24/04/2017 – 20H00 Nantes (Breizh-info.com) – Pas de scènes de liesse énormes à la fédération du FN44, où l’ambiance était plus au recueillement attentif, mais aussi aux retrouvailles des militants éprouvés par une longue campagne de terrain. Alors que Marine le Pen continue d’améliorer son emprise électorale dans le département, les militants sont partagés à l’approche du second tour, entre ceux qui sont joyeux, ceux qui pensent que c’est plié en faveur de Macron et ceux qui veulent combattre jusqu’au bout.
Au pied de la permanence, plusieurs jeunes militants sont en train de discuter, mais ils assurent aussi la sécurité des lieux. Ils attendent de pied ferme l’ultra-gauche, qui a promis de s’attaquer à la permanence, mais n’y ira pas. Ce soir, l’ultra-gauche grenouille lamentablement, avec 250 militants à peine, dans le Bouffay où feux de poubelles et tags n’arrivent pas à masquer leur désarroi devant l’échec de Mélenchon et les scores particulièrement bas des deux autres candidats d’extrême-gauche, qui ne font pas même 2% à eux deux tout en privant Mélenchon du secont tour.
Au-dessus, la permanence est pleine comme un œuf. Conseillers régionaux, délégués de circonscriptions, jeunes et moins jeunes militants et journalistes locaux s’y croisent. Ils écoutent Marine le Pen qui parle, à la télé, d’un « résultat historique », de sa fierté pour le « peuple qui relève la tête » ; elle accuse : « le système a cherché par tous les moyens d’étouffer le grand débat politique qui est cette élection ». Citant le général de Gaulle en 1943, elle se pose en gardienne de la continuité de la France : « l’essentiel est en jeu : la survie de la France ».
Secrétaire départemental du FN en Loire-Atlantique, Alain Avello veut croire que « cette victoire du premier tour préfigure une victoire au second tour. Après l’écroulement du système ne subsiste qu’un candidat du système, Macron, dont la posture ni gauche ni droite est une imposture totale et la synthèse du pire », assène-t-il. Pour lui, « le second tour présente une absolue clarté : Macron, candidat de l’UE, de l’austérité, de la mondialisation, contre une candidate patriote qui refuse la dissolution de la France ».
Il croit en la victoire de Marine le Pen car « toutes les têtes du pont du système sont tombées soit au cours des primaires [qui ont été un vrai jeu de quilles], soit lors du premier tour. Cette logique va s’amplifier au second tour ». Il annonce que les militants mèneront une campagne énergique : « nous serons présents partout, tractages, boîtages, collages, et il y aura deux grands meetings, à Saint-Denis et à Nice ; nous enverrons des cars au premier ».
Tous les militants ne partagent pas son enthousiasme. « On s’achemine vers cinq ans supplémentaires de hollandisme. Avec Macron, il y a tous les notables, tous les politiques, en sus des médias, du soi-disant front républicain contre le péril fasciste. Ils vont nous refaire 2002 pour que Macron ait une légitimité et une majorité alors qu’il n’a ni l’un ni l’autre. Regardez tous ceux à droite qui appellent à voter contre leurs convictions tant ils veulent être ministres ! », s’insurge un militant issu de la ruralité. Une autre : « c’est probablement plié, surtout ici en Loire-Atlantique. Entre les bobos de la Métropole et les notables campagnards, ce n’est pas un contexte favorable ».
Un troisième est plus incisif : « le parti est trop à gauche, pas assez nationaliste. Les français se foutent de De Gaulle et de Jaurès, ils veulent qu’on défende notre identité, nos saints, nos clochers et notre terre. Arriver au second tour c’est bien. Servir de faire-valoir à Macron, pas du tout. Puisse cet échec permettre un certain nombre de questionnements au Front et un nettoyage à grande eau de tout ce et de tous ceux qui nous plombent ».
D’autres sont tournés vers le combat et continuent à faire campagne énergiquement, planifiant boîtages, collages et tractages. « Il y a des gens de gauche qui ne voteront jamais Macron et des gens de droite qui ne voteront jamais Macron. A nous de récupérer les orphelins de Fillon et de Mélenchon qui ne connaissent pas notre programme, mais qui en partagent sans le savoir nos convictions », remarque un militant nantais. « Quand je boîte, je constate souvent que les gens ont des idées très proches de Marine, dont ils ne connaissent pourtant que les étiquettes collées par les médias et leur discours. Quand ils voient nos programmes, ils franchissent enfin le pas », continue-t-il. Une autre militante reste optimiste : « avec notre socle électoral, et le ralliement de tous les français pour lesquels le salut de la France, l’avenir de la France, l’avenir des français est plus important que l’approbation d’Obama et de Merkel ou les cours de la Bourse, nous dégonflerons la baudruche Macron ». Rendez-vous dans deux semaines.
Louis-Benoît Greffe
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