La troisième édition du Stered festival se tenait à Morlaix ce samedi 22 avril dans une des salles du Parc des Expositions de Langolvas. Une soirée de musique bretonne plutôt réussie selon Nevez Productions qui se chargeait de l’organisation puisque l’on avoisinait les 1000 entrées payantes en fin de soirée. L’affiche réservait une programmation intéressante à découvrir pour un résultat qui, même s’il comporte des bémols, a ravi de nombreux participants. Retour sur l’évènement.
En mode « bonne ambiance »
L’une des particularités des festoù-noz est l’atmosphère détendue et plutôt familiale qui y règne la plupart du temps. Le festival Stered n’a pas dérogé à la règle. La première artiste sur scène fut la DJ rennaise Miss blue, connue pour son association de musique électronique et de chant en breton. Une Breizh’n’Bass qui, même si elle n’est pas sans intérêt, n’était pas du goût de tous les danseurs présents à Morlaix samedi soir. La revisite moderne des airs traditionnels bretons semble avoir des limites malgré les bonnes intentions de la jeune rennaise, par ailleurs fille de Lena Louarn, militante bretonne bien connue pour sa défense de la langue.
David Pasquet Trio, du « trad » efficace
Ce groupe formé en 2016 par David Pasquet, ancien membre d’Ar Re Yaouank, a enchanté le public avec un son traditionnel et efficace. Les danseurs s’en sont donnés à cœur joie sur le parquet de la salle de Langolvas, enchaînant les An-dro et les ronds de Saint Vincent.
Dans la foulée, le trio Fleuves a mélangé musique traditionnelle et arrangements modernes, mais le tout restait « dansable » malgré tout. La basse et la clarinette apportent par ailleurs un son caractéristique à ce groupe qui a déjà eu l’occasion de jouer au festival des Vieilles Charrues de Carhaix, au festival Fisel de Rostrenen ou encore à l’Interceltique de Lorient.
Barba Loutig, la belle surprise du soir
Après David Pasquet Trio, c’est le quator de Barba Loutig qui est monté sur scène. Un quator féminin qui enchaîne par ailleurs les bonnes critiques dans la presse. Une bonne impression confortée au cours de cette soirée avec ces quatre jeunes femmes qui ressuscitent les chants populaires traditionnels de Basse et de Haute Bretagne. Des polyphonies en breton et en français accompagnées de quelques percussions qui ont enchanté le public du soir avec un mélange de vitalité et de respect de la tradition.
JMK, parfois trop rock
Par la suite, le groupe JMK a proposé ses compositions aux accents bretons mais parfois trop teintées de rock et de musique électronique pour une soirée de fest-noz où la danse est la priorité de beaucoup de participants. Une fuite en avant vers la modernité qui, là encore, risque de porter plus préjudice à la musique bretonne qu’elle ne la sert réellement.
Alors que JMK bénéficie désormais d’une petite renommée à l’international, somme toute compréhensible par ailleurs, le public breton des festoù-noz ne semble pas toujours apprécier des rythmes et des sonorités qui n’ont plus grand chose à voir avec ce que les danseurs attendent.
Enfin, le groupe tourangeau Wig a Wag, que nous avions interviewé il y a quelques semaines (ICI) n’a pas déçu lors de son passage à Morlaix. Wig a Wag, qui fût l’un des piliers de la musique bretonne à danser dans les années 2000, n’a pour l’instant pas d’autres dates de concert prévues en Bretagne dans les mois qui viennent. Il fallait donc en profiter ce samedi soir.
La jeunesse bien présente à Langolvas
Signe encourageant pour notre culture, de nombreux jeunes étaient de la partie au Stered festival. Nous avons ainsi croisé des danseurs d’un soir qui sont, par ailleurs, souvent impliqués dans la vie culturelle bretonne. C’est le cas de cette petite bande d’amis rencontrée dont l’un d’entre eux joue dans un bagad tandis que deux autres filles sont membres d’un cercle celtique.
Une culture bretonne vécue tantôt comme du folklore, tantôt comme quelque chose de beaucoup plus fort.
C’est le cas de Laury, 17 ans, élève de terminale au lycée Le Dantec de Lannion : « Il y a eu un siècle d’interdiction du breton mais ça commence à bouger ! »
Le jeune garçon est enthousiaste de pouvoir apprendre la langue bretonne dans son lycée, même s’il trouve que le nombre d’heures est insuffisant : « C’est une fierté de parler en breton avec ma grand-mère. La transmission de la langue est géniale. Elle est heureuse de voir ses petits-enfants converser avec elle dans une langue qui a été si longtemps combattue.»
Et le breton a même des vertus utilitaires selon Laury : « Alors que la génération de nos parents avait honte de parler breton, maintenant il n’y a plus aucune honte et c’est même devenu une fierté. Et cela permet de comprendre son environnement, ne serait-ce que les noms des villages et des lieux-dits. »
Au Stered festival, les discussions commencent sur la musique et se terminent sur la langue bretonne. Et inversement.
Crédit photos : Breizh-Info.com
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