25/05/2017 – 06h50 Nantes (Breizh-Info.com) – Lancée en 2015 pour les régionales, la coalition Oui la Bretagne repart à l’attaque pour les législatives, avec la volonté d’investir des candidats dans les 37 circonscriptions des cinq départements bretons. Sous les couleurs de l’UDB et du MBP, le mouvement Bretagne et progrès de Christian Troadec, c’est un vigneron non encarté, mais défenseur reconnu de l’identité bretonne du Vignoble nantais, Maxime Chéneau, qui portera les idées de Oui la Bretagne dans la 10e circonscription de Loire-Atlantique.
Quinze candidats se présentent dans cette circonscription, à savoir Gaëlle Chaillot (la France Insoumise), Emilie Leguen (UPR), Jérome Guiho (LR), Yann Béliard (LO), Jean-Marc Beauvais (FN), Jérome Debuire (AEI), Brigitte Héridel (EELV), Daniel Tarlevé (Rebâtir la France), Christophe Audren (DLF), François Fautrad (Alliance Royale), Maxime Chéneau donc (Oui la Bretagne, régionaliste), Christine Trimoreau (PCD), Marie-Claude Robin (PCF-FG), Sophie Errante (LREM), René Brevet (les centristes).
Breizh Info : Maxime Chéneau, pouvez-vous vous présenter ?
Maxime Chéneau : Je suis vigneron depuis 2010, j’ai 30 ans, j’ai deux enfants. J’ai commencé à faire bouger les choses d’abord pour le muscadet puis autour en 2012. Je ne suis pas encarté – sauf à la Coordination Rurale pour la viticulture, et je suis donc investi par Oui la Bretagne, qui regroupe l’UDB et le MBP. Je suis aussi secrétaire du comité des vins bretons, qui organise notamment la Tablée bretonne à Nantes.
Breizh Info : Quelles idées entendez-vous défendre ?
Maxime Chéneau : La réunification de la Bretagne, la décentralisation, l’identité bretonne du Vignoble nantais et du muscadet.
Breizh Info : à propos de muscadet, Interloire, qui était le fer de lance de l’absorption du vignoble nantais dans le Val de Loire, a nettement diminué de volume suite au combat du comité des Vins bretons, non ?
Maxime Chéneau : En effet, ils se sont recentrés sur Tours, ils ne nous prennent plus que 2,5€ au lieu de 4€ à l’hectolitre vendu, et leur budget a diminué de moitié. C’est la Fédération des vins de Nantes qui se charge de la promotion des vins, elle ne parle plus du Val de Loire mais de la Bretagne dans sa plaquette, il y a du progrès.
Breizh Info : On trouve d’ailleurs de plus en plus de références à la Bretagne dans les vins du Vignoble nantais, même quand ils ne font pas partie du comité des Vins Bretons. Hermines sur la bouteille, voire étiquettes « produit en Bretagne », comme sur certains vins rouges du pays d’Ancenis…
Maxime Chéneau : Ça évolue clairement dans le bon sens, les gens se sentent de plus en plus bretons dans le Vignoble, ils sont contents de voir du vin breton qui se diversifie d’ailleurs. L’époque où on ne produisait que du muscadet et du gros plant est révolue.
Breizh Info : Le vin se diversifie, mais les gelées tardives ont encore durement touché le Vignoble, y compris des gelées noires, au cœur de la nuit, qui ont grillé la vigne bien plus que ne le fait le blanc gel, au petit matin. Quel est le bilan?
Maxime Chéneau : On ne sait pas encore l’étendue des dégâts, on sera fixé en juin, mais c’est catastrophique. L’an dernier, après les fortes gelées, on a vendu les stocks, mais là il n’y en a plus, ça va être compliqué de satisfaire notre clientèle.
Breizh Info : Que proposez-vous pour sécuriser la filière ?
Maxime Chéneau : Il faut déjà augmenter les prix de vente auprès de la grande distribution. La vente du muscadet en « vins du Val de Loire » nous a fait beaucoup de tort, on a perdu la moitié des marchés car les gens n’achetaient plus du muscadet par sentiment d’appartenance. Du coup il y a eu surproduction, les prix ont été révisés à la baisse pour vendre les vins et le muscadet s’est ancré dans le segment des vins pas chers. C’est un problème de coût et de communication comme souvent. Depuis, on commence à remonter la pente.
Breizh Info : Que permettraient de meilleurs prix ?
Maxime Chéneau : D’investir dans des équipements contre les gelées, notamment des systèmes d’arrosage et de ventilation.
Breizh Info : Est-ce que ça suffira ?
Maxime Chéneau : Bien sûr que non. On peut aussi penser à faire évoluer le système des assurances d’aléas climatiques, qui existent déjà mais ne sont pas adaptées aux viticulteurs. Elles sont notamment assises sur les deux récoltes précédentes et sur des gros volumes, ce qui ne recouvre pas nécessairement nos réalités. L’Etat a un rôle à jouer pour remettre ça en ordre de façon à ce que les vignerons puissent surmonter les aléas climatiques et continuer à pouvoir exploiter, investir, se développer.
Breizh Info : Que pensez-vous de l’élection de Macron ?
Maxime Chéneau : Il est très flou dans ses intentions, on ne sait pas ce qu’il va faire, et il n’a pas d’avis sur la réunification bretonne. Il semble assez opportuniste, prêt à faire ce que les gens demandent, ça peut être une bonne chose, mais tant qu’il ne se positionne pas sur la réunification bretonne et sur la décentralisation, on ne le soutiendra pas.
Breizh Info : En 2012 déjà, les militants bretons de tous bords avaient présenté de nombreuses candidatures, arrivant à couvrir presque toutes les circonscriptions, avec des doublons parfois, mais avaient obtenu des scores très modestes, sauf Christian Troadec autour de Carhaix et Paul Molac, finalement élu avec les voix socialistes et écolo. Très discret pendant son mandat, peu empressé à défendre ses concitoyens, il vient d’obtenir l’investiture de En Marche et est bien reparti pour se faire réélire pour cinq nouvelles années de discrétion. Que pensez-vous de l’insignifiance politique du mouvement breton, toutes tendances confondues ?
Maxime Chéneau : Je n’ai pas trop d’avis là-dessus, je pense que les électeurs bretons vont vers le vote utile, PS ou En Marche, UMP/LR, FN, c’est pourquoi on n’arrive pas à percer.
Breizh Info : Sur la mandature de Hollande, il y a quand même eu un grand mouvement purement breton, c’était la révolte des Bonnets Rouges, qui est née et a grossi complètement à l’extérieur du mouvement breton. Quand l’Emsav a repris la main, avec l’ABBR, les Bonnets Rouges ont très rapidement décliné. N’est-ce pas un signe que le mouvement breton s’est déconnecté de la réalité ?
Maxime Chéneau : Je ne pense pas que cela me concerne. Avant peut-être ils étaient trop dans le discours. Je ne suis militant que depuis 2006 et j’ai commencé à me mouiller, d’abord pour le muscadet, ensuite pour d’autres causes, qu’en 2012.
Breizh Info : Que lisez-vous en ce moment ? Que regardez-vous comme films ?
Maxime Chéneau : Habituellement je lis des livres historiques, mais là je n’ai pas le temps, il y a trop de travail, c’est la période des traitements. Pour les films, c’est pareil, je n’en regarde pas en ce moment, il y a bien trop de boulot.
Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe
Crédit photo : Site de campagne du candidat
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