26/04/2017 – 17h15 Nantes (Breizh-Info.com) – Sur le marché de Sainte-Thérèse, boulevard des Américains, ce mardi matin, le placier n’a pu placer les abonnés comme d’habitude. Un énorme tas d’ordures occupait l’emplacement d’un étal. Toute la matinée plusieurs commerçants ont dû travailler au milieu des effluves entêtants de poisson pourri. Une situation qui met en colère commerçants et clients, excédés par la grève dure des éboueurs – qui est maintenant terminée – et les montagnes d’ordures qui se sont accumulées dans la ville.
« Cela fait trois semaines qu’il n’y a plus de ramassage, la ville est toute dégueulasse », affirme Mme Guillet, qui vend des fleurs à l’extrémité opposée du marché. « J’ai appelé Nantes Métropole à plusieurs reprises, ils ne peuvent rien faire », déplore de son côté M. Bodard, un de ses clients. « Dans le quartier de Canclaux c’est très clair. Les parties vraiment bourges et les grands boulevards sont propres, dans les rues avoisinantes plus populaires il y a des montagnes jusqu’au premier étage des immeubles », remarque, très remonté, un autre client.
« C’est honteux. Quand on voit qu’ils font 24 heures de travail payées 35, c’est inadmissible. Ils se plaignent alors qu’ils ont la bouche pleine, qu’ils sont privilégiés », tonne une cliente. C’est effectivement la décision de la mairie de mettre fin à la pratique du fini-parti et de supprimer 24 postes sur 210 qui ont mis le feu aux poudres parmi les éboueurs syndiqués FO et CGT.
Karine, commerçante aux marchés des Américains et de Zola, trouve qu’il y a « déjà trop de rats, et ça ne s’améliore pas. Il y a une solution avant de faire grève ». Le commerçant bio dont l’emplacement a été pris par le tas d’ordures, « comprend qu’ils fassent grève, mais moi le matin, je viens pour travailler. Si je ne vends pas, je n’ai pas de casse-croûte, je ne peux pas payer mes employés. Certes, j’ai des clients super, le placier a improvisé, j’ai eu de la chance, mais j’aurai aimé être prévenu ».
Anaïs, qui vend des produits laitiers, trouve la situation « catastrophique pour le marché ; ça puait toute la matinée. On a du reformer le marché autrement, ça fait un mois que ça dure, y en a marre. Quand ils ramassent, ils prennent une poubelle sur trois, un côté de la rue. On n’y comprend rien ». Elle trouve la grève « un petit peu exagérée. Au vu de leurs horaires de travail, ils se plaignent la bouche pleine ». Une autre commerçante à côté dénonce la situation : « quand je sais qu’on nous demande d’avoir une vitrine réfrigérée, des gants, un bidon d’eau, des DLC pour l’hygiène, et qu’on se retrouve à travailler dans l’odeur du poisson pourri près d’un tas d’ordures ! ».
C’est la fin du marché, et deux placiers sont arrivés alors que les éboueurs sont enfin attendus. L’un d’eux accepte de nous parler : « ça fait ch…r ! », dit-il sans ambages. « On n’a pas pu placer les commerçants comme d’habitude, on a du pousser les abonnés, et ces ordures ce n’est pas bon du tout pour l’hygiène ».
Nous parlons aussi de la sanisette située face à Sainte-Thérèse, fermée au cadenas depuis un mois, et encore pendant une semaine avant – nous avions du intervenir pour la faire rouvrir. Depuis, ce n’est pas faute d’avoir contacté le service communication de la mairie – d’y être même allé d’ailleurs. Rien ne bouge. Cette situation exaspère les vendeurs et surtout les vendeuses du marché. Le placier aussi : « elle est en panne, la porte ne ferme plus. Il est question d’en commander une en Chine ou je ne sais où, mais rien ne bouge. J’ai proposé en attendant qu’on mette des toilettes chimiques pour le marché, mais personne n’a bougé ! » La municipalité n’en a visiblement rien à faire des commerçants, sauf pour leur faire payer toujours plus cher le prix des emplacements.
Des agents de Nantes Métropole viennent mettre les cageots en tas et passer les balayeuses-nettoyeuses. « C’est la vidéo de Marseille [réalisée par l’émission Capital, où on voit les éboueurs qui cavalent et ne ramassent presque rien] qui a mis le feu aux poudres ici à Nantes. Du coup la mairie veut la fin du fini-parti alors que tout était ramassé et que ça allait très bien », s’insurge un agent, qui reconnaît cependant que « le fini-parti c’est indéfendable et c’est fini à partir d’octobre ». Mais il trouve « normal que les syndicats se battent contre les suppressions de poste, et qu’ils fassent grève. Ils ont un droit, ils l’exercent ».
Un agent de Nantes Métropole, rencontré ailleurs dans le quartier prend le contre-pied : « mais non, ça n’allait pas très bien ! Ça ne va pas du tout même ! Les accidents avec les véhicules de service où les agents étaient à 100% responsables n’ont cessé d’augmenter ces dernières années et Nantes Métropole se ruine en primes d’assurance », une information confirmée en interne, mais on ne peut connaître la part des accidents liés au service d’enlèvement des ordures.
« Avec Johanna Rolland tu ne le vois jamais, ça. Elle est enfermée dans sa tour d’ivoire, claquemurée dans sa mairie »
Les éboueurs arrivent enfin. « On a repris le travail », nous expliquent-ils. « Pour ce qui est des suppressions de postes, on attend les nouvelles, il y a des discussions en cours ». Ainsi que sur d’éventuelles revalorisations salariales. Les agents regrettent le temps de Jean-Marc Ayrault : « Lui, il n’en avait rien à fiche du fini-parti, il voulait que le travail soit fait, et du moment que ça l’était, il nous fichait la paix. Il s’arrêtait aussi quand il était en ville, il discutait avec les agents. Avec Johanna Rolland tu ne le vois jamais, ça. Elle est enfermée dans sa tour d’ivoire, claquemurée dans sa mairie ». Il pense qu’en se coupant de ses agents municipaux, elle va au devant de graves revers électoraux : « est-ce que ça donne envie de voter à gauche, son comportement ? Non. Elle va finir par se prendre une veste aux élections ».
Louis-Benoît Greffe
Crédit photos : Breizh-info.com
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Une réponse à “Nantes : Nantais et commerçants des marchés excédés par la grève des ordures”
La grève des ordures………Le dialogue socialiste du vivre ensemble…….SI les ordures pouvaient faire grève cela nous ferait des vacances, des vraies.