Élections. Pour l’instauration d’un permis de vote

Yann Vallerie, rédacteur en chef de Breizh-info.com, publiait mercredi 26 avril une tribune libre sur le site Boulevard Voltaire, que nous vous proposons ci-dessous. Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place. 

P. Le Grand

À chaque élection, c’est la même rengaine : des millions d’électeurs se bousculent dans les urnes, en France (ou ailleurs), pour aller donner un mandat électoral à des personnalités ou à des partis politiques qui leur auront proposé un programme politique pour le pays, la région, le département…
Parmi ces électeurs, beaucoup l’avouent publiquement : durant toute l’année, ils ne se soucient pas de la vie politique du pays, hormis bien souvent pour le secteur précis qui les concerne le plus (ce qui est une vision corporatiste et non pas politique globale).

Les sondages montrent même qu’à quelques jours des scrutins, une majorité est toujours indécise.
La politique, comme l’origine du mot l’indique, c’est pourtant « la vie de la cité ». Revendiquer fièrement de ne pas s’intéresser à la vie de la cité constitue alors ou bien une faute ou bien un choix assumé, qui devrait se traduire par l’impossibilité de pouvoir voter.

Mais alors…

Est-ce qu’aujourd’hui en France, on autorise des citoyens à conduire sans avoir passé le permis de conduire validant, théoriquement et pratiquement, la capacité à ne pas faire n’importe quoi sur les routes et à ne pas mettre en danger autrui ?

Est-ce qu’aujourd’hui en France, on autorise des citoyens à acquérir des armes librement et à aller chasser sans qu’ils n’aient passé, théoriquement et pratiquement, le permis leur apprenant le maniement des armes et les règles de sécurité et de respect de la faune et de la flore ?

À ces deux interrogations, la réponse est non, bien entendu.

Alors se pose une autre question :

Des individus ne connaissant pas leurs institutions, ou bien parfois le programme des candidats pour qui ils entendent voter (en dehors de deux ou trois propositions ici ou là), ou bien encore la situation géopolitique, économique, sociale, c’est-à-dire le contexte dans lequel se tient une élection, sont-ils réellement aptes à voter ?

Doivent-ils réellement être en mesure de contribuer, par leur vote, aux destinées de générations à venir ? Une arme comme le vote ne doit-elle pas, elle aussi, être, comme toutes les autres armes, réglementée ?

Ne faut-il pas instaurer un permis de vote afin de permettre uniquement à ceux qui sont en capacité ou qui le veulent réellement de décider de l’avenir politique du pays ?

Un permis qui rendrait le vote obligatoire par ses titulaires, mais qui permettrait également de limiter les dérives liées à la « démocratie » française actuelle – qui ressemble parfois plus à la rencontre entre fans de la Star Academy et amateurs de discussions au PMU qu’à une vraie ambition politique pour le pays.

Le permis de vote permettra peut-être d’éviter d’entendre, comme c’est le cas actuellement, que certains voteront pour un candidat parce qu’il est « jeune » ou « nouveau » ou encore « qu’il va changer les choses » et d’autres expliquer de façon tout aussi creuse qu’ils « veulent voter pour une femme », « voter pour renverser la table »…

Et que l’on n’évoque pas l’esprit républicain et la démocratie pour balayer cette idée : ni l’essence du mot « république » ni celle du mot « démocratie » ne sont respectées, en France, depuis des années par ceux qui nous dirigent et qui en usent quotidiennement.

À bon entendeur !

Yann Vallerie

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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4 réponses à “Élections. Pour l’instauration d’un permis de vote”

  1. François Arondel dit :

    Une question : qui délivrerait les permis de vote ? L’Etat, les partis politiques, une clique de  »sages » ?
    Dans tous les cas, une telle procédure reviendrait à ce qu’une oligarchie décidât de la compétence citoyenne des uns et des autres. Le système démocratique n’est pas toujours satisfaisant mais c’est le moins mauvais de tous. Le choix des électeurs, par une administration étatique ou par des militants politiques, serait pire que tout parce qu’il aboutirait à la sélection des plus idéologisés des citoyens, lesquels ne sont pas les plus lucides d’entre eux; ces derniers sont même le plus souvent les moins clairvoyants parce qu’il n’y a pas de pires oeillères que les oeillères idéologiques.

    En quoi, des militants politiques ou des fonctionnaires maitrisant le droit constitutionnel et la philosophie politique seraient -ils plus compétents que les citoyens ordinaires pour décider de la nature d’un Bien Commun ? En quoi les certitudes des idéologues patentés (lesquels nous entraînent régulièrement dans des errements tyranniques et meurtriers) valent-elles mieux que les approximations du commun des mortels ? En rien ! Que les principes de la démocratie et ceux du républicanisme ne soient pas respectés par le système actuel lequel n’est pas démocratique mais représentatif (le très libéral Siéyès a expliqué en 1789 toute la différence qu’il y avait entre ces deux systèmes) est une évidence mais le système proposé dans cet article n’est ni d’esprit démocratique ni d’esprit républicain. Son esprit est , en fait, très proche de celui du système censitaire que les libéraux chérissent tant (Alain Minc , entre autres, de nos jours).

    • Vallerie Yann dit :

      Question : qui délivre les permis de conduire, le permis de chasse, la licence de tir, aujourd’hui ?
      Pourquoi avez vous peur de la sélection ? En quoi serait-t-elle encore une fois plus ou moins idéologisée que la sélection permettant de conduire, de tirer, de chasser, ou de faire de grandes études ….?

      Répondez à la question : pourquoi des individus qui déclarent voter communiste « parce que leur père et leur grand père votait communiste », ou d’autres voter Macron « parce qu’il est neuf en politique » ou d’autre voter Le Pen « parce que y’en a marre (de qui? de quoi ?) » auraient le même droit sur l’avenir de la communauté (c’est à dire de gens qui normalement devraient avoir choisi de vivre en commun) que d’autres qui débattent, argumentent, se cultivent …

      Les errements tyranniques et meurtriers proviennent (souvenez vous l’épuration) non pas d’idéologues mais plutôt du réveil de bas instincts par certains individus eux idéologiquement formés. Le permis de vote empêche justement cette déviance.

      En l’occurence, le droit de vote pour tous actuel, que vous appelez « le moins mauvais système de tous », se révèle être bien souvent l’outil de contrôle des masses par excellence.

      Son esprit est à l’opposé du système censitaire qui sélectionne par l’argent, puisqu’il sélectionnerait pas la capacité, la connaissance, la volonté de s’impliquer dans la vie de la cité.

      • François Arondel dit :

        Vous n’avez pas répondu aux questions essentielles : qui choisira les
        électeurs et quels seront les critères de choix ?

        Quoiqu’il en soit, cette idée (tout comme celle de Minc concernant le
        rétablissement du suffrage censitaire) restera lettre morte parce qu’elle est
        irrecevable par l’immense majorité des Français et des Européens et qu’elle ne
        pourrait être mise en place que par la force ;

        il ne pourrait pas y avoir d’accord sur les critères de choix, ni sur le
        principe d’un tel système  »élitiste ».

        Je suppose que vous pensez faire partie de la minorité susceptible de
        bénéficier d’un tel permis de vote. Et si l’on décidait qu’il fallait être
        titulaire d’un doctorat pour avoir un tel permis ? Qu’en diriez-vous ?

        Comme l’a montré très justement la philosophe Hannah Arendt, les systèmes
        idéologiques mènent tout droit au totalitarisme. Les régimes totalitaires et
        criminels apparus depuis 1789 ont tous été des régimes très fortement
        liés à des systèmes idéologiques. Il ne faut donc pas laisser les partisans
        d’une idéologie systématique s’emparer du pouvoir politique.

        Voter pour Macron parce qu’il est beau ce n’est certes pas un choix approprié
        mais des millions de personnes très diplômées ont cru (ou croient encore pour
        certaines) dans les fadaises marxistes-léninistes, trotskystes, égalitaristes,
        freudiennes, béhavioristes, individualistes, dans la théorie du genre…..et
        autres balivernes. Ces mêmes gens sont au pouvoir depuis des décennies. En
        quoi, cette  »élite » a-t-elle fait preuve de bon sens ? En rien. Elle fait
        preuve, au contraire d’un aveuglement total, un aveuglement lié à ses oeillères
        idéologiques. Le fait d’être cultivé et d’avoir des compétences intellectuelles
        élevées n’est pas contradictoire avec le fait d’être borné comme seul peut
        l’être un individu idéologisé. C’est même le contraire qui est vrai. C’est
        parmi les ‘’intellectuels’’ que se trouvent les plus dangereux des sectaires et
        des fanatiques. Les grands intellectuels ont versé beaucoup plus souvent dans
        les ornières du totalitarisme que la moyenne des humains. Un bagage culturel et
        une intelligence vive ne sont pas des gages de sagesse.

        Des gens, très diplômés, qui voudraient faire le bonheur des autres sans avoir
        leur consentement et sous prétexte qu’ils sont plus diplômés ou plus cultivés
        que ces derniers, seraient beaucoup plus inquiétants et dangereux que les
        midinettes qui se pâment devant Macron.

        Vous devriez réfléchir au fait que la partie la plus cultivée de la population
        a mis en place au cours des trente dernières années une réelle dictature culturelle
        et idéologique et veut nous contraindre à adhérer aux pires des âneries auxquelles
        elle croit; c’est aussi elle qui envisage de rétablir le suffrage censitaire
        pour éliminer politiquement tous les  »incompétents » auxquels elle reproche de
        véhiculer des idées d’un autre temps (le besoin d’enracinement , la communauté…..)
        et de ne pas savoir apprécier le monde d’individus narcissiques et désaffiliés
        que les multinationales et les intellos progressistes nous fabriquent.

        Comment peut-on mettre sur le même plan le droit de vote, le permis de
        conduire et le permis de chasse !!!! L’Etat exige des citoyens désireux de
        conduire ces engins dangereux que sont les voitures ou d’utiliser ces autres
        engins dangereux que sont les fusils un minimum de connaissances et de
        compétences dans le but de limiter les accidents. Le droit de vote se situe sur un plan totalement différent.
        C’est l’expression d’un principe philosophico-politique, celui de l’égalité
        juridique et politique de tous les citoyens. Sa raison d’être n’est pas
        pratique (limiter les accidents) ; c’est le moyen que nous avons trouvé
        pour limiter les tensions au sein de nos sociétés et maintenir la concorde
        entre les citoyens tout en permettant aux uns et aux autres de se réaliser
        pleinement sans être soumis à la domination arbitraire d’une caste dirigeante
        (le système représentatif n’atteint pas pleinement cet objectif malgré le
        suffrage universel ; là est l’origine de la crise de la représentation) .
        La portée et l’importance de l’égalité politique et donc du suffrage universel
        est d’un tout autre ordre que celles des permis de chasse et de conduire, ou de
        tous les autres ‘’permis’’ d’exercer certaines professions que sont les
        diplômes universitaires. En réalité, l’égalité politique est, dans nos
        sociétés, de l’ordre du sacré. Quiconque ose vouloir y mettre fin devient immédiatement
        un paria.

        Rabattre les crimes de 1944 sur les jalousies et les règlements de compte n’est
        pas sérieux; la grande majorité des crimes de l’été et de l’automne 1944 ont
        été le fait des communistes, c’est à dire d’individus agissant au nom d’une
        idéologie. Tous les régimes qui, depuis 1789, ont pratiqué la terreur et les
        crimes de masse (régimes nazi, bolchevik et maoïste en particulier) ont été des
        régimes dont l’imprégnation idéologique était très forte.

        Le système représentatif qui est le nôtre peut facilement évoluer vers l’oligarchie
        et c’est ce que nous observons conformément à ce qu’avait prédit Mirabeau en
        1789. Mais un système démocratique authentique, c’est à dire référendaire,
        serait beaucoup plus difficilement atteint par ce mal. Quoiqu’il en soit, le
        régime élitiste que vous envisagez contrôlerait les  »masses » de manière
        permanente et totale en ne leur laissant aucune liberté d’expression politique.
        Ce serait un régime dans lequel une caste de gens d’élite autoproclamés
        imposerait ses lois à la majorité (et sans doute à des élites autoproclamées
        concurrentes). Un tel système détruirait la cohésion des communautés nationales
        européennes laquelle est étroitement liée au principe de l’égalité politique et
        juridique comme nous l’avons dit précédemment.

  2. Carlos Garcia dit :

    Bonjour, merci de cet article qui reflète exactement ce que j’ai échangé ce matin avec ma femme.
    Étant espagnol travaillant en France, je n’ai pas le droit de voter; j’ai néanmoins le droit de payer des impôts…(et pas qu’un peu…). Je m’intéresse à la politique française plus qu’à l’espagnole car c’est la première qui a un impact sur ma vie professionnelle et personnelle. Je suis dégouté d’entendre des commentaires de certains votants, principalement du FN, qui jettent la faute des maux francais aux étrangers et à l’UE, sans rien comprendre.
    Je n’imagine pas qu’un tel système, le permis de vote, voit le jour car il serait très compliqué à mettre en place et énormément impopulaire. Mon seul espoir réside dans la création d’une union fédérale européenne (type USA) où les citoyens européens seraient libres de l’esclerose nationaliste qui nous empêche d’avancer ensemble.
    Hélas, là encore, je rêve…
    Carlos Garcia

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