Affaire Ferrand : le ministre à nouveau plombé par les révélations de la presse

(MAJ) 01/06/2017 – 12H15 Brest (Breizh-info.com) – Ce jeudi matin, rapporte Le Télégramme, le parquet de Brest a finalement décidé d’ouvrir une enquête préliminaire. Celle-ci a été confiée à la direction interrégionale de la police judiciaire de Rennes. Les policiers ont pour mission d’enquêter sur tous les faits pouvant constituer des infractions pénales en matière d’atteintes aux biens ou de respect des règles du code de la mutualité

01/06/2017 – 09H15 Carhaix (Breizh-Info.com) – Les jours se suivent et se ressemblent pour Richard Ferrand, qui en vient à adopter la même rhétorique et la même défense que François Fillon. Le Canard Enchaîné de ce 31 mai regorge de nouvelles révélations qui plombent carrément la défense du ministre, qui avait fait louer aux Mutuelles de Bretagne qu’il présidait des locaux dont sa femme était propriétaire, et pour lesquels elle n’a rien déboursé puisqu’ils ont été achetés par un emprunt bancaire et que les travaux ont été payés par les mutuelles.

A la suite du Parisien lundi, Le Canard Enchaîné publie en effet ce matin un compromis de vente daté du 23 décembre 2010 où il est l’acquéreur du bien visé, mais où deux clauses assez étonnantes préparent la suite. La première prévoit que le vendeur et l’acheteur renoncent à la publicité foncière à la conservation des Hypothèques pour ne pas rendre opposable aux tiers l’accord, ni permettre à un autre acheteur de se manifester. La seconde indique que la vente ne sera effective que lorsque les Mutuelles de Bretagne passeront un accord avec une SCI qui prendra la place de l’acheteur et louera les locaux.

Sauf que cette société, la SCI Saca, n’existe pas encore. Sandrine Doucen, compagne de Richard Ferrand, va la créer juste après, se substituer à Richard Ferrand et finaliser l’acquisition des locaux en juillet 2011. Par la suite, les mutuelles vont encore y réaliser pour 184.000 € de travaux, sans contreparties, ce qui permettra d’ici neuf ans à l’avocate Sandrine Doucen d’être propriétaire des locaux embellis – soit près de 500.000 € de valeur, avec un investissement de… 100 €. La valeur du capital de sa SCI.

Au passage, deux arguments de la défense de Richard Ferrand sont battus en brèche. Le premier, c’est que les Mutuelles savaient que sa compagne en était propriétaire. Puisqu’au moment où la décision était prise, non seulement qu’elle ne l’était pas, mais sa SCI n’était même pas immatriculée – elle l’a été le 24 février 2011.

A Brest, la justice très rapide pour ne pas statuer sur l’affaire Ferrand

Le second, c’est qu’il n’y a rien d’illégal. Le code de la mutualité, notamment l’article L114-32, interdit ce mélange des genres et exige l’autorisation préalable du Conseil d’administration pour la signature de tout contrat où un dirigeant salarié est indirectement intéressé. Même si Ferrand ne s’est PACSé que bien plus tard avec Sandrine Doucen – en janvier 2014, révèle Médiapart qui a consulté les statuts de la SCI – il vivait avec sa compagne qui est aussi la mère de sa fille.

Cependant, la justice a pu encore faire la preuve de sa totale indépendance vis à vis du pouvoir. Et doublement, alors qu’on reparle de Fillon qui a revu les juges – bien vaine tentative d’allumer un contre-feu, alors que ce dernier s’est retiré de la politique active. Le Canard affirme en effet que vendredi 27 mai à 14h30 l’avocat des Républicains se rend au tribunal de Grande Instance de Brest, avec « dans sa sacoche un courrier de 74 pages adressé au procureur, Eric Mathais, qui détaille l’affaire Ferrand », avec nombre de « violations du Code de la Mutualité » et la demande de l’ouverture d’une enquête.

Très prompte… à continuer de ne rien voir, la justice fait savoir à 17 heures qu’aucune enquête ne sera ouverte. Pas plus que le Parquet National Financier qui ne trouvait rien d’illégal, vu que l’argent était privé. Ah, si Ferrand s’appelait Fillon ou le Pen !

Un argument démoli au char d’assaut par le Canard Enchaîné puisqu’il « s’agit de l’argent des mutualistes. Et aussi des remboursements de l’assurance maladie. Pas exactement des fonds privés », titre le journal satirique d’investigation.

Mélange des genres à tous les étages

L’affaire Ferrand rappelle un peu les poupées russes : à chaque fois qu’on en démonte une, on en trouve une autre à l’intérieur. Ainsi, en 2010, alors que Ferrand était président des Mutuelles de Bretagne, il était aussi vice-président du conseil général du Finistère, chargé de l’insertion et de l’économie sociale et solidaire. La même année, le conseil général transmet la gestion d’une maison de retraite aux Mutuelles de Bretagne.

En toute impartialité, espérons-le. Cela pourrait expliquer le silence du conseil d’administration des Mutuelles jusque aujourd’hui au sujet des (trop) bonnes affaires immobilières de Ferrand. Ce dernier ne manque pas la possibilité de rendre service à un de ses proches, remarque le Canard Enchaîné (encore). L’aménagement intérieur des locaux est effectué par Coustal Color Concept, une entreprise dirigée par Claudine et Françoise Coustal. Cette dernière est aussi la première femme de Richard Ferrand.

Macron prêche l’exemplarité pour tous sauf ses ministres : vers une claque aux législatives ?

Alors que Bayrou prévoit une loi « rétablissant la confiance dans la vie publique », ce sont déjà trois ministres qui sont visés par des « affaires ». Les cachotteries patrimoniales du versatile Édouard Philippe, l’affaire Ferrand – encore faudrait-il plutôt parler des affaires –, le ministre des affaires européennes Marielle de Sarnez visée par une enquête préliminaire au sujet des assistants parlementaires au Parlement Européen – une bombe dégoupillée par le FN qui n’entend pas tomber tout seul – sans oublier le « Bayrougate » étouffé par les médias. Bayrou a d’ailleurs loupé une occasion de se faire oublier, puisqu’il a liké et retweeté le communiqué de presse de défense de Marielle de Sarnez. Un acte logique pour le dirigeant du Modem qui vient au secours d’un fidèle cadre du parti, mais en rien anodin pour le garde des Sceaux.

Tout cela commence à faire beaucoup. Et à faire craindre – alors qu’Édouard Philippe a une fois de plus exclu le départ de Richard Ferrand du gouvernement, tant qu’il n’est pas mis en examen, ce qui ne risque pas d’arriver puisque la justice ne veut pas se saisir de l’affaire – des conséquences graves pour les législatives.

Dans nombre de circonscriptions, les candidats En Marche sont complètement inconnus et ne disposent pas de l’implantation locale et des relais locaux ou communautaires que peuvent activer leurs opposants de droite ou de gauche. Ils doivent déjà faire avec la volonté de nombreux électeurs – dont 12% seulement ont voté par adhésion aux idées de Macron au premier tour – de corriger le tir de la présidentielle en rendant la parole aux familles politiques traditionnelles, notamment à droite. Le doux fumet pourri des affaires pourrait coûter bien des circonscriptions à La République en marche.

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : DR
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5 réponses à “Affaire Ferrand : le ministre à nouveau plombé par les révélations de la presse”

  1. Jakez Gwillou dit :

    Et UNE affaire de plus ! Une affaire frappant un politicien de leur république si vertueuse et grande donneuse de leçons à la terre entière. Faut-il s’en étonner ? Depuis son installation sanglante, ce système de gouvernement est étroitement lié à l’affairisme, et les scandales sans nombre jalonnent son histoire. De la 1ere à la 5éme. C’est la rançon que nous payons, depuis que les puissances d’argent, sous couvert de démocratie, se sont emparées du pouvoir politique.
    A la fin du 19éme siècle, les Bonapartistes avaient vu juste en affublant cette république française, du sobriquet de « Gueuse ». Née dans les cénacles obscurs, imposée par les racailles Sans culottes, pilotée par la Bourgeoisie d’argent et toujours vendue aux intérêts de l’ Etranger, Marianne, il faut bien le dire, n’a jamais été propre sur elle.
    Parions, sans trop nous tromper, que cette affaire Ferrand se soldera par un non-lieu, une tradition bien ancrée dans notre système, au profit de ses soldats politiques.
    On va finir par regretter les temps « obscurs » où les grands-argentiers de la Couronne, croupissaient dans un cul de basse-fosse, pour s’être enrichis sur le dos du peuple. A l’époque, il y avait une morale, qui n’existe plus dans nos sociétés permissives, matérialistes et laïques.
    Aujourd’hui, nous vivons sous le règne des canailles en col blanc.

    • Gwendal Pennanech dit :

      Cela remonte plus haut que la République. Le Royaume de France étaient déjà très corrupteur!

  2. Anne Hélène Gestin dit :

    Et la Bretagne continuera à voter Macron aux législatives……..!!!

  3. Nomizoé dit :

    L’affaire Ferrand est très simple. La mutuelle aurait dû faire un emprunt à la banque et acheter le local. Au lieu de ça, Ferrand a placé sa femme comme intermédiaire de façon à ce que ce soit elle qui fasse un emprunt à la banque, et qu’elle devienne propriétaire du local en faisant payer à la mutuelle un loyer élevé.

    C’est à dire que Ferrand a escroqué la mutuelle qu’il était chargé de diriger. L’affaire est encore aggravée par le fait que Ferrand a fait faire à la mutuelle de gros travaux de rénovation, gratuitement, sur cet immeuble appartenant à sa femme. La mutuelle devait payer un loyer encore plus élevé pour profiter des travaux financés par elle-même.

    L’affaire Ferrand est utile pour mettre en évidence la corruption générale. Car pratiquement tout le monde dans cette affaire s’est montré complice de Ferrand de façon plus ou moins active ou passive :

    – Ses collègues d’aujourd’hui et d’alors à la tête de cette mutuelle
    – Ses collègues du Conseil Général
    – Ses collègues au Parti Socialiste et au Parti de Macron
    – Le gouvernement Macron et les tribunaux
    – La télé et les journaux

    Ça m’étonnerait qu’il y ait un micro-climat de corruption autour de la personne de Ferrand. Le plus probable est que la corruption est générale dans le pays, et qu’il y a plein de dirigeants de mutuelles qui se comportent comme Ferrand, avec la complicité des élus et des fonctionnaires de l’administration.

    On savait déjà que le Parti Socialiste et les médias appartenaient aux forces du mal, vu leur soutien à l’immigration massive. Alors tant qu’on y est, pourquoi nos dirigeants ne profiteraient pas de leurs postes à responsabilité pour se remplir les poches illégalement ? De toute façon, c’est beaucoup moins grave que de travailler pour le Grand Remplacement.

    C’est intéressant de savoir que Ferrand doit sa place aux réseaux socialistes. Il leur doit non seulement sa place d’élu politique, mais aussi son poste aux Mutuelles de Bretagne, et sa place de conseiller de Kofi Yamgnane à Paris (secrétariat d’état aux affaires sociales et à l’intégration des immigrés !). Il doit bien s’entendre avec Le Drian, Lebranchu, et compagnie…

    Les médias font de l’enfumage en n’expliquant pas les choses clairement et en faisant croire que c’est une affaire compliquée où l’escroquerie n’est pas évidente. L’article ci-dessus est très clair, mais on ne trouve pas l’équivalent dans la presse. L’article de Ouest-France d’aujourd’hui est particulièrement consternant. Je cite:

    Dans les rues de Carhaix, les opinions divergent. Opérateur lavage, Adama reste mesuré: « Je pense qu’on cherche à lui mettre des bâtons dans les roues parce qu’il est ministre ».

    Dans les journaux, au gouvernement, chez les responsables actuels des Mutuelles de Bretagne, et de la part de Ferrand lui-même, on retrouve constamment le même raisonnement suivant lequel il n’y a rien à lui reprocher tant qu’il n’a pas été condamné judiciairement, tant qu’il n’a pas réellement enfreint la loi, tant qu’il n’est pas prouvé qu’il était pacsé ou marié, tant qu’on ignore s’il avait obtenu l’autorisation du Conseil d’administration, etc. Mais ce sont justement les escrocs qui réfléchissent de cette manière légaliste.

    En fait, la culpabilité de Ferrand est évidente. On n’a pas intérêt à avoir des politiciens de ce genre au gouvernement, ni au Conseil Général, ni dans les affaires publiques en général. On n’a surtout pas besoin d’un artiste qui réussit à se remplir malhonnêtement les poches sans enfreindre les lois et sans se faire prendre. Macron et ses amis n’ont pas l’air de comprendre ça.

    • Gwendal Pennanech dit :

      La France était déjà pourrie par la corruption à l’époque où Louis XI de France cherchait à contrôler la Bretagne en achetant ses grands féodaux. Rien de nouveau sous le soleil la seule tristesse est de voir trop peu de Bretons s’en rendre compte . France rime avec rance.

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