08/06/2017 – 06h50 Doha (Breizh-Info.com) – Trois ans après une longue période de frictions militaires et diplomatiques entre les Émirats Arabes Unis et la principauté du Qatar, l’histoire se répète mais cette fois avec le poids de l’Arabie Saoudite dans la balance. Le Qatar, exclu du consortium sunnite des Pays du Golfe, est banni d’instances représentatives et diplomatiques aussi importantes que le Conseil de Coopération des États Arabes du Golfe. Ses relations diplomatiques sont rompues avec l’Arabie saoudite, le Bahreïn, le Yémen, l’Égypte et les Émirats, suivis par la Mauritanie, la Libye de l’Est, les Maldives et la Mauritanie.
Premier exportateur de gaz naturel liquéfié, le Qatar a su développer une diplomatie efficace grâce au soft power dont une des grandes réussites est la chaîne d’information Al Jazeera, en concurrence cependant avec Al Arabiya contrôlée par les Saoudiens, ou encore grâce à ses liens privilégiés avec deux puissances occidentales : les États Unis et la France.
C’est justement son soutien financier et diplomatique à des organismes terroristes et prosélytes islamistes qui mettent le Qatar dans cette situation : le Hamas ou les Frères Musulmans ont un tel soutien logistique et financier de la part du Qatar qu’on peut considérer qu’ils ont élu Doha comme capitale. Cet Emirat esclavagiste a soutenu tout autant les « printemps arabes » et que les « hivers islamiques » en Syrie, Libye, Egypte et Tunisie, ce qui a ébranlé ces régimes et les intérêts géostratégiques de leurs alliés traditionnels.
Sont pointés du doigt également ses soutiens financiers et diplomatiques aux activités des Fréristes en Asie, en Afrique ou en Europe. Selon l’Iran et les Emirats, Doha finance, indirectement en passant par six grands financiers qui y ont pignon sur rue, l’Etat islamique et Al Qaïda. Selon la Russie, le Qatar sert de base arrière aux groupes islamiques armés qui opèrent dans tout le Moyen orient, au Sahel et en Méditerranée.
La Qatar a donc essaimé dans une bonne partie du globe les moyens financiers pour déstabiliser de nombreux Etats Arabes, mais aussi Israël et de nombreux Etats Africains musulmans. De la même manière, grâce au soutien médiatique de Al Jazeera, grâce à de nombreux partenariats « culturels » dans les pays occidentaux, grâce au soft power et au financement d’événements sportifs et culturels dans le monde, le Qatar tente de développer, spécialement en France et dans les pays Anglo Saxons, des contre pouvoirs basés sur les « minorités » musulmanes et à travers une interprétation culturelle rigoureuse mais prosélyte de la Charia et de la religion.
Assuré du soutien inconditionnel de la France, conforté par un accord de défense bilatéral signé avec la Turquie, leader financier de l’axe extrémiste Sunnite Turquie-Hamas-Qatar, rassuré par le statu quo américain depuis la prise des fonctions présidentielles par Donald Trump, Doha a cru pouvoir se permettre de jouer un double jeu avec les Chiites, ennemis jurés de Riyad.
L’émir Qatari Sheikh Tamim bin Hamad al-Thani a qualifié l’Iran de « puissance islamique qui ne peut être ignorée », précisant qu’il « serait malavisé de se dresser contre ce pays », des propos repris par l’ensemble de ses influents médias. Il a également ajouté que le Hamas, et non l’Autorité palestinienne, était « le représentant légitime du peuple Palestinien ». Ses propos répétés sont à interpréter dans le contexte particulier où Qatar et Iran partagent l’immense champ gazier de South Pars North Dome dans les eaux du Golfe Persique, dont ils assurent à deux l’exploitation, la direction et sa sécurité.
Quinze jours après que l’administration Trump ait assuré un statu quo au Moyen Orient vis-à-vis de ses alliés saoudiens ( pétrole contre armements) et israéliens ( report du déplacement de l’ambassade Américaine à Jérusalem ), le Qatar subit une crise violente et subite sans précédent avec ses alliés arabes du Golfe.
Déjà Gaza s’inquiète et Téhéran se réjouit des dissensions entre sunnites, espérant un glissement diplomatique favorable. Certains pays, comme ses voisins immédiats irrités par la ligne politique d’Al Jazeera, comme ce qu’il reste de la Libye ou bien comme l’Égypte qui lutte à mort contre les Frères musulmans, ne feront aucun cadeau à Doha.
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