29/05/2017 – 09h45 La Baule (Breizh-Info.com) – Ils étaient des centaines réunis ce samedi sur la plage de La Baule, au pied de l’avenue de Gaulle. Commerçants, hôteliers, restaurateurs, Baulois ou touristes, ils étaient tous présents pour répondre à l’appel de l’association La plage coeur de La Baule. L’objectif ? Montrer à l’Etat que les restaurateurs ne peuvent pas être ignorés dans l’application du controversé « décret plage ». Le slogan était clair : « Rien sans nous, rien contre nous ». Plusieurs candidats aux législatives étaient sur le pont. Côté people, le chroniqueur sportif Pierre Ménès était présent pour soutenir les restaurateurs.
Un rassemblement festif pour maintenir la pression
C’est dans une ambiance bon enfant que s’est déroulé ce rassemblement. Tous les professionnels de la plage avaient mis la main à la pâte sous la houlette de l’énergique Loïc Durand-Raucher, président de l’association La plage coeur de La Baule. En plus de la pétition en ligne et des discussions avec les autorités, la dynamique association bauloise a voulu proposer un événement fédérateur pour réunir les défenseurs de la plage et adresser un message aux autorités.
Un SOS en sable, des activités pour les enfants, des stands de dégustation d’huîtres ou de gâteaux préparés par les restaurateurs, de la musique… Tout était réuni pour que l’ambiance soit la plus festive et positive possible.
Grand succès de l’après-midi, la chorégraphie endiablée reprise par toute la plage.
« C’était convivial et festif donc objectif atteint. » Le président de l’association La plage coeur de La Baule reste modeste mais ne cache pas satisfaction devant le succès du rassemblement. Et il en profite pour rappeler que l’Etat devra faire avec eux : « Les gens qui connaissent la plage, c’est nous. On va continuer à leur mettre la pression ça c’est sûr. Le rassemblement d’aujourd’hui était là pour ça. »
Un décret très contesté
C’était un décret datant de 2006 que le maire de La Baule, Yves Métaireau (LR), avait refusé d’appliquer pendant des années. Le fameux « décret plage » confierait la concession de la page de La Baule pendant 12 ans à la société Veolia. Parmi les conséquences néfastes pour les restaurateurs : la destruction des restaurants actuels et le remontage de bâtiments démontables ainsi que la hausse des charges pour les exploitants.
La contestation est donc très forte de la part des professionnels baulois. Leur mobilisation a été entendue par le maire de la ville qui a proposé la mise en place d’une société d’économie mixte (SEM) afin que la ville apporte un soutien financier aux exploitants.
Une solution qui satisfait les restaurateurs qui ont néanmoins décidé de maintenir le rassemblement afin de montrer leur détermination à ce que rien ne soit décidé sans eux.
Des candidats aux législatives discrets mais présents
Au rassemblement, plusieurs candidats étaient venus soutenir les exploitants. Franck Louvrier (LR) était présent en toute discrétion mais très remonté : « Il faut à tout prix combattre ce décret inique » déclare le candidat qui s’est engagé à renoncer à tous ses autres mandats s’il est élu député. « Ce décret n’est pas applicable sur l’ensemble du territoire français de manière uniforme. Je me suis engagé à porter le fer à l’Assemblée nationale contre ce décret plage avec tous les députés concernés, qu’ils soient de droite ou de gauche. Cette manifestation se passe dans un bon esprit. Nous sommes tous attachés à la beauté de la baie et je suis heureux de participer à cette mobilisation. »
Doris Noel (FN) était également présente : « Je suis venue avant tout en tant qu’amoureuse de La Baule et habitante de Pornichet. Cela fait partie de mon devoir de m’opposer à ce projet complètement aberrant. J’espère qu’il y aura une suite positive à cette mobilisation. »
Selon Loïc Durand-Raucher, président de l’association des exploitants, Sandrine Josso (LREM) et Anne Boyé (PS) étaient également présentes. Enfin, des militants de la France insoumise ont distribué des tracts aux abords du rassemblement.
Le président de l’association des exploitants n’a pas manqué de prendre la mobilisation des candidats aux législatives avec des pincettes : « C’est le principe du politique, se plastronner devant le public qui l’écoute ce jour là et de s’appliquer à ne rien faire derrière. La France est en train de changer, on peut espérer que ça amène un peu de sang neuf. Les anciens : confiance zéro. »
Pierre Ménès tacle Yves Métaireau
Invité surprise de ce rassemblement, Pierre Ménès ! Le célèbre chroniqueur sportif à la langue acérée est un fidèle de La Baule. En vacances dans la station balnéaire, il en a donc profité pour montrer sa solidarité avec les exploitants. « C’est une cause à laquelle je suis sensible. Ces gens qui ont pondu ce règlement ne se rendent pas compte du mal qu’ils vont faire à La Baule » lance le commentateur sportif.
« Il y a des plages en France où il y a des abus mais cela ne me semble pas le cas ici. Si le maire avait un minimum de courage, on en serait pas là. »
Et lorsqu’on lui parle du projet de SEM porté par le maire de La Baule, Pierre Ménès tacle immédiatement Yves Métaireau : « Il serait temps ! Quand t’es maire de cette ville et que tu ne t’occupes pas de ta plage, tu n’as rien à faire comme maire de La Baule. Je ne comprends pas. Il y a bien d’autres choses que je ne comprends pas depuis que cet homme est en place mais ça, c’est le pompon ! »
Le commentateur sportif a pointé du doigt les éventuelles dérives possibles d’une telle concession à une grande entreprise : « Ce genre de décret est symptomatique d’une société qui ne pense qu’à faire du blé. Il y aurait eu des transats jusqu’à la mer. Même avec un droit de passage, la plage aurait été privatisée. Et attention, si Veolia a envie de mettre un Mac Do dans une affaire, ils mettent un Mac Do. Ça n’a pas de sens. »
Une solution de la mairie bien accueillie
Si Pierre Ménès et de nombreux Baulois interrogés ce samedi critiquent l’attitude attentiste du maire, l’association La plage coeur de La Baule préfère se concentrer sur les aspects positifs de l’affaire. Laurence Jégouzo, avocat parisien ayant apporté une aide juridique aux exploitants, salue ainsi la décision de créer une SEM. « Je suis très heureuse de ce dénouement qu’on attendait plus. On espère que les exploitants seront plus écoutés sur certaines normes techniques. »
Et la spécialiste du droit du tourisme d’origine malouine de rappeler que ce combat est avant tout celui des amoureux de La Baule, d’où qu’ils viennent : « J’ai une maison à La Baule, je suis Parisienne. J’ai toujours passé mes vacances à Piriac puis à la Baule. Je me suis vraiment battue pour ce dossier et je suis heureuse de voir que le combat abouti avec des commerçants très combatifs. »
Loïc Durand-Raucher préfère lui aussi se focaliser sur la victoire qui se profile à l’horizon. Dans son discours aux personnes venues soutenir les exploitants, il remercie tous ceux qui les ont aidés.
« On se bagarre depuis des mois contre ce projet. Et on est peut-être, grâce à votre soutien et à celui des médias, en train d’y arriver car Monsieur le Maire a proposé une solution de sortie de crise. Cette solution c’est de reprendre la main sur la plage dans le cadre d’une SEM dans laquelle Veolia interviendrait au titre de ses services. On soutient ce projet du maire qui représente une bonne solution. Si on y arrive, ce sera grâce à vous qui avez été très nombreux et impliqués. Rien ne se fera sans nous et rien ne se fera contre nous. »
Le message est passé, dans la bonne humeur mais avec fermeté.
NF
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2 réponses à “La Baule (44). Rassemblement festif contre le décret plage”
A La Baule, les restaurants de plage ont pris l’habitude de vivre dans l’illégalité sans être dérangés. Ils pratiquent une privatisation rampante, agrandissant leurs installations fixes année après année, sans payer à sa juste valeur le privilège d’être installés sur le domaine public. Avec leurs clients dorés sur tranche, ils forment un groupe de pression chic et puissant, d’où les courbettes que viennent leur faire tous les candidats. Je trouve spécialement cocasse que la mairie propose à présent d’atténuer leur peine en les subventionnant via une société mixte !
Pschitt a raison, avec ou sans véolia la privatisation de la plage de la Baule était « en marche » depuis des années. Frank Louvrier conseiller municipal depuis 3 ans dans l’équipe Métaireau ne manque pas d’air pour venir manifester aujourd’hui contre ce qu’il a voté !