09/05/2017 – 07h50 Paris (Breizh-Info.com) – Les élections présidentielles viennent de prendre fin. Quand on interroge les Bretons et les Français, ils sont très majoritairement consternés par le niveau de la campagne. Une lassitude qui n’échappe pas au mouvement politique monarchiste Action française.
Les héritiers de Charles Maurras, fervents pourfendeurs de la démocratie, organisent d’ailleurs prochainement leur colloque annuel. Il aura lieu le samedi 13 mai et sera consacré à la refondation du « bien-commun », il verra plusieurs intervenants de qualité s’exprimer sur la nécessité de revenir à la monarchie. Entretien avec François Bel-Ker, secrétaire général d’Action française sur l’actualité du mouvement.
« Être royaliste aujourd’hui, c’est souhaiter que la France perdure »
Breizh-Info : Être royaliste aujourd’hui, n’est-ce pas aller à rebours du cours de l’histoire ?
François Bel-Ker : Les français sont en rupture avec le système actuel en charge de leur représentation. « Il y a une perte de confiance totale dans les institutions et les élites », souligne l’historien Jean Garrigues, professeur à l’université d’Orléans et à Sciences Po Paris. « Oui ou non, l’institution d’une Monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? » C’est ainsi que Maurras a posé dans son Enquête sur la Monarchie les fondations d’une action française en voie d’adhésion à la cause royale. Il s’agit de poser la question du meilleur régime au service de l’intérêt général. La question de nos institutions se pose de manière d’autant plus cruciale aujourd’hui que les Français regardent l’avenir politique au mieux avec fatalisme, au pire avec désespoir. « Ce n’est pas le passé que nous regrettons, c’est l’avenir qui nous inquiète » disait Gustave Thibon. La réflexion sur la restauration du politique que nous engageons transcende les clivages et prouve par elle-même le bien fondé d’un pouvoir au-dessus des partis. Etre royaliste aujourd’hui, c’est souhaiter que la France perdure, c’est rentrer dans l’Histoire en renouant avec un pouvoir soucieux du Bien Commun.
Breizh-Info : Pour le second tour de l’élection, l’Action française avait appelé à voter Marine Le Pen. Pourquoi ce soutien à cette candidate plutôt qu’à Emmanuel Macron ?
François Bel-Ker : Notre position est relativement simple depuis 1992 : il s’agit de sortir de l’Union européenne. L’Action Française appelle à un compromis pour la nation. Entre 60% (Hubert Védrine) et 80% (Jacques Delors) de notre législation nationale est d’origine communautaire. La France du Non à la Constitution européenne a marqué durablement l’Union européenne. La victoire du Non n’appartient à aucun parti. Pour l’intérêt supérieur de la nation, pas une voix ne doit manquer pour recouvrer notre souveraineté (avant de pouvoir faire appel à un souverain). FREXIT ! donc. Nous avons appelé à voter pour l’un des candidats souverainistes au premier tour, il est logique que nous en appelions au second à apporter un maximum de voix à Marine Le Pen. Par ailleurs, une opposition frontale au représentant de la finance, du libéralisme le plus effréné,des spéculations boursières et de l’immigration massive est une nécessité.
« L’Action française est présente à Nantes, Rennes, Vannes, Brest… »
Breizh-Info : En Bretagne, les royalistes sont-ils nombreux ? Quels sont les atouts de l’Action française pour parler aux Bretons ?
François Bel-Ker : Le renouveau de l’idée royale par l’AF dès le début du siècle précédent a permis une adhésion importante des descendants des chouans et des milieux royalistes et catholiques sur le nationalisme intégral de Maurras. L’Action française est présente à Nantes, Rennes, Vannes, Brest… Nos cercles d’études et sections évoluent sous la direction de la Fédération Royaliste de Bretagne.
L’Action française est soucieuse des peuples et des identités constituant notre pays. La monarchie décentralisée garantit le respect de l’identité bretonne en permettant aux bretons une autonomie plus grande des communes, une restauration de la Bretagne historique, la destruction du « corset jacobin ».
L’Action française a soutenu ainsi les bonnets rouges comme une illustration du pays réel contestant la France jacobine.
« Le gouvernement légitime c’est celui qui recherche le Bien Commun. »
Breizh-Info : Le thème de votre prochain colloque est la refondation du bien commun. La monarchie est-elle le seul régime politique capable de refonder le bien commun ?
François Bel-Ker : Renouer avec le Bien Commun, c’est réfléchir à l’institution la plus apte à garantir ce même Bien Commun. La personne même du Roi donne à l’Etat un visage, un rayonnement, une humanité, quand l’Etat moderne ne propose plus que l’anonymat ou des masques d’acier.
Comment ne pas rattacher la rupture entre la nation et l’Etat à l’absence d’une tête véritable au sommet de cet Etat ? Rétablir la notion d’Etat dans sa vérité et sa diversité est le moyen de rétablir le sens de la politique, l’esprit de la paix civile. Le colloque du 13 mai prochain sur le Bien Commun doit permettre une réflexion approfondie sur le gouvernement le plus soucieux de l’intérêt général, de prendre en compte les fondements de la restauration de notre souveraineté, de notre puissance, de nos libertés.
Henri IV disait déjà préférer « toujours l’utilité publique à tous les intérêts particuliers ». La politique royale est ainsi définie. Le gouvernement légitime c’est celui qui recherche le Bien Commun. La nature même de l’homme étant la base de la société, il s’agit de restaurer l’harmonie des choses. Un régime n’a de valeur qu’au regard de son efficacité dans la sphère publique et dans la défense des libertés particulières. C’est la durée et la continuité de la politique royale qui a permis la constitution de notre nation. A ce titre-là, la monarchie est la plus à même d’incarner le Bien Commun.
Breizh-Info : Emmanuel Macron est le prochain président de la République. Il a déjà déploré la disparition du roi en juillet 2016, gagnant d’ailleurs le titre de royaliste du mois décerné par vos soins. S’il souhaitait rétablir la monarchie et s’installer sur le trône, l’y aideriez-vous ?
François Bel-Ker : L’instauration d’une monarchie en France est une réalité constitutionnelle devant rester à l’abri de toute volonté individuelle. Le Comte de Clermont, et son fils, le Prince Jean de France (qui sera l’invité d’honneur de notre colloque du 13 mai) représentent la Maison de France. Nous souhaitons donc que les règles de dévolution à la couronne de France soient respectées. Emmanuel Macron ne représente nullement notre pays dans son héritage millénaire.
Propos recueillis par Nicolas Faure
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3 réponses à “« Être royaliste aujourd’hui, c’est souhaiter que la France perdure » [Entretien]”
Aller on va se faire plaisir….
Ici, c’est la Bretagne… donc le roi de France, on n’en a rien à faire!
(Sauf que selon le faux traité de 1532 il est le garant des Liberté bretonnes donc de l’indépendance de l’état breton vis à vis de l’état français… et, selon le vrai traité de 1499 les 2 pays se doivent de rester indépendant pour l’éternité).
Par contre un retour de la monarchie bretonne et du duc, pourquoi pas?
Si on prend comme exemple le Danemark (pays comparable à la Bretagne).
L’avantage c’est que les rois puis les ducs de Bretagne étaient tous pro-européen et que la Bretagne était riche du fait.
Donc :
à la France son roi et elle quitte l’Union-Européenne!
à la Bretagne son duc (ou duchesse) et on reste dans l’Union-Européenne!
Ainsi, chacun défend « son » bien commun!
Nous avons eu des rois avant d’avoir des ducs et je pense qu’un roi de Bretagne plutôt qu’un duc serait logique. Du fait de l’inapplicabilite de la loi salique en Bretagne c’est la famille Wittelsbach qui peut prétendre à la couronne de Bretagne par ordre de primogéniture.
http://archive.li/rLt2H
Pas de problème avec ça!
Nos Ducs le sont devenus suite à la défaite face aux Vikings.
La chose n’est pas claire car il semble qu’Alain II le vainqueur de la reconquête, le 1er duc de Bretagne se faisait également appeler « Rex » (roi).
Je crois que c’est Fleuriot qui évoquait l’héritage militaire romain des Bretons pour l’expliquer.
Un « Dux » romain était le commandant en chef militaire d’un large territoire, sa puissance était considérable.
Du fait, Alain II aurait pu valorisé l’aspect militaire en utilisant « dux » (duc) suite à sa victoire, percevant peut-être ce titre comme plus prestigieux que « Rex » (roi, un titre utilisé principalement par les « Barbares » à l’époque de l’Empire).
Du fait, le titre de « duc » à la bretonne n’aurait pas grand chose à voir avec le titre de « duc » à l’européenne (titre de rang inférieur à celui de roi).
J’ai également lu que François 1er de France (duc de Bretagne par mariage avec Claude de Bretagne) aurait réagit violemment quand deux ducs anglais l’on qualifié de « duc », alors qu’en tant que futur roi de France il s’attendait à mieux…
Les 2 ducs anglais auraient répondus vigoureusement qu’il ne s’agissait là point de la même chose d’autant que le duché de Bretagne était le plus grand duché de toute la Chrétienté.
Impressionné par la réponse des Anglais, François 1er de France se serait fait annoncé comme « Duc de Bretagne et Roi de France » durant de nombreuses années… Un titre qui ne passait pas du tout auprès des Bretons qui gênaient pas pour le faire savoir…
Une chose est sûre, un Duc de Bretagne à la couronne fermée comme celle d’un roi!