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Pour Bernard Lugan, le « développement » n’arrêtera pas la migration africaine vers l’Europe

23/04/2017 – 08h15 Paris (Breizh-Info.com) – Pour Bernard Lugan, le « développement » de l’Afrique, proposé ici ou là par des élites européennes notamment, n’arrêtera pas la migration africaine vers l’Europe. Mais c’est bien la démographie qui sera l’enjeu du siècle en cours.

Explications du directeur de la revue « L’Afrique Réelle » (abonnement disponible ici) :

On ne ment ni à la géographie, ni à la démographie. La première montre que l’Afrique est l’arrière-cour de l’Europe ; la seconde enseigne qu’un trop plein démographique se déverse automatiquement dans un vide démographique.

Face à cette double réalité, confrontés à une migration de masse qu’ils refusent de nommer, les dirigeants européens s’accrochent au mythe du « développement » postulé être un ralentisseur migratoire.

Or, comme je l’ai expliqué dans mon livre « Osons dire la vérité à l’Afrique », le développement est une illusion. Pour trois raisons principales :

1)      A supposer qu’il ait une efficacité, le « développement » ne pourrait avoir que des effets à très long terme ; or, il y a urgence.

2)      Tout a déjà été tenté en ce domaine. En vain, car, dans les Afriques, la démographie est plus forte que la croissance. Un exemple : depuis 1960, la production agricole y a augmenté de 45%, mais la démographie de 110%…

3)      Comme la croissance économique africaine (entre 1,4% et 1,6% en 2016), est inférieure à la croissance démographique (4%), comment, dans ces conditions prétendre « développer » un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an ?

Ce n’est donc pas de « développement » dont l’Afrique a besoin, mais d’une natalité raisonnable. A défaut, des dizaines de millions d’Africains continueront à rêver de venir s’installer en Europe où, par hédonisme, les femmes n’enfantent plus, où les hommes ont honte de leur virilité, où les vieillards sont désormais majoritaires et où les animaux de compagnie ont remplacé les enfants.

Explication.

Vu d’outre-Méditerranée, l’Europe est une terre à prendre. D’autant plus facilement que les migrations continentales sont facilitées en Afrique de l’Ouest par le passeport CEDEAO qui permet d’entrer librement au Niger, et de là en Libye. Une fois arrivés  dans l’espace Schengen, toute liberté est ensuite donnée aux migrants de circuler en Europe avec à peu près autant de chances de se voir expulsés que de gagner au loto.

La cause de ces migrations de grande ampleur est l’envolée démographique. Avec un taux de croissance de 4% la population africaine double en effet tous les 18-20 ans. Au Niger, pays désertique où le taux de fécondité est de 7 enfants par femme, la population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle sera de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050. En Somalie, le taux de reproduction est de 6,4 enfants par femme et en RDC, il est de 6,1.

Le phénomène ne touche pas que l’Afrique sud-saharienne. Ainsi, en Algérie le programme de planification familiale avait permis de faire baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2014, il a rebondi à 3,03.

Résultat de cette démographie devenue folle, en 2100, avec entre 3,4 et 3,6 milliards d’habitants, le continent africain abritera 1/3 de la population mondiale dont les trois quarts au sud du Sahara. Le phénomène de déversement de la population africaine en Europe est inscrit dans ces chiffres car, localement, comme il sera impossible de nourrir et de donner du  travail à ces centaines de millions de jeunes africains, ces derniers n’auront d’autre issue que l’émigration.

D’autant plus que, contrairement à ce qu’affirment les tenants de la « méthode Coué », la situation économique de l’Afrique est de plus en plus mauvaise. La baisse du prix du pétrole et de presque toutes les matières premières a en effet eu des conséquences catastrophiques pour des pays tirant entre 75 et 98% de leurs recettes de ces productions. Phénomène aggravant, quand les cours étaient hauts, ces pays pensèrent que la manne était éternelle et ils dépensèrent alors sans compter. Résultat, aujourd’hui, ils se trouvent face à des échéances qui ne sont plus couvertes. Les voilà donc contraints de s’endetter pour continuer à financer des projets non soldés ou tout simplement pour acheter la paix sociale et éviter la révolution. A peine sortis de la mortelle spirale de l’endettement des années 1980-1990, ils y ont donc replongé.

Début 2017, la croissance économique dans les 45 pays de l’Afrique sud-saharienne a atteint son plus bas niveau depuis l’année 1999, passant de 5,1% en 2014 à 3,5% en 2015, pour atteindre entre 1,4% et 1,6% en 2016 (FMI, 24 octobre 2016). Les deux géants économiques de l’Afrique sud-saharienne sont quant à eux dans une situation préoccupante. En 2016, le Nigeria est ainsi entré en récession avec une croissance négative de -1,8%. Quant à la RSA, avec une croissance d’à peine 0,1%, elle échappe de justesse à la récession.

Résultat :

– 850 millions d’Africains sur une population totale de 1,2 milliard vivent dans la pauvreté et des dizaines de millions d’entre eux ne survivent que par l’assistanat. En 2015, l’APD (Aide pour le développement) pour toute Afrique a ainsi augmenté de 6,9%, soit 131,6 milliards de dollars.

– 150 millions sont à la limite supérieure de la pauvreté,

– 50 millions arrivent à subvenir à leurs besoins élémentaires,

– 20 à 30 millions constituent en quelque sorte la « bourgeoisie » et une poignée, à l’image des Black Diamonds sud-africains vit dans l’opulence.

Voilà pourquoi le « développement » tenté depuis les années 1960 n’est qu’un mythe, qu’une illusion, qu’un mirage et qu’un mensonge. Parce que rien ne pourra être entrepris sans une ferme et impérative politique de maîtrise de la démographie.

Bernard Lugan

Crédit Photo : Pixabay
[cc] Breizh-info.com, 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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5 réponses à “Pour Bernard Lugan, le « développement » n’arrêtera pas la migration africaine vers l’Europe”

  1. jankel dit :

    J’ai dit et écrit en 1970, que la Démographie stimulée par le vieil esprit de la guerre… puis par le Suffrage Universel….serait la catastrophe du 21e siècle…
    Le Suffrage Universel Sacralisant la Démographie plutôt que la Démocratie (selon Tocquevelle) détruirait la Démocrartie-même qui soi-disant le fonderait….!?
    Nous y sommes!
    Il va falloir changer de système de gouvernement et de représentation (Etienne Chouard) sinon c’est la mort….de la guerre civile génbéralisée.

  2. Artza56 dit :

    Curieux quand même, l’Afrique est riche en gisements riches. Il y a aussi unréservoir important de milliardaires et de multimillionnaires qui ne pensent hélas qu’à eux au détriment d’une population de base de moins en moins motivée et de plus en plus attentive à la grande illusion occidentale. Si la situation économique de l’Afrique est de plus en plus mauvaise, le mal essentiel ne vient pas de nous. Alors, cherchez ailleurs.

  3. Abrux dit :

    En Europe la démographie a été à la base des guerres. Sous Napoléon la France était la plus peuplée, idem ensuite pour la Prusse/Allemagne.

    Le constat de B. Lugan est implacable. Ensuite il faudra voir dans ce mouvement, si l’europe reste constamment attactive ? Tout ce shéma est basé sur de l’endettement et des impots confiscatoires.

  4. Alain dit :

    Bien oui,…

    Est-ce que le développement économique de la Bretagne freine la migration de nos jeunes vers la France?
    Non, car depuis plusieurs générations nous inculquons à nos enfants qu’il n’y a rien en Bretagne et qu’ils doivent la quitter pour avoir un avenir…! C’est encore plus vrai chez nos diplômés…!

    D’ailleurs, combien de jeunes Bretons savent que Ubisoft est Breton, que 100% des Airbus volent avec un cockpit fabriqué en Breton, que la Bretagne comporte des entreprises leaders mondial dans des domaines comme l’optique ou les lasers?

    Car pendant que nos jeunes quittent la Bretagne, de jeunes français viennent y chercher du travail où y créer une entreprise…! (Et oui, les Bretons sont plus diplômés que les Français mais ce sont les Français qui créent nombre de nos entreprises…)

    Alors si les Bretons sont incapables d’imaginer la Bretagne comme une terre de développement économique malgré une certaine réalité, pourquoi les Africains réagiraient différemment?

    En Afrique aussi la majorité des jeunes ont appris que leur avenir était ailleurs…!

    Oui, le développement est une part majeur du problème… mais c’est surtout le manque d’estime de soit qui est le principal fléau…. Tant en Bretagne qu’en Afrique!

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