30/05/2017 – 06h50 Quimperlé (Breizh-Info.com) – Les militants s’activent sur la huitième circonscription du Finistère. Une circonscription à la fois maritime et rurale, puisqu’elle englobe les cantons d’Arzano, Bannalec, Concarneau, Pont-Aven, Quimperlé et Scaër.
En lice, 14 candidats à l’élection législative (voir ci-dessous).
Rencontre avec l’un d’entre eux, Emmanuel Magnan, qui défend la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Les autres candidats peuvent nous contacter sur [email protected] pour répondre à l’interview.
Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter ?
Emmanuel Magnan : J’ai 40 ans, j’habite Quimperlé. Marié et père de 3 enfants. Sapeur pompier de métier depuis 20 ans. Je n’appartiens à aucun parti politique. Je n’ai jamais exercé de mandat d’élu. Je pioche le sens de mon engagement dans ma carrière professionnelle et dans mon expérience associative (engagé à La Croix rouge française, au SAMU sociale et aux côtés de médecins du monde dans une antenne d’aide aux SDF).
J’ai par ailleurs été militant de Force Ouvrière.
Le programme de France Insoumise m’a fait entrer en politique. Cela correspond à toutes mes convictions et à ce que je défends toute l’année. J’avais envie de m’engager concrètement pour ce programme que je trouve profondément humaniste et écologiste.
Pour moi la France insoumise est un mouvement citoyen qui regroupe des personnes venues de tous les horizons, mettant en commun des compétences et des expériences utiles au progrès social. Nous représentons aujourd’hui la vraie force de proposition.
Breizh-info.com : Pourquoi avoir décidé de se présenter sur cette circonscription ?
Emmanuel Magnan : J’habite Quimperlé. J’y vis depuis 17 ans.
Breizh-info.com : Si vous étiez élu député, quelles seraient les principales mesures que vous voudriez faire voter ?
Emmanuel Magnan : Ma ligne de conduite c’est le programme « l’avenir en commun » . Nous voulons composer un groupe parlementaire pour appuyer ce programme. Les propositions de vote se feront par rapport à ce programme. Je ne voterai pas pour des lois qui ne seraient pas conforment à la triple urgence : démocratique, sociale et écologique.
J’ai trois axes de défense :
- la défense de notre droit du travail en votant contre toute autorisation des ordonnances.
- La défense de notre système de santé. Les choix politiques actuelles accroissent les inégalités sociales. Je constate au quotidien une dégradation des conditions de travail du personnel soignant.
- Je veux remettre l’écologie au centre du débat. Favoriser la culture paysanne locale et le développement des énergies renouvelables.
Je souhaite également, en terme de solidarité et de redistribution des richesses, ne pas prendre davantage à l’Etat que ce que mes besoins exigent, donc en tant que député, je prendrai comme référence mon salaire de sapeur pompier. Les indemnités que je toucherais, en fonction de cette référence de salaire, seraient reversées sous forme de dons pour les associations de ma circonscription qui oeuvrent pour l’intérêt collectif.
Breizh-info.com : Quel regard portez vous sur l’élection d’Emmanuel Macron et sur le nouveau gouvernement ?
Emmanuel Magnan : Un regard assez critique. Sa volonté ni de gauche ni de droite, puis de gauche et de droite, est ambiguë. Entre des ministres issus du PS ou des Républicains, des « en marche » anciens de ces partis il y a un mélange étrange.
Je constate quelques paradoxes : d’un côté on peut avoir une ministre de la Santé (avec un ministre délégué associé) patron des mutuelles privées. Nous avons un Premier ministre pour le nucléaire et un ministre de l’Écologie qui est contre …
Tout cela ne m’apporte pas confiance. Une fois les élections législatives terminées, tout un système ultra libéral se mettra en mouvement, qui aura pour conséquence une aggravation de toutes les formes de précarité que nous connaissons dans notre société aujourd’hui.
Breizh-info.com : Un mot sur vos concurrents dans cette élection ?
Emmanuel Magnan : Je les connaissais de nom. Je n’ai pas de critique particulière à formuler. Nous avons toutefois le PS, En Marche, Les Républicains mais pour moi, ils ne forment qu’un seul et même concurrent réparti en trois personnalités. Ils vont former une coalition pour apporter une majorité à Macron au Parlement.
Concernant le candidat du Front national, je ne le connais pas. Il défend ses idées, que je ne partage pas. C’est difficile certes de ne pas être d’accord sur le social notamment, mais derrière se cache une idéologie nationaliste qui ne correspond pas à ce que je défends.
Il dit représenter la deuxième force de la circonscription. Je n’en suis pas convaincu. Si on compare les votes du premier tour des élections présidentielles, c’est France Insoumise qui apporte une force d’opposition plus significative.
Chacun défend ses idées, sa politique. Mais je rejette l’idéologie du FN qui ne correspond pas à ma vibration personnelle. Le protectionnisme nationaliste alimenté par la peur ne me semble pas une bonne option. Je lui préfère l’espoir et la coopération.
Breizh-info.com : Parlez nous de votre circonscription …
Emmanuel Magnan : Bon il s’agit d’une élection législative , donc nationale. Maintenant, dans ma circonscription, nous voyons bien les conséquences des politiques menées sur l’ensemble du pays.
Ici, on retrouve des problèmes clés.
Tout d’abord, un taux de chômage et une pauvreté élevés sur l’ensemble des communes. Les jeunes sont les premiers touchés.
Ensuite, sur la 8ème circonscription, le 24 mars a été décidé la fusion des hôpitaux (Quimperlé, Concarneau avec Lorient). L’hôpital de Concarneau est en train de mourir. A partir de 19h, plus de SMUR, plus d’urgences. Ils vont le transformer en centre de réadaptation et de rééducation. Ils demandent un scanner depuis des années et ne l’obtiennent pas.
Tout ramener sur deux centres hospitaliers, en l’occurrence pour nous, Lorient et Quimper amènent une inégalité sociale accrue, notamment en terme de délais de prise en charge et d’accès aux soins. La loi Touraine prévoit d’être à une demie-heure d’un hôpital ; dans la réalité on assiste à une désertification des soins que je ne peux pas accepter.
Ou encore, concernant le port de Concarneau. Il pourrait être un vecteur économique de taille. Il est inadmissible qu’une multinationale favorise les travailleurs détachés venus de Pologne au détriment d’une main d’oeuvre locale, de voir une filière pêche disparaître pour voir apparaître un joli grand port de plaisance pour touristes aisés.
Enfin, dans nos campagnes cette fois-ci où nous pouvons voir nos agriculteurs à bout de souffle et une population délaissée par les pouvoirs publics, une population souvent vieillissante. C’est ce qui se passe à Scaër, par exemple, qui devient une simple ville dortoir, avec des prix immobiliers qui chutent, etc.
C’est la France des oubliés.
Breizh-info.com : que lisez vous actuellement ? Quel type de film aimez vous ?
Emmanuel Magnan : Je regarde peu de films, et pas d’émission…Je regarde beaucoup des documentaires scientifiques et historiques. Dans mes lectures, je lis actuellement une biographie de Jean Jaurès.
Propos recueillis par Yann Vallerie
Crédit photo : DR
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