peu ou prou la mouvance identitaire au sens large.
De Pierre Sautarel, animateur du site Fdesouche à Alain Finkielkraut en passant par Renaud Camus et Alain de Benoist, les grands agitateurs de cette mouvance sont interrogés et disséqués par Eric Dupin.
Chaque portrait reste à peu près neutre même si l’on sent clairement qu’Eric Dupin ne partage pas les idées de ceux qu’il interroge. Il n’en reste pas moins objectif. Par exemple, lorsqu’il évoque Pierre Sautarel, il n’hésite pas à louer le travail réalisé par « cet homme intelligent ». « Le site n’est qu’une immense revue de presse assez monomaniaque mais sa réactivité force l’admiration. »
Eric Dupin consacre également un chapitre très fourni à Génération Identitaire, mouvement politique très actif dans la lutte contre l’immigration et l’islamisation de la France et de l’Europe. Là encore, en plus d’un portrait fouillé, il n’hésite pas à reconnaître à ce mouvement de jeunesse de réelles qualités : « GI maîtrise parfaitement l’art de la communication […]. Un indéniable professionnalisme caractérise ses interventions. »
Évoquant ceux qu’il considère comme « les pionniers du combat identitaire », Eric Dupin s’attarde sur la personnalité de Dominique Venner, du groupe Europe-Action ainsi que sur l’aventure intellectuelle de la Nouvelle Droite puis du GRECE et enfin de l’Institut Iliade. Il interroge longuement Alain de Benoist, « intellectuel atypique » dont l’éclectisme idéologique « inquiète » Eric Dupin.
Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia et co-créateur de l’Institut Iliade est lui aussi évoqué sur plusieurs pages. Un « intellectuel radical » qui affole lui aussi Eric Dupin.
La validation du Grand Remplacement ?
Affrontant toutes les préoccupations identitaires avec le souci de l’esprit critique, Eric Dupin n’hésite pas à constater qu’il existe « une nette fracture ethnique au sein même des classes populaires ».
Après avoir interrogé Renaud Camus, Eric Dupin étudie la réalité ou non de la modification démographique du substrat européen sur le sol français. Confronté à l’interdiction des statistiques ethniques, il n’hésite pas à évoquer le dépistage de la drépanocytose, cette maladie génétique pour laquelle sont uniquement dépistés les nouveau-nés français issus de l’union de deux personnes d’origine africaine. Et Eric Dupin reconnait que « les données de ce dépistage donnent une bonne estimation de la proportion des naissances d’origine, au moins partiellement, extra-européenne. »
S’adressant à ses lecteurs de gauche, il n’hésite pas à secouer ceux qui préfèrent se cacher plutôt que de réagir : « Il ne sert pas à grand-chose de nier la mutation de la composition ethnique de la population française. […] Les prophètes de malheur doivent assurément être contredits. Encore faut-il ne pas se voiler la face sur les défis provoqués par la pression migratoire et la nouvelle diversité de la population française. »
Venant d’un homme de gauche, voilà une position qui ne peut pas laisser indifférent et qui démontre qu’il faut lire ce livre La France identitaire pour comprendre à quel point les esprits sont en train d’évoluer.
La France identitaire, un livre écrit par un homme de gauche pour la gauche
De nombreuses pages sont consacrées à la porosité entre les identitaires et la droite. Mais, loin des clichés habituels, Eric Dupin explique bien que « le thème du Grand Replacement ne fait pas l’unanimité » au sein du Front national. Et l’auteur de noter des contradictions fortes sur la ligne de l’identité dans les rangs d’un parti qui cherche à tout prix la dédiabolisation. Eric Dupin ne manque cependant pas de noter que la jeune Marion Maréchal-Le Pen représente l’une des figures politiques promouvant l’identité comme ligne de fracture populaire essentielle.
Eric Dupin note aussi la prise de plus en plus importante de la thématique identitaire sur la droite plus libérale. Il s’attarde longuement sur le cas d’Ivan Rioufol qui bénéficie d’une grande audience.
Après avoir évoqué l’influence des « identitaires » sur la droite (du Front national à Sarkozy), Eric Dupin s’adresse à ses amis de gauche. L’auteur reprend les propos de Ségolène Royal sur la nécessité de se réapproprier le drapeau tricolore et étudie la création du Printemps républicain par Laurent Bouvet. Il également Jean-Pierre Chevènement, éternelle figure du souverainisme de gauche.
Il n’hésite pas à dénoncer les accommodements à mi-chemin entre l’idéologie et l’électoralisme d’une part significative de personnalités de gauche. Il fustige notamment l’audience démesurée accordée au Parti des indigènes de la République (PIR).
L’on sent bien que La France identitaire est en fait un cri d’alarme à destination d’une gauche aveuglée par son idéologie immigrationiste.
« [Répondre à la crise identitaire] suppose d’abord, d’avoir le courage de regarder la réalité en face et d’aborder de front les délicates questions qu’elle pose. La négation des problèmes et l’euphémisation des difficultés offrent un boulevard aux extrémistes. La France vit un changement majeur de la composition ethnique de sa population qu’il est vain et dangereux de contester. »
Et Eric Dupin voit dans le succès des identitaires la preuve de « l’existence d’un fort courant d’opinion, particulièrement présent dans la jeunesse, violemment hostile à l’immigration sous toutes ses formes ».
Pour répondre le mieux possible à la crise identitaire, l’écrivain et journaliste de gauche promeut la mise en place de statistiques ethniques, critique vertement le communautarisme et le multiculturalisme et appelle la gauche à reformuler le « récit national ». De bonnes intentions qui seront peut-être impossibles à mettre en œuvre tellement la chape de plomb idéologique qui recouvre la gauche française semble impossible à briser.
Eric Dupin, La France identitaire : Enquête sur la réaction qui vient, Éitions La Découverte, février 2017, 205 pages, 17 €.
NF
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2 réponses à “La France identitaire, la prise de conscience d’un homme de gauche”
Une fissure supplémentaire dans le mur de l’ aveuglement idéologique; il finira bien par crouler.
Pour arriver à ce résultat, ce sont les gens de gauche qu’ il faut convaincre, amener à ouvrir les yeux sur la dure réalité.
« Un livre écrit par un homme de gauche pour la gauche »
Est-ce qu’il précise en quoi il est « de gauche » ? Il ne défend pas les prolétaires, sinon il serait anti-immigration. Est-ce qu’il défend le mariage pour tout ?
Mais bon, si c’est écrit pour la gauche, ça va. Par contre, ce serait une très mauvaise idée, de la part des nationalistes de droite, d’aller lire des portraits d’activistes et intellectuels nationalistes réalisés par un journaliste de Libération.
C’est comme dans le mouvement breton: ça m’a toujours énervé de voir faire la promotion de livres écrits par des journalistes comme Georges Cadiou, Erwan Chartier et compagnie.
Si on a un point de vue nationaliste, il faut lire les auteurs nationalistes, et non pas les livres écrits à leur sujet par des « gauchistes tolérants ».
En plus, ce Dupin parle d’identité, mais il faudrait quand même lui expliquer que nous, on parle d’identité biologique. On défend notre existence en tant que Blancs. C’est à dire qu’on est anti-remplaciste. Quand les Celtes d’Europe se font remplacer par des Celtes Zaïrois, on trouve que ça fait pas pareil. Dupin prétendra ne pas voir la différence, mais tous les gens honnêtes pensent comme nous.
Le mot identité est ambigu, car il y a certains petits farceurs qui nous disent que la seule identité valable est politique, basée sur certaines valeurs, et en premier lieu sur l’idée que tout le monde est interchangeable quelles que soient sa race et ses préférences sexuelles.