03/05/2017 – 07H00 Saint-Brieuc (Breizh-info.com) ‑ Coup sur coup, la chambre régionale des comptes de Bretagne vient de publier deux rapports d’observations définitives plutôt sévères pour deux aéroports bretons.
L’un concerne l’aéroport de Lannion Côte de granit. Celui-ci est exploité par un syndicat mixte comprenant le département des Côtes d’Armor, la chambre de commerce et d’industrie des Côtes d’Armor (CCI) et quatre communautés de communes. Il reçoit très majoritairement des vols d’aéro-clubs ou de tourisme. La seule ligne régulière, vers Paris Orly, représente 12 % des vols et environ 30 000 passagers par an. Ceux-ci ne paient pas le vrai prix de leur billet. L’aéroport ne peut fonctionner que moyennant des subventions publiques considérables : près de 210 € par passager pour un aller-retour !
Les subventions sont versées par l’État, un peu, et par les membres du syndicat mixte, beaucoup. Mais ceux-ci ne sont pas tous égaux devant le gouffre financier. L’un d’eux a obtenu un allègement sensible de sa charge. Lequel ? Ceux qui ont répondu « la CCI » ont gagné : la Chambre révèle qu’elle a « versé entre 2012 et 2015 une contribution inférieure de 617 000 € à que ce que les statuts imposaient, soit une ristourne de près de 30 % ».
Le second rapport de la chambre régionale des comptes porte sur l’aéroport de Saint-Brieuc-Armor à Trémuson. Un équipement en échec, estime-t-elle : « Inauguré dans les années 80 à l’époque de l’arrivée du TGV à Saint-Brieuc, l’aéroport n’a jamais répondu aux attentes d’alors et son activité est aujourd’hui réduite essentiellement à une aviation de loisirs, d’affaires ou de services publics. Les quelques milliers de passagers par an correspondent à des vols affrétés principalement pour des équipes sportives. »
On y retrouve la CCI des Côtes-d’Armor : elle est chargée de gérer l’aéroport « dans le cadre d’un contrat de prestations de services signé en 1995 sans aucune mise en concurrence et qui a depuis été renouvelé par tacite reconduction », formule jugée irrégulière par le conseil d’État. Les modalités de fonctionnement « sont aujourd’hui particulièrement critiquables puisqu’elles violent les règles de la gestion publique », ne permettant « aucun contrôle sur une part importante des dépenses ». Un « risque majeur », estime la Chambre.
Les finances de l’aéroport de Saint-Brieuc ne sont pas meilleures que celles de l’aéroport de Lannion : le chiffre d’affaires ne couvre que « la moitié environ des dépenses de fonctionnement, voire moins certaines années ». Le reste est à la charge des contribuables : « les impôts locaux représentent plus de la moitié des dépenses et ont été significativement réévalués par les services fiscaux il y a quelques années ». L’aéroport envisage de se diversifier dans d’autres activités, comme une piste d’essais automobiles que la direction générale de l’aviation civile « estime difficilement compatible avec le maintien d’une activité aéronautique ».
Le département des Côtes-d’Armor est majoritaire dans les deux syndicats mixtes, celui de Lannion comme celui de Saint-Brieuc. Or, note la Chambre, « aucune stratégie d’ensemble n’a été organisée pour le développement des deux aéroports. Les mutualisations des moyens humains et techniques entre les deux établissements demeurent encore aujourd’hui très limitées. » Et, en l’état, l’avenir paraît sombre pour l’un comme pour l’autre.
L’intérêt que leur porte la chambre régionale des comptes ne serait-il pas, d’ailleurs, un prélude à des mesures radicales ? Comme l’ont noté les experts du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (qui est aussi celui des transports), la création de l’Aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes doit être envisagée dans un contexte plus général. Au lieu de construire l’AGO, on pourrait utiliser davantage les équipements existants en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Oui, mais si on construit l’AGO, il faudra bien, pour le justifier, rabattre du trafic vers lui. Ce qui signifie sacrifier certains aéroports secondaires.
Illustration : [cc] aéroport de Lannion, photo Spendeau, via Wikimedia
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Une réponse à “La chambre régionale des comptes bombarde les aéroports de Lannion et Saint-Brieuc”
Je suis mort de rire. On connaissait votre acharnement anti NDDL, on en a une fois de plus la preuve ! Ces deux plateformes n’ont pas besoin du projet AGO pour aller mal. Quand vous avez un aéroport tous les 30 ou 40 km pour faire plaisir aux édiles locaux, il ne faut pas s’étonner qu’à un moment ca commence à coincer! Moi ce qui m’étonne, c’est comment on a pu accepter de verser autant d’argent public dans des équipements qui ne bénéficient qu’à très peu de monde, et qui n’apportent même pas de business. Vous avez l’aéroport de Brest qui marche bien et qui va continuer à se développer. L’argent public serait bien mieux dépense vers ces grands équipements qui bénéficient au plus grand nombre, plutôt qu’à ces gouffres financiers. Au lieu de couvrir les pertes de ces aérodromes. Le département 22 ferait mieux d’investir dans la rénovation des gares TGV et TER ou la création de lignes régulières de cars vers Brest, Rennes et vers Nantes. Voilà qui sera réellement bénéfique aux Briochins.