Emmanuel Macron s’est rendu sur les chantiers navals de Saint Nazaire mercredi 31 mai à l’occasion de la livraison du dernier des paquebots construits dans le port breton, le MSC Meraviglia. Une visite sur le site fleuron de la construction navale française qui intervient alors que l’avenir des chantiers STX va se jouer d’ici la fin du mois de juillet. L’italien Fincantieri est en bonne posture pour remporter la mise.
L’accord du 12 avril totalement revu
Rappelons tout d’abord la situation des chantiers : le groupe sud-coréen STX détient encore à l’heure actuelle 66,7% du capital. Mais la situation n’a plus rien à voir avec 2008, année de l’arrivée de STX à Saint Nazaire. Les Sud-Coréens ont désormais la tête sous l’eau et sont condamnés à se séparer de leurs parts. Le reste du capital, soit 33,3%, est détenu quant à lui par l’État français. L’acquéreur en bonne voie pour racheter les parts de STX est un concurrent direct puisqu’il s’agit des italiens de Fincantieri. Et c’est ici que le Président Macron intervient.
Effectivement, le nouveau chef de l’État a évoqué publiquement lors de sa visite ce que tout le monde redoute plus ou moins sur les quais de Saint Nazaire et plus largement dans l’industrie navale française. Ainsi, l’accord conclu entre l’Etat français et Fincantieri le 12 avril dernier va être sérieusement revu. En cas d’actionnariat majoritaire des italiens, il n’est pas à exclure que les savoir-faire et la plus-value des chantiers soient tout simplement délocalisés.
C’est pourquoi Emmanuel Macron compte faire passer la prise de participation de Fincantieri sous la barre des 50%.
Macron pragmatique mais ferme
Emmanuel Macron n’a cependant pas fait mystère de sa volonté de voir se développer la coopération franco-italienne dans le domaine de la navale : « Je me réjouis et me félicite d’un rapprochement industriel entre STX France et Fincantieri qui matérialise la force de l’Europe, l’excellence de la relation entre nos deux pays et je veux donc que ce partenariat puisse se poursuivre et se consolider ».
Cela dit, l’État français ne semble pas décider à lâcher facilement l’affaire tandis que Fincantieri a déjà revu à la baisse son appétit. Le nouveau gouvernement a semble-t-il bien compris que des intérêts stratégiques sont en jeu. Alors que l’accord du 12 avril autorisait les italiens à faire rentrer dans le capital à hauteur de 6% une fondation italienne, Fondazione CR, qui apparaissait pour les observateurs comme une simple structure écran permettant à Fincantieri de devenir majoritaire, les cartes sont aujourd’hui rebattues. « La révision des équilibres de principe » souhaité par le nouveau Président de la République est visiblement en passe d’être appliquée.
C’est dans ce souci de rééquilibrage que les armateurs MSC et Royal Caribbean pourraient se voir proposer les parts initialement destinées à la fondation italienne.
Il faut noter par ailleurs que DCNS, groupe industriel français spécialisé dans l’industrie navale militaire, doit acquérir 12% des parts des chantiers STX.
Un dénouement d’ici fin juillet
Deux mois, c’est le délai imparti pour la conclusion des négociations. D’ici la fin du mois de juillet, le nouveau ministre de l’Économie Bruno Lemaire va donc avoir la délicate mission de parvenir à un nouvel accord entre Fincantieri et l’ensemble des autres acteurs. Une mission loin d’être aisée puisqu’il faudra que Bercy tienne compte de la souveraineté industrielle et de la conservation des emplois sur le bassin nazairien tout en gardant la confiance des nouveaux acheteurs.
VL
Crédit photo : Wikimedia commons (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
Une réponse à “Saint Nazaire. Emmanuel Macron exigeant sur la vente des chantiers.”
Malheureusement dans ce dossier comme dans celui d’Alstom , celà va être l’intérêt des amis Oligarques de Macron qui va passer avant celui de la France. Notre appartenance à l’union européenne pousse toutes les industries publiques à être privatisées. Y compris les services publics fondamentaux comme la santé. Cette europe nous tue, il faut en sortir par l’application de l’article 50. De la même façon que les britanniques.