Le député sortant de la 6e circonscription, jadis fief de la famille Hunault, est un socialiste. Mais comme Yves Daniel a rejoint en Marche, et en a obtenu l’investiture, les socialistes ont présenté un candidat contre lui, l’agriculteur grigonnaisien Gérard Poisson. Nous l’avons interviewé. Il a une suppléante EELV – le PS tenu par les anciens frondeurs maintient son alliance électorale pour le meilleur et le pire avec les écolos, tandis que le Parti Radical de gauche et l’UDB, autres satellites habituels, présentent des candidats séparés.
Dans la 6e circonscription, il n’y a « que » 12 candidats, contre 15.6 en moyenne dans le département. Il s’agit de Florence Thomas (UPR), Alain Hunault (LR), Jacky Flippot (Parti Breton), Marie-Louise Dupas (LO), Brigitte Nédelec (FN), Brigitte Maillet (LFI), Antoine Lépine (Nous citoyens), Sandra Bureau (DVD), Gérard Poisson donc (PS-EELV), Anne Cadorel (UDB-MPB Oui la Bretagne), Yves Daniel (LREM), Bruno Chevallier (MRC).
Breizh Info : Bonjour Gérard Poisson, pouvez-vous vous présenter ?
Gérard Poisson : J’ai 58 ans, je suis marié, j’ai deux enfants. Je suis agriculteur, producteur de lait, en bio depuis quelques années. Je vis à la Grigonnais, je fais du rugby et de la musique pendant mes loisirs, je participe au développement culturel dans ma commune, je suis notamment à l’initiative du festival Graines d’Automne.
Breizh Info : Vous êtes aussi engagé en politique au sein du PS ?
Gérard Poisson : Je suis le secrétaire de la section Nozay-Derval-Guéméné qui compte environ 60 adhérents et bien plus de sympathisants. J’ai aussi fait le mandat 2008-2014 au sein de la majorité municipale à la Grigonnais. Je ne suis pas élu ailleurs, ou depuis.
Breizh Info : Le PS a quand même présenté un candidat contre Yves Daniel, au risque de voir la gauche éclatée au premier tour et de voir la circonscription basculer à droite. Pourquoi ?
Gérard Poisson : Yves Daniel a changé d’étiquette en laissant le PS pour rallier En Marche. On ne savait pas du reste qui En Marche investirait, ça aurait pu être aussi Tobie [maire centre-droit d’Ancenis, un temps candidat à l’investiture], donc on s’est mis en ordre de marche.
Breizh Info : Que pensez-vous du choix d’Yves Daniel ?
Gérard Poisson : C’est un choix individuel, sachant qu’il a été élu en 2012 avec les voix socialistes. Il n’a même pas consulté les adhérents de son secteur, il a décidé tout seul dans son coin de rallier En Marche, sa méthode est discutable. Il a changé de parti par opportunisme.
Breizh Info : Que pensez-vous de la déconfiture du PS lors de cette présidentielle ?
Gérard Poisson : On a clairement eu une présidentielle qui a bousculé les partis traditionnels, où il y a trois candidats qui ont fait le choix de casser la baraque, Le Pen, Mélenchon et Macron, ça a plu. Mais ce n’est pas dit qu’aux législatives ça soit le reflet de ce qui s’est passé aux présidentielles.
Breizh Info : Le choix de Hamon de faire campagne sur la ligne des frondeurs contre nombre de réalisations du gouvernement (la Loi Travail notamment) n’a-t-il pas perdu les électeurs ?
Gérard Poisson : On reproche beaucoup de choses aux frondeurs, mais je doute que les personnalités de gauche qui ont rejoint Macron voteront cinq ans durant les lois au garde-à-vous. Hamon est représentatif de ce que les adhérents pensaient sur le terrain, c’est pourquoi il a gagné les primaires.
Breizh Info : Etes vous pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes ?
Gérard Poisson : Contre. On est sur la ligne Hamon – Jadot, soutenus par EELV, on pense la même chose, que c’est un projet d’un autre âge.
Breizh Info : Qu’avez vous voté au second tour ?
Gérard Poisson : Macron évidemment, aucun souci. Pas par adhésion, mais pour contrer Le Pen. Je soutiendrai Macron, surtout son ministre de l’environnement. Cela dit, vu la tête du gouvernement on peut se demander s’il n’y aura pas un brin de libéralisme, quelles réformes sociales accompagneront ça ? Faut voir, wait and see.
Breizh Info : Quelles idées entendez-vous défendre dans votre circonscription ?
Gérard Poisson : Le besoin de rendre de la vitalité aux territoires. Sur la 6e on a toute une marge en limite de l’Ille-et-Vilaine, de l’Anjou, une zone périphérique qui souffre.
Breizh Info : C’est la fameuse France périphérique que décrit le géographe Guilluy, celle où le vote FN explose, ce qu’on a pu encore voir aux présidentielles ?
Gérard Poisson : Oui, mais ils ne sont pas racistes ces gens là ! Ils ne voient pas passer les fruits du modernisme, ils ne voient que le magasin qui ferme, pour la banque c’est de plus en plus compliqué, les déserts médicaux. Il faut leur redonner un peu d’honneur, de fierté, apporter de la dynamique économique dans ces secteurs qui jalousent les lumières de la ville.
Breizh Info : Que lisez-vous en ce moment ?
Gérard Poisson : Très franchement, je n’ai pas le temps. Je me limite aux actualités, dans Ouest-France, Libé, Le Monde…
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